De l'art à la maison, de la maison à l'art

    Publié le 16 juillet 2009 par Pauline Polgar
    Une vingtaine d'artistes contemporains s'exposent dans un manoir d'Indre-et-Loire, invités par la propriétaire des lieux à "habiller un morceau d'habitat". Avec "A house is not a home", découvrez une exposition singulière qui suscite la réflexion. Figure de la vie, autoportrait, repère, musée... La maison dévoile ses facettes intimes.
    Nazelle, village d'Indre-et-Loire. Là, non loin du château d'Amboise, célèbre puisque Léonard de Vinci y rendit son dernier souffle, se dresse le manoir de La Calmeleterie, "une folie du XIXe siècle en style troubadour, revue par Gustave Eiffel, qui a laissé là sa signature de fer", d'après la description qu'en fait l'écrivain Marc Lambron. L'artiste régional Albert Thomas l'a fait érigé en surplomb de Loire pour en faire son atelier. Ingrid Brochard, fondatrice du magazine "Be contemporary", y a d'abord posé ses valises, avant de l'abandonner peu à peu. Cette maison, explique-t-elle, "je l'ai achetée il y a dix ans, je l'ai restaurée, je l'ai habitée... puis j'ai déménagé. J'en ai alors retiré tous mes effets personnels. A part les meubles, la maison était vide et j'y allais de moins en moins. J'ai voulu la faire revivre à travers ma passion de l'art contemporain."

    "Habiller un morceau d'habitat"

    Tout part donc d'une invitation... Et ce lieu d'artiste revient à sa vocation première, pour mieux la sublimer ! Vingt artistes actuels prennent ainsi possession de la demeure. Entrée, cuisine, chambre, salon, toilettes... Toutes les pièces sont investies une à une. Avec à la clé, des réflexions suscitées. Que nous révèle l'œuvre sur la maison, sur l'artiste, voire sur notre relation avec notre propre habitat ? Qu'est-ce qu'une maison ?
    Chaque artiste déploie ainsi une des facettes intimes de l'habitat. "Autoportrait", la maison se fait "condensé d'existence humaine, appelant des voyages immobiles dans l'espace et le temps", explique Marc Lambron dans la présentation de l'exposition. "Sans doute cela que Sophie Calle a voulu marquer en présentant ici un épisode de sa propre vie" ; "toit, coquille, une protection", la maison repère de la vie, cette vision semble illustrée notamment par l'œuvre de Wang Du, qui évoque les sans domicile fixe, ou encore par les oriflammes de Yan Pei-Ming. Heather Rowe, comme Daniel Buren, nous offre eux à voir la maison comme une ouverture sur le monde extérieur, une lumière également, à travers leurs cadres, miroirs et prismes colorés. Lieu de repos, de vie, d'enfance... Tour à tour, de pièce en pièce, la maison se révèle ainsi au visiteur.

    "A house is not a home"

    "A house is not a home", c'est le titre d'une chanson de Burt Bacharat et Hal David : "les paroles de cette chanson m'ont littéralement touchée", raconte Ingrid Brochard. "J'ai ressenti exactement ce que j'étais en train de vivre, c'est-à-dire que ma maison en Touraine avait été un foyer, mais n'était plus désormais qu'une maison. Il n'y avait plus son intimité, son côté chaleureux (...) je me suis dit que ça deviendrait le titre de mon exposition." Comme le souligne Marc Lambron, Ingrid Brochard aurait pu transformer ce titre par cette maxime "My house is your home", "ma demeure est la vôtre". Cette exposition, ajoute-t-il, "un kit, un kaléidoscope, une collision de hasard ? Oui, mais aussi une façon de répondre à cette question universelle : qu'est-ce qu'une maison ?" A chaque visiteur de se faire son idée...
    Pour un aperçu de l'exposition en images, cliquez sur suivant.

    A house is not a home

    Du 2 juillet au 2 septembre
    La Calmeleterie
    32 ter rue de Pocé
    37530 Nazelles Négron
    Du mercredi au dimanche de 14h à 20h
    Entrée libre
    Commissaire d'exposition : Ingrid Brochard
    De l'art à la maison, de la maison à l'art

    Dans l'entrée

    'house is not a home' Pierre ardouvin
    'house is not a home' Pierre ardouvin © Pierre Ardouvin - DR
    Pierre Ardouvin Encore et toujours 2009 Courtesy artiste
    "Pour l'exposition 'house is not a home', Pierre Ardouvin s'est servi d'une cage géante à l'entrée de la maison pour y installer une pièce intitulée 'Encore et toujours'. Au centre de cet espace, sur un sol de miroir fissuré, il a enfermé un cheval de bois. Ce jouet solitaire semble figé au centre d'un manège désaccordé. Le kitsch et le rutilant se croisent dans cette installation qui nous laisse autant remonter le cours de notre enfance, qu'elle n'emprisonne nos vieux rêves."
    Dans l'entrée

