E+C- : Ceci n'est pas une maison traditionnelle

    Publié le 3 mai 2018 par Stéphanie Odéon
    Derrière son style très classique, cette maison est en réalité une bâtisse ultra performante à la pointe de l'innovation. Très économe en énergie, elle a également une empreinte carbone très faible et affiche un niveau E3C2. Découverte de la maison écologique de demain, disponible dès aujourd'hui.
    On le sait, la maison de demain devra être très économe en énergie, voire en produire, à l'image des maisons à énergie positive, de plus en plus courantes. Mais elle devra aussi avoir une très faible empreinte carbone, pour répondre aux exigences du nouveau référentiel E+C-. Concrètement, les maîtres d'oeuvre devront réfléchir à son impact écologique, de la construction, à partir de matériaux les plus écologiques possible et produits le plus près possible, à son démantèlement et au recyclage de ses composantes, en passant par la phase où elle sera habitée.
    En pratique, le concept est encore en phase de perfectionnement. Comme le prouve l'expérimentation Comepos, les constructeurs redoublent d'ingéniosité pour concevoir des habitations toujours plus économes. Certains ont la chance de voir leurs efforts récompensés.

    Une maison à l'empreinte carbone très limitée

    C'est le cas de ce constructeur de maisons individuelles de la région toulousaine, qui a obtenu la certification E3C2, délivrée par Céquami, pour une de ses réalisations qui doit être livrée fin juin 2018. Des performances élevées que le dirigeant des Bastides Lauragaises, William Antoine, nous explique.
    "Il n'y a pas de grande révolution", prévient d'emblée le constructeur. "Les grandes révolutions ont été de travailler avec des matériaux biosourcés, essentiellement avec de la laine de coton, sur la robinetterie avec des mousseurs performants et sur des panneaux photovoltaïques permettant d'avoir une énergie en autoconsommation", synthétise-t-il.
    Suivez le guide pour découvrir cette maison, ses matériaux écologiques et sa faible empreinte carbone.
    E+C- : Ceci n'est pas une maison traditionnelle

    Des matériaux écologiques pour une maison E3C2

    Des matériaux écologiques pour une maison E3C2 - Maison certifiée E3C2
    Des matériaux écologiques pour une maison E3C2 - Maison certifiée E3C2 © Bastides Lauragaises
    Pour ce qui est du bâti et de l'isolation, il explique être resté sur les bases de construction que proposent son entreprise. "Là où il a fallu faire plus d'effort, c'est sur le côté terrassement où nous avons dû calculer le nombre de rotation des engins de chantier pour valoriser les déplacements", poursuit-il. Car, plus il y a de déplacements de gros engins de chantier, plus l'empreinte carbone est importante.
    Pour réaliser cette maison de 175 m² habitable, comprenant autant de surfaces annexes avec le sous-sol, le constructeur détaille les produits qui ont été mis en œuvre. Les murs ont été réalisés avec des briques Porotherm Homebric de Wienerberger avec un système de collage en Dryfix. Il s'agit d'une "brique de 20 cm avec des alvéoles un peu plus resserrées sur la partie centrale, ce qui permet d'atteindre une résistance thermique de 1,30", précise William Antoine. Un produit que son entreprise utilise déjà depuis plusieurs années, rappelle-t-il.

    Une isolation fabriquée localement

    La maison comprend une isolation par l'intérieur. "Nous avons travaillé essentiellement avec Knauf". Plusieurs raisons à cela : la proximité de l'usine, qui permet de réduire les trajets donc l'impact carbone, et ses démarches environnementales. "Knauf n'utilise pas de liants chimiques pour la laine mais plutôt des liants végétaux comme de l'amidon de pomme de terre", donne-t-il en exemple. "C'est ce que nous avons utilisé comme isolation, avec un lambda 32 sur une épaisseur de 120 millimètres. Ce qui donne un R de 3,75 en termes de performances thermiques", détaille le constructeur.

    Photovoltaïque et pompe à chaleur

    Rien de particulier pour la façade qui sera recouverte d'un enduit classique de chez Weber. En revanche, sur la toiture orientée sud, des panneaux photovoltaïques en autoconsommation ont été installés. "On est à 16,70 m² de modules (2x8,35 m²) alors qu'habituellement, on pose 2 m²", explique William Antoine qui précisant d'être directement adressé à EDF Enr pour trouver une solution afin d'assurer 20 Kwh/M² par SRT. Ce dernier a alors proposé une solution de panneaux avec des onduleurs, permettant de s'approcher du E3.
    Quant au chauffage dans la maison, "le rez-de-chaussée est équipé d'un plancher chauffant avec une pompe à chaleur type RO et l'étage de corps de chauffe". La maison dispose d'une pompe à chaleur type duo qui produit de l'eau chaude, avec un ballon complémentaire de 10 litres, le tout provenant de chez Atlantic. "Ce sont donc des produits qui sont déjà dans le commerce. Nous voulions vraiment utiliser des produits que nous avons l'habitude de mettre en œuvre quotidiennement pour atteindre ces niveaux-là", insiste William Antoine. Il salue aussi l'aide apportée par les industriels pour y parvenir. Cette réalisation est aussi le fruit d'une année d'études en collaboration avec le cabinet d'études H2A de Frontignan, souligne-t-il également.
    Des matériaux écologiques pour une maison E3C2

