Xynthia : les premières recommandations de la mission sénatoriale

    Publié le 10 mai 2010 par P.P.
    La mission commune d'information du Sénat sur la tempête Xynthia a fait le point le 6 mai dernier sur les premières recommandations issues de ses travaux. Elle prône notamment un "besoin évident de clarification" pour ce qui est des zones noires, constatant une "très grande confusion dans l'expression publique sur cette question sensible".
    Depuis le 31 mars 2010 et sa constitution au Sénat, la mission commune d'information sur les conséquences de la tempête Xynthia a auditionné nombres membres du gouvernement, élus locaux, hauts fonctionnaires et experts. L'institution s'est également déplacée les 14 et avril derniers, sur les lieux mêmes de la catastrophe, en Charente Maritime et en Vendée, afin de constater les dégâts et rencontrer les victimes. Placée sous la présidence de Bruno Retailleau (NI - Vendée), la mission, dont le rapporteur est Alain Anziani (Soc - Gironde) a tenu le 6 mai dernier a faire part de ses premières recommandations.

    Besoin de clarification sur les zones noires

    Et elles sont sans appel concernant la principale donnée consécutive à la catastrophe : la définition des fameuses "zones noires", sur lesquelles toute construction est désormais bannie. Pour les sénateurs, doit être fait le "constat d'une très grande confusion dans l'expression publique sur cette question sensible, qui a engendré des réactions vigoureuses d'une partie des populations sinistrées". Bien qu'il soit hors de question de transiger sur la nécessaire déclaration en terrains inconstructibles ceux exposés à un risque naturel grave avéré, la mission souligne qu'"aujourd'hui encore, il y a un besoin évident de clarification".
    Au-delà de la seule polémique de terminologie - à l'expression "zones noires" jugée inappropriée, les sénateurs préfèrent celle de "zones d'acquisitions amiables" - la mission recommande notamment que les périmètres de ces zones puissent ne pas être "considérés comme définitivement figés", et donc libres de connaître certains "ajustements". Des ajustements, précise la mission, susceptibles d'intervenir lors de deux étapes : tout d'abord lors d'expertises complémentaires avant l'enquête publique, ensuite, au moment de la délimitation des périmètres définitifs, à l'occasion de la "procédure contradictoire de l'enquête publique sur la base d'enquêtes parcellaires afin d'établir le risque mortel effectif". Pour les sénateurs, il est nécessaire que soit mise en place une "procédure distincte et séparée pour chaque zone", seules les zones véritablement exposées à un risque mortel devant être déclarées "inhabitables" et donc faire l'objet, le cas échéant, d'expropriation. Ces zones ne devront d'ailleurs pas restées à l'abandon mais faire l'objet de reconversion.

    Préconisations législatives et pistes de réflexion

    Côté législatif, la mission préconise qu'à l'occasion de l'examen du projet de loi Grenelle II, soit modifié le dispositif issu de la loi Barnier pour permettre, notamment, une prise en compte du risque de submersion marine dans le champ de la procédure d'expropriation et ainsi une indemnisation optimale ; de même voudrait-elle voir relancer les plans de prévention des risques naturels, intégrant ce risque.
    La mission propose enfin plusieurs pistes de réflexion sur la prévision, la prévention et la protection, prônant une "approche globale dans la gestion du risque de submersion marine afin de mieux informer et préparer les populations" : parmi les pistes proposées, une cartographie des risques, la mise en place d'une nouvelle vigilance intégrant ce phénomène de vague, de plans communaux de sauvegarde ; côté prévention, un contrôle de légalité systématique concernant la délivrance des permis de construire dans les zones à risque ; enfin, en ce qui concerne la protection, la remise en état et le renforcement des digues, la mission précisant qu'elle examinerait le "plan digue" du gouvernement "avec attention".
    Le rapport définitif de la mission est attendu pour cet été.
    Pour suivre les travaux de la commission, voir sur le site du Sénat.
    Pour les dernières informations concernant les conséquences de la tempête, cliquez sur suivant : "Premières estimations et appel à la suspension des manifestations contre les zones noires".
    Xynthia : les premières recommandations de la mission sénatoriale

    Premières estimations et appel à la suspension des manifestations

    Ce même 6 mai, l'Etat a proposé jeudi ses premières estimations de prix pour les maisons situées dans les zones noires de Vendée après le passage de Xynthia, qu'il veut racheter pour démolition, ont précisé France Domaines et des propriétaires à l'AFP.
    "Aujourd'hui les premières estimations sont proposées, les personnes qui ont fait les visites du bien les apportent en mains propres aux propriétaires", a ainsi expliqué à l'agence de presse Thierry Mougin, responsable de France Domaine - organisme qui estime le prix du marché des maisons avant tempête pour l'Etat - pour la Vendée. Deux propriétaires ont par ailleurs exprimé leur satisfaction face sur le montant de l'offre faite par l'Etat, précise l'AFP : "C'est très très bien, notre maison a été estimée à sa juste valeur, on accepte bien sûr", a ainsi déclaré à l'AFP Annie Nicolaizeau qui, avec son mari, ont été les premiers à recevoir l'estimation des domaines en Vendée à domicile. "Nous allons contacter dès demain notre notaire pour les actes", a précisé Mme Nicolaizeau à l'issue du rendez-vous. Même satisfaction du côté de Michel Dedieu, dont la maison n'avait reçu que 35 cm d'eau : le rendez-vous s'est "très très bien passé, je vais toucher ce que j'escomptais rapidement, tout est comme le gouvernement s'était engagé à faire". Et d'ajouter : "Je vais rapidement voir mon notaire, je fais tout de suite tout le nécessaire pour vendre, j'ai tous les papiers en mains (...)"
    Selon l'AFP, cinq premières estimations devaient être annoncées en tout jeudi après-midi en Vendée et d'autres devaient aussi l'être simultanément en Charente-Maritime. "Je pense que nous avons terminé les demandes de visites de biens, nous en avons presque 900 à faire en tout, dont presque 200 déjà réalisées, et les rendez-vous sont pris jusqu'au 15 juin", a précisé Thierry Mougin.
    Appel à la suspension des manifestations contre les "zones noires"
    Les représentants des propriétaires opposés à la destruction de leurs maisons situées dans les zones noires de Vendée ont appelé vendredi à suspendre les manifestations après les annonces de la préfecture sur des études au cas par cas, a constaté l'AFP ce 7 mai. "On peut envisager désormais de suspendre les manifestations que l'on avait envisagées", a déclaré Jean-Claude Pénicaud, membre du Collectif des propriétaires résistants des Amourettes (COPRA) à La Faute-sur-mer, à l'issue de deux heures de réunion vendredi avec le président du conseil général de la Vendée Philippe de Villiers.
    (avec AFP)
    Premières estimations et appel à la suspension des manifestations
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