Les logements sociaux poursuivent leur (r)évolution

    Publié le 21 mars 2012 par Pauline Polgar
    La deuxième édition de l'exposition "Vers de nouveaux logements sociaux", à la Cité de l'Architecture à Paris, témoigne des réponses architecturales remarquables à ces problématiques sociales, économiques et urbaines que pose ce type d'habitat. A ne pas manquer.
    Les logements sociaux, ou la question du mieux-vivre ensemble ; les logements sociaux, ou la question d'un coût de construction réduit malgré des normes, environnementales ou autres, toujours plus importantes ; les logements sociaux, ou la question de l'urbanisme, de la place dans la ville ; et l'on en passe... parler de logements sociaux, c'est englober nombre de problématiques sociales, économiques et urbaines que revêt ce type d'habitat. Et qui, mieux que l'architecte, peut et doit apporter la réponse à cet ensemble ? Qui, pour permettre que collaborent l'ensemble des acteurs impliqués - villes, urbanistes, bailleurs, habitants, etc. - et réfléchir à des logements adaptés, voire à poser les fondements de modèles d'habitat contemporain ?
    L'on entrevoit ici l'essence même de ce métier, sa mission essentielle. C'est pourquoi, parmi les modèles version 2012 présentés dans le cadre de cette exposition "Vers de nouveaux logements sociaux 2", certains interpellent plus que d'autres, dérangent voire provoquent carrément le rejet. Que dire, par exemple, des logements proposés par Édouard François à Champigny-sur-Marne (94) ? Baptisés par l'exposition "Télescopage", ils se
    <i>Télescopage</i> ; Architectes : Édouard François avec Karin Sallière Trayssac (responsable chantier) ; Localisation : avenue du 8 mai 1945 et rue du 11 novembre, quartier des Mordacs, à Champigny-sur-Marne (94) ; Maîtrise d'ouvrage : Paris Habitat - OPH ; Calendrier : 2007-2012 ; Programme : 114 logements + 4 commerces ; surface : 8.300 m2 SHON (surface utile/circulations). 
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    logements sociaux Edouard François © Edouard François
    Télescopage ; Architectes : Édouard François avec Karin Sallière Trayssac (responsable chantier) ; Localisation : avenue du 8 mai 1945 et rue du 11 novembre, quartier des Mordacs, à Champigny-sur-Marne (94) ; Maîtrise d'ouvrage : Paris Habitat - OPH ; Calendrier : 2007-2012 ; Programme : 114 logements + 4 commerces ; surface : 8.300 m2 SHON (surface utile/circulations).
     présentent comme un "sandwich" de différents modèles, un empilement provocant de maisons de villes, de barres et de maisons individuelles de type pavillonnaire, dont certaines sont posées sur le toit à moitié dans le vide. Que dire également de cette barre rectangulaire, brute de chez brute, proposée par Gilles Perraudin et son équipe à Cornebarrieu (31) ?

    L'émotion et la question

    L'exposition nous fera découvrir pourtant que la première peut être vue comme un édifice qui réconcilie les modèles entre eux, "leur accordant la même valeur" et ramène en centre-ville ce qui était rejeté vers l'extérieur ; de même, la seconde nous prouve que la pierre comme matériau brut, apporte un système constructif à coût réduit et aux qualités environnementales indéniables, plus que pertinent aujourd'hui.
    N'est-ce pas, là aussi, le rôle de l'architecture que de susciter l'émotion et la question ? Faire le tour de cette exposition et de cette sélection - qui ne revendique pas, bien sûr, l'exhaustivité - c'est revenir ainsi aux fondamentaux de la discipline. Parce que le sujet des logements sociaux est un modèle parfait pour les aborder : il ne laisse jamais indifférent : il questionne, valorise, travaille la société. Et, en pleine crise du logement en France, l'exercice, mis