g Au château de Cheverny, sur les traces de Tintin...
 

    Au château de Cheverny, sur les traces de Tintin...

    Publié le 14 novembre 2011 par Rouba Naaman-Beauvais
    Les tintinophiles savent que Moulinsart est inspiré d'un vrai château français. Mais peu imaginent qu'à Cheverny, on vit au rythme de Tintin ! Le marquis de Vibraye, actuel propriétaire des lieux, nous guide sur la terre de ses aïeux, dont l'histoire rappelle étonnamment celle des héros d'Hergé. Prêts pour l'aventure ?
    En arrivant au château de Cheverny, on s'attend à voir apparaître, au détour d'un mur, un jeune reporter vêtu d'un pull bleu, suivi de son petit chien blanc. La bâtisse, vieille de près de quatre siècles, ressemble à s'y méprendre au château de Moulinsart, siège de plusieurs aventures du célèbre héros de bande dessinée Tintin. Et pour cause : le dessinateur Hergé s'est largement inspiré des traits du château ligérien pour dessiner le fief du Capitaine Haddock...
    Construite en 1624, la demeure seigneuriale de Cheverny serait peut-être restée dans l'ombre des grands châteaux de la Loire, si ses lignes n'étaient pas devenues célèbre par le biais des albums de Tintin, dès 1943. Les deux châteaux se ressemblent trait pour trait, à cela près que l'original possède deux ailes que le dessinateur belge n'a pas jugé bon de reproduire. Peut-être pour que l'esquisse corresponde au format de la feuille à dessin !
    "Hergé n'a jamais expliqué dans le détail l'origine de son inspiration, explique le marquis Charles-Antoine de Vibraye, actuel propriétaire du château, à Maison à part. Le Graal se trouve dans les archives de la Fondation Hergé : des dépliants présentant les châteaux de la Loire, et notamment Cheverny".

    Un château aux "lignes claires"

    Car le papa de Tintin se documentait beaucoup. "En cherchant des modèles de châteaux, il s'est probablement penché sur les demeures bordant la Loire, sur lesquelles on trouvait déjà beaucoup de livres et brochures" explique Charles-Antoine de Vibraye. Vient ensuite le côté artistique d'Hergé. "Il a dû trouver Chambord trop grand, d'autres châteaux trop biscornus..." imagine le marquis.
    Cheverny, lui, est plus proche de l'esthétique sobre et dépouillé qui caractérise le trait de crayon d'Hergé, défini par le terme de "ligne claire". "Comme le visage de Tintin, Moulinsart peut être dessiné en quatre coups de crayons" assure Charles-Antoine de Vibraye. Le petit reporter et son ami marin ont trouvé leur pied-à-terre (dans l'album Le trésor de Rackham le Rouge) !
    Dès lors, Moulinsart devient un lieu central dans les aventures de Tintin. Les similitudes entre les deux châteaux se multiplient, d'album en album. Dans le jardin à la française de Cheverny, on croirait voir pousser la Bianca, cette rose blanche que le professeur Tournesol a créée et fait pousser dans la roseraie de Moulinsart, et à laquelle il donne le prénom de la virulente cantatrice - dont il est, semble-t-il, secrètement épris (Les bijoux de la Castafiore)...
    La suite de nos aventures en pages suivantes !
    Au château de Cheverny, sur les traces de Tintin...