    Lumière - De l'art à la maison, de la maison à l'art

    Daniel Buren Transparence tourangelle I
    Daniel Buren Transparence tourangelle I © A house is not a home - D.B - ADAGP
    Daniel Buren "Transparence tourangelle I" Travail in situ 2009 Photo-souvenir
    Une grande fenêtre qui joue avec la lumière... "Il revoit subtilement l'atmosphère des lieux avec une installation faite à partir de filtres colorés. Des champs colorés viennent mettre en valeur l'espace tout entier de la maison."
    Lumière - De l'art à la maison, de la maison à l'art

    Dans la salle de bain

    Daniel Buren Transparence tourangelle II
    Daniel Buren Transparence tourangelle II © A house is not a home - D.B - ADAGP
    Daniel Buren "Transparence tourangelle II", Travail in situ 2009 Photo-souvenir
    Dans la salle de bain

    Dans l'escalier

    A house is not a home Sophie Calle
    A house is not a home Sophie Calle © Jean-Baptiste Mondino © SABAM Belgium 2009
    Sophie Calle "Le Nez" 2000 Photo Jean-Baptiste Mondino © SABAM Belgium 2009 Courtesy Galerie Emmanuel Perrotin, Paris / Miami ; Arndt & Partner, Berlin / Zurich, Koyanagi, Tokyo ; Gallery Paula Cooper, NY
    Celle dont chaque épisode de la vie est fictionnalisé
    Dans l'escalier

    Dans les toilettes

    'Sans titre (NASDAQ) closky
    'Sans titre (NASDAQ) closky © Claude Closky - A house is not a home
    Claude Closky 'Sans titre (NASDAQ)' 2003 papier peint
    Le ludique s'invite aux toilettes avec ce papier-peint, un appel à la méditation (!)
    Dans les toilettes

    Un néon sur la mezzanine

    Martin Creed
    Martin Creed © A house is not a home
    Martin Creed Work N0. 560, 2009
    Martin Creed "installe son néon 'EVERYTHING IS GOING TO BE ALRIGHT' (2007) au-dessus de nos têtes, sur la rembarde de la mezzanine. 'Tout va bien aller' résonne comme une obligation, à moins qu'il ne s'agisse d'une méthode thérapeutique, une méthode Coué artistique."
    Un néon sur la mezzanine

    Sur la table de chevet...

    Bougeoirs Pierrot François Curlet
    Bougeoirs Pierrot François Curlet © A house is not a home
    François Curlet Bougeoirs Pierrot 2009
    Pour cette exposition l'artiste a réalisé huit bougeoirs à partir de comprimés Viagra, "hommage aux usines Viagra du Canton d'Amboise". Et comme dans la chanson Au clair de la Lune, l'Ami Pierrot a prévu une bougie... Et de la musique ! Le projet est accompagné de la chanson Le massage du doigt, extrait de Peau d'âne, le film de Jacques Demy.
    Sur la table de chevet...

    Lit - De l'art à la maison, de la maison à l'art

    lit Pae White
    lit Pae White © A house is not a home
    Pae White couvre lit Sundowner 2009 coton et polyester courtesy artiste
    "En déposant un duvet de fumée sur un lit, Pae White pointe le lieu de la nuit et du sommeil, la chambre close qui s'accroît des images du songe, et d'où parfois une âme s'envole, car on meurt souvent dans son lit." Marc Lambron
    Lit - De l'art à la maison, de la maison à l'art

    Sur la table du salon

    Kendell Geers
    Kendell Geers © A house is not a home
    Kendell Geers Beggars Banquet Labyrinthe de sel sur une table de Maria Pergay Courtesy artiste
    Le rappel d'une chanson des Rolling Stones "Salt of the Earth", Mick Jagger est un voisin des environs d'Amboise... L'artiste a également déposé un journal de bord en écrits et en images sur le bar tandis qu'une troisième oeuvre prend place dans "la chambre nuptiale".
    Sur la table du salon

    A nos pieds

    Wang Du tapis
    Wang Du tapis © A house is not a home
    Wang Du Vivre de liberté 2009 courtesy wangdu studio
    Un tapis de 3x5 mètres sur lequel il est permis de marcher, installé sur la mezzanine. "L'oeuvre que l'on peut piétiner à merci, fait directement allusion à la crise du logement résidentiel qui sévit depuis peu aux États-Unis. A ce problème social qui va en s'empirant, Wang Du superpose une autre image : celle des SDF qui campent leurs tentes en plein centre-ville. A tous les niveaux, il est question de survie et de toit."
    A nos pieds
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