michel mouillart © MD-Batiactu
Taux historiquement bas, prix stables, aides de l'Etat... Plusieurs indices laissent à penser que c'est maintenant où jamais le moment d'acheter. "Attention, la situation n'est pas si simple", prévient le professeur d'économie, Michel Mouillart. Explications.
"Actuellement, le marché a tout pour plaire", affirme Michel Mouillart, professeur d'économie à l'université Paris-X-Nanterre.
"Les dispositions prises par les pouvoirs publics ont réactivé le marché en crise, dès les deuxième et troisième trimestres 2009", reconnaît-il. Pourtant, ce mouvement de reprise s'est essoufflé à la fin de l'année passée et, depuis, l'activité peine à repartir, constate-t-il.
Aujourd'hui, la demande est là :
"Les mesures du plan de relance amorcées en 2009, comme le doublement du prêt à taux zéro (PTZ) ou le Pass foncier, fonctionnent à plein régime. Elles ont permis au marché de l'immobilier neuf de se maintenir en fin d'année, tandis que dans l'ancien, les prix subissaient une légère hausse mais restaient attractifs", souligne Michel Mouillart. Parallèlement, l'offre de crédit s'est dynamisée avec des taux historiquement bas à 3,5%.
Mais en ce début d'année, les ventes ne repartent pas :
"Face à la montée du chômage et à la stagnation du pouvoir d'achat, les primo-accédents sont de plus en plus inquiets au moment d'investir", précise le professeur d'économie. Quant au marché de la revente, il continue de reculer :
"Les vendeurs hésitent à laisser partir leur bien car ils vont ensuite se retrouver en proie à la difficulté actuelle des acquéreurs : trouver un bien sur un marché de l'offre insuffisant".
Faut-il pour autant attendre ? Pas vraiment, répond Michel Mouillart :
"D'un côté, certaines aides comme le doublement du PTZ et le Pass foncier doivent prendre fin début 2011. De l'autre, les taux sont appelés à remonter à la même période".
Surtout, le professeur d'économie se range du côté des chiffres du réseau Century 21, qui a annoncé la semaine passée, le retour à la hausse des prix pour le premier trimestre 2010, avec une moyenne de l'ordre de + 1,09%. Certes, cette augmentation reste légère. Mais elle devrait s'accentuer à l'avenir :
"Devant la pression de la demande, le marché va repartir à coups de surenchères en 2011", affirme le professeur.
Au final, il n'y a pas de bonne période pour acheter à court et moyen terme, constate Michel Mouillart :
"D'ici à six mois, l'offre devrait être plus abondante pour les acquéreurs qui ne trouvent pas le bien approprié à leurs besoins ou à leurs envies. Toutefois, s'ils trouvent un logement qui leur correspond dès maintenant, mieux vaut ne pas attendre car les conditions d'achat devraient se durcir, dès l'automne 2010".
Michel Mouillart, spécialiste de l'immobilier, collabore notamment à l'Observatoire Logement Crédit / CSA.
Davantage de jeunes propriétaires en 2009 :
Malgré la crise, la part de propriétaires de moins de 30 ans a progressé en 2009, a annoncé le président de l'Institut notarial de l'immobilier, maître Pierre Bazaille, à l'AFP. L'an passé, ces jeunes représentaient près d'un acquéreur sur cinq. Ils étaient alors 19,8% (20,7% d'appartements et 17,3% de maisons), contre 19,1% en 2008 et 16,1% en 2000. Souvent dotés de revenus plus faibles que leurs aînés, ils ont acheté dans les départements plus abordables du Nord et du Centre ou dans les zones où le marché du travail est particulièrement dynamique comme le sud-est de la France. De son côté, l'investissement des seniors et des étrangers, qui fournissent habituellement une part importante du contingent des acheteurs, est restée stable, respectivement à 20% et 4%. Leurs lieux de prédilection ? Le littoral méditerranéen pour les premiers, Paris pour les autres, notamment pour les Italiens. Ces derniers représentent pas moins d'un acquéreur sur deux dans le premier arrondissement de la capitale.