La couleur : "un pouvoir insoupçonné"

    Publié le 26 février 2009 par Propos recueillis par Céline Chahi
    Architectes Compère Compagnie
    Architectes Compère Compagnie © Architectes Compère Compagnie
    Architectes et décorateurs sont unanimes : la couleur peut changer la perception d'un volume et modifier l'ambiance d'une pièce. Conseils avec Catherine Compère, une architecte qui n'hésite pas à introduire la couleur... à l'intérieur comme à l'extérieur !
    Maison à part : Dans votre métier, quel rapport entretenez-vous avec la couleur ?
    Catherine Compère : J'ai toujours aimé les couleurs, aimé peindre et dessiner. D'ailleurs, avant d'exercer le métier d'architecte DPLG, j'ai animé pendant plusieurs années des ateliers d'initiation à la peinture. Cette expérience a développé en moi une sensibilité plus grande à la couleur qui se retrouve aujourd'hui dans mes différentes réalisations.
    MAP : Tous vos projets passent-ils systématiquement par une réflexion sur la couleur ?
    C.C : Oui, je dirais même que, à un certain stade du projet, la couleur devient l'une des composantes essentielles de mon travail. Mon intervention dépend de la commande : un logement collectif, une crèche ou une école n'ont pas les mêmes demandes en termes d'usage. Certaines couleurs ont une fonction de signal, d'autres doivent au contraire se mettre en retrait pour valoriser un paysage. Si le client vient me voir avec une demande spécifique, je commence par l'écouter pour comprendre ce qu'il souhaite, je travaille avec lui pour l'aider à formuler plus précisément ses besoins et, lorsque la confiance s'est établie entre nous alors commence la mise en couleurs. La réussite du projet passe par une qualité d'échange entre les différents intervenants. Elle dépend aussi du temps dont on dispose et des moyens financiers du client.
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     MAP : En tant qu'architecte, quels sont les différents moyens dont vous disposez pour mettre de la couleur dans un logement ?
    C.C : L'introduction de la couleur se fait, qu'il s'agisse du sol, des murs ou des plafonds, par le biais des matériaux : la brique par exemple ou les bois des parquets qui ont tous leur couleur propre. Nous disposons aussi de multiples revêtements pour recouvrir le placoplatre, le parpaing ou le béton, à l'intérieur comme à l'extérieur. Sans oublier tous les éléments de sanitaires, de cuisine et le mobilier Même les poignées de porte peuvent servir à introduire de la couleur dans un intérieur !
    MAP : D'un point de vue légal, a-t-on le droit de peindre sa façade en couleur comme on le souhaite ?
    C.C : Pas partout, en fait cela dépend du lieu d'implantation du logement. S'il se trouve dans une zone protégée ou à proximité d'un monument historique, le choix de la couleur sera soumis à l'avis d'un architecte des Bâtiments de France. Si ce n'est pas le cas, le propriétaire est libre de faire ce qu'il veut. Dans de nombreuses villes, des mesures incitatives poussent les particuliers à rénover leurs façades et les encourage à oser la couleur.
    MAP : Quel est le pouvoir de la couleur dans un intérieur ?
    C.C : La couleur possède un pouvoir insoupçonné : elle modifie la perception que l'on a d'un espace. Elle permet de faire avancer ou reculer un mur, de modifier l'ambiance d'une pièce, d'attirer l'attention sur un espace particulier ou au contraire de le faire disparaitre.
    MAP : Nombreux sont les particuliers à introduire la couleur par le biais de la peinture. Quels conseils leur donneriez-vous pour les aider à choisir la bonne teinte ?
    C.C : Le choix de la teinte d'une peinture ne peut se faire qu'en fonction du lieu, de l'intention du propriétaire et, bien sûr, de ses goûts personnels. Il faut aussi considérer l'usage de la pièce, sa volumétrie et son éclairage. Dans un bureau par exemple, la teinte ne sera pas la même s'il est occupé le soir ou la journée. Dans une maison Certains éléments peuvent également donner des pistes : un objet que l'on souhaite mettre en valeur et qui peut être la base de départ pour le choix de l'harmonie ça peut être un rideau, un canapé un miroir un tableau que l'on aime bien.
    MAP : Quelle est la meilleure méthode pour être sûr que la teinte choisie corresponde à celle imaginée ?
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    C.C : Il est préférable de prendre son temps pour laisser mûrir les choses. Il sera donc prudent de se procurer une petite quantité de peinture et de réaliser des essais sur une portion de mur avant de se lancer dans la réalisation totale du projet. Afin d'obtenir une harmonie générale, il faut tenir compte des pièces environnantes et de la progression colorée depuis l'entrée, ce qui n'exclu pas d'ailleurs de travailler les contrastes.
    Pour avoir un bon rendu, il est indispensable d'utiliser des peintures de qualité. Les essais devront par ailleurs être réalisés près d'une source de lumière naturelle et sur la plinthe si on souhaite rester en harmonie avec le sol existant. On ne peut juger une couleur que lorsqu'elle est sèche et après avoir passé deux couches quelquefois trois. Enfin, je dirais qu'une couleur n'existe jamais seule. Elle n'est pas isolée des autres, elle joue et se reflète dans son environnement proche. le rouge d'un coquelicot au milieu d'un champ de blé n'a pas grand chose à voir avec le rouge de la pétale que vous retrouvez dans le nuancier et pourtant c'est le même rouge ! Comment re-créer l'ambiance de ce champ de blé dont on garde le souvenir, sa chaleur , la vivacité du rouge le mouvement ondulant de la brise...C'est toute la difficulté de mon travail et bien sûr ce qui en fait son intérêt.
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