    Maison certifiée E3C2 : un surcoût de 5%

    Maison certifiée E3C2 : un surcoût de 5% - Maison certifiée E3C2
    Maison certifiée E3C2 : un surcoût de 5% - Maison certifiée E3C2 © Bastides Lauragaises
    Le constructeur, qui cherche à atteindre de hautes performances et des labels pour ses réalisations, s'est montré force de proposition auprès de ses clients qui n'étaient pas au courant de cette expérimentation. "Nous leur avons expliqué que cela pouvait être intéressant pour eux de construire une maison à haute performance énergétique à l'aube d'une future réglementation. Cette idée les a séduits", raconte William Antoine. Cette nouvelle réglementation peut être un argument commercial, selon lui.
    S'il n'y a pas de "grandes révolutions", comme il aime le répéter, il explique tout de même qu'atteindre ce niveau de certification a engendré un surcoût de 5% du budget global, soit environ 13.000 € dans le cas présent.
    Mais il met tout de suite en avant les gains pour ses clients : "Les calculs ont permis de montrer qu'au bout de 7 ans, cette somme était absorbée grâce aux économies d'électricité réalisées. Le coût supplémentaire provient essentiellement des panneaux photovoltaïques et un peu aussi des robinets thermostatiques (environ 1.000 euros)".
    William Antoine admet aussi que ce surcoût peut être bien plus élevé pour les entreprises qui n'ont pas l'habitude de travailler avec ces matériaux. Il tient à souligner que les produits et matériaux que son entreprise utilise sont déjà bien au-dessus de ce que demande la norme aujourd'hui. "Nous partons donc de moins loin que d'autres constructeurs", reconnaît-il. "C'est pour cela aussi que l'impact sur le coût est moindre que si nous devions changer une grande partie de nos produits", ajoute-il.
    Maison certifiée E3C2 : un surcoût de 5%

    Un an d'études pour obtenir une maison à faible empreinte carbone

    Un an d'études pour obtenir une maison à faible empreinte carbone - Maison certifiée E3C2
    Un an d'études pour obtenir une maison à faible empreinte carbone - Maison certifiée E3C2 © Bastides Lauragaises
    Enfin, Antoine William nous confie qu'avant de démarrer le projet, un an de pré-étude a été nécessaire. Pourquoi une telle durée ? "Une de nos grandes interrogations a porté sur les logiciels à utiliser et les versions, entre ce qui existe aujourd'hui au niveau de Céquami et le thermicien. Il a donc fallu s'accorder et c'est ce qui a pris le plus de temps", répond le constructeur qui a eu le retour de Céquami le 16 mars 2018. Un temps aussi dû au niveau C2 qui a surpris. "La plupart des acteurs pensent que ce niveau est difficile à atteindre. Céquami s'est également posé des questions mais a reconnu que, oui, c'est possible", est fier de nous raconter William Antoine.
     
    Les solutions industrielles utilisées :
    Isolation : AcousticPlus 032 de Knauf, laine de verre à base de liant végétal, jusqu'à 80% de verre recyclé, sans acrylique, sans phénol et sans formaldéhyde.
    Murs : Brique Porotherm Hoebric de Wienerberger avec une pose Dryfix
    Toiture : tuiles terre cuite avec double emboitement et double recouvrement (environ 12 au m²), avec un cornet décalé à nez franc et un fond de courbe de type Galleane 12 de Monier.
    Volets roulants : Perfecto TC3 d'Eveno avec capteurs d'isolation pour améliorer l'étude thermique de la maison.
    Chauffage : pompe à chaleur Atlantic
    Menuiserie : fenêtres extérieures et porte d'entrée en aluminium K Line.
    Panneaux photovoltaïques : 15 m² PNX Photovoltaique d'EDF ENR
    Robinetterie : robinet avec cartouche C3 à économie d'eau et d'énergie de chez Jacob Delafon
    Platerie Sèche : Plaques prépeintes blanches d'usine pour toutes les pièces de chez Siniat. Plaques pour un air intérieur plus sain pour les chambres.
    Un an d'études pour obtenir une maison à faible empreinte carbone
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