    Un intérieur copié sur Cheverny... en partie

    Un intérieur copié sur Cheverny... en partie - Moulinsart Cheverny
    Un intérieur copié sur Cheverny... en partie - Moulinsart Cheverny © Editions Valoire
    L'intérieur aussi s'inspire très ouvertement des dépliants sur Cheverny. "Le grand escalier de marbre de Moulinsart reprend trait pour trait celui du château, la colonne vertébrale de la construction" explique Charles-Antoine de Vibraye.
    "Moulinsart est d'ailleurs aujourd'hui un plus fidèle Cheverny que l'actuel château, ajoute le marquis. Mon grand-oncle a fait modifier l'escalier extérieur du château, qui ne ressemble donc plus au dessin d'Hergé, inspiré des photos de l'escalier original". En revanche, point de marche cassée sur laquelle l'actuel maître des lieux pourrait glisser et se briser la cheville, comme le fit le Capitaine Haddock (Les bijoux de la Castafiore) !
    D'autres pièces représentées dans les albums de Tintin ont été, quant à elles, entièrement inventées par Hergé. La crypte, dans laquelle le héros est retenu prisonnier par les frères Loiseau, alors propriétaires de Moulinsart, dans l'album Le Secret de la Licorne, n'existe pas. Elle a pourtant été recréée pour l'exposition permanente "Les secrets de Moulinsart", qui se tient depuis 2001 dans les communs de Cheverny.

    Une exposition pour recréer les pièces imaginaires

    Imaginée conjointement par le château de Cheverny et la Fondation Hergé, l'exposition propose aux visiteurs de se plonger dans l'univers de Moulinsart, "en trois dimensions" précise Charles-Antoine de Vibraye. On y découvre le laboratoire du professeur Tournesol et sa machine à ultrasons (L'affaire Tournesol), la salle où ce dernier présente son irritante invention, le Supercolor Tryphonar (Les bijoux de la Castafiore), le grand salon envahi par les tentes des bédouins (Coke en stock), ou encore la galerie dans laquelle le petit Abdallah piège allègrement le Capitaine Haddock.
    Une pièce touchera particulièrement les fanatiques d'Hergé : la chambre de Tintin, qu'il occupe après avoir quitté son petit appartement du 26, rue du Labrador (dans une ville qu'Hergé ne citera jamais). La pièce possède même une garde-robe, contenant des reproductions des tenues portées par le jeune reporter au fil de ses aventures...
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    Un intérieur copié sur Cheverny... en partie

    Portraits croisés - Au château de Cheverny, sur les traces de Tintin...

    Portraits croisés - Moulinsart Cheverny
    Portraits croisés - Moulinsart Cheverny © Vincent Nicko - Editions Valoire
    Cheverny n'a, semble-t-il, rien à envier à sa version dessinée. "Le château a toujours été très vivant et habité, insiste Charles-Antoine de Vibraye. Moulinsart, quand il n'est pas au départ ou à l'arrivée d'une aventure de Tintin, est le lieu de l'aventure lui-même. Les deux châteaux sont en perpétuel mouvement, chacun à sa façon".
    La galerie de portraits croisés, installée dans le cadre de l'exposition permanente, est un argument supplémentaire pour comparer les deux châteaux. "Nous avons mis en parallèle les personnages secondaires des histoires de Tintin, et les vrais acteurs de la vie de Cheverny" explique le marquis.
    Le marbrier Boullu, le boucher Sanzot, le docteur Daumière et le gendarme de Moulinsart trouvent ainsi leurs alter ego dans le village de Cheverny. "Le journaliste de Paris-Flash qui harcèle la Castafiore et Haddock est devenu, chez nous, un journaliste de la Nouvelle République" s'amuse Charles-Antoine de Vibraye.

    Quand l'histoire rejoint la bande dessinée

    L'histoire de la famille du marquis s'apparente d'ailleurs à celle du Capitaine Haddock. En 1825, son aïeul Anne-Denis Hurault achète le château de Cheverny, ayant appartenu à ses ancêtres, notamment Philippe Hurault, chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit et chancelier des rois Henri III et Henri IV. De même que le vieux loup de mer rachète Moulinsart, ancien fief du Chevalier de Hadoque, qui avait été légué à son aïeul par Louis XIV lui-même...
    "Tenir cette exposition permanente, c'est à la fois beaucoup de travail, et énormément de bonheur !" conclue Charles-Antoine de Vibraye. A Cheverny, la passion pour le monde d'Hergé se transmet de génération en génération - et a contaminé la rédaction de Maison à part !
    www.chateau-cheverny.com
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