EDF vs Voltalis : Les économies d'énergie doivent-elles être facturées ?

    Publié le 23 juillet 2009
    boitier voltalis
    boitier voltalis
    L'opérateur Voltalis, qui aide les foyers à réduire leur consommation électrique, devra dédommager EDF pour les économies réalisées. Les Verts et l'association Sortir du nucléaire expriment leur colère.
    Un "racket organisé", une "prime au gaspillage énergétique", en totale "incohérence avec les engagements du Grenelle de l'environnement". Ce week-end, l'association Sortir du nucléaire et les Verts n'ont pas eu de mots assez durs pour condamner l'avis de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), susceptible d'imposer selon eux "une taxation des économies d'électricité réalisées par les consommateurs".
    En effet, la société Voltalis, à l'aide d'un petit boitier placé en aval du compteur, aide à réduire la consommation des foyers et des entreprises en cas de tension sur le réseau électrique. Elle propose à ses clients français de déconnecter automatiquement du réseau des appareils thermiques très gourmands en électricité, tels que les radiateurs, ballons d'eau chaude et climatiseurs. Pour les consommateurs, ce système ingénieux peut se traduire par une baisse annuelle de la consommation de "5 à 10%". Voltalis, de son côté, monnaye ses compétences auprès de RTE, le gestionnaire du réseau électrique, qui a l'obligation d'assurer l'équilibre entre la production et la consommation électrique. C'est ce que l'on appelle "l'effacement diffus", plus écologique que la construction de centrales thermiques en cas de forte demande.
    La polémique naît de l'avis de la CRE : pour elle, Voltalis devrait rémunérer le fournisseur d'électricité dont il baisse la consommation. Une rémunération justifiée par le fait que, lorsque Voltalis baisse la consommation des foyers pendant les pics, la production totale d'électricité ne diminue pas pour autant. Comme elle est maintenue au même niveau pour assurer l'équilibre du système, il y a donc un manque à gagner pour le fournisseur d'énergie.

    "Une prime au gaspillage"

    "Cette décision constitue une prime au gaspillage énergétique et se révèle incohérente avec les engagements du Grenelle de l'environnement visant à diminuer la consommation énergétique et les émissions de gaz à effet de serre", ont fustigé les Verts. Ce faisant, ajoutent-ils, le gendarme de l'énergie a failli à sa mission en défendant les intérêts des fournisseurs d'électricité, en premier lieu ceux d'EDF, "au détriment des consommateurs et de l'environnement". Cette affaire ne fait qu'accroître les critiques contre le groupe (demande de hausse de 20% des tarifs, investissements à l'étranger...), dont les campagnes font pourtant la promotion des économies d'énergie et d'une production sans C02 grâce au nucléaire et à l'hydraulique.

    Une taxe de 70 à 80% ?

    Voltalis, qui souligne les bénéfices pour le consommateur, redoute donc l'instauration prochaine d'une "taxe de 70 à 80%" sur ses revenus, mettant en péril à la société, et en appelle au Président de la République. Quelques jours après la polémique sur les prix de l'électricité, le créateur de l'entreprise, Pierre Bivas, affirme en effet dans un entretien à Libération que le système, en réduisant le nombre de centrales nécessaires, "permettrait d'éviter la hausse des tarifs de 20% que réclame Pierre Gadonneix, le patron d'EDF".
    Selon les Echos du 22 avril, Jean-Louis Borloo, le ministre de l'Ecologie et de l'Energie, installera un groupe de travail sur la maîtrise de la consommation de pointe d'électricité, dont les conclusions seront attendues d'ici à la fin de l'année.
    Dernière minute : Voltalis prépare un recours devant le Conseil d'Etat
    Interrogé par l'AFP-TV ce jeudi, le PDG de Voltalis, Pierre Bivas a déclaré préparer un recours devant le Conseil d'Etat pour contester la délibération de la Commission de Régulation de l'Energie. "La CRE a pris une décision en invoquant la loi, explique-t-il, en réalité elle est allée contre la loi en retenant l'intérêt des fournisseurs, plutôt que le bénéfice des consommateurs. C'est une erreur, nous en demandons la rectification".
    L'Union Européenne entre en guerre contre les équipements énergivores
    Après les chargeurs et autres petits appareils, après les lampes, une série de textes adoptés mercredi 22 juillet par la Commission européenne est venue réglementer la commercialisation d'équipements électroménagers et industriels, soit les téléviseurs, réfrigérateurs, congélateurs, moteurs industriels et circulateurs des chaudières et systèmes de chauffage. L'objectif ? Faire disparaître peu à peu du paysage européen les appareils trop énergivores et économiser ainsi par ces dernières mesures près de 190 terawatts d'ici 2020, une économie correspondant à la consommation cumulée d'électricité de la Suède et de l'Autriche.
    Ainsi, réfrigérateurs et congélateurs dont les notes de consommation d'énergie sont inférieures à A+, devront disparaître progressivement du marché entre 2010 et 2014. Pour les téléviseurs, une politique similaire sera appliquée à partir de 2010.
    progressivement arrêtée, entre 2010 et 2014.
    Enfin, en ce qui concerne les circulateurs, la Commission entend privilégier les "intelligents" pouvant "adapter leur fonctionnement aux besoins des systèmes de chauffage".div>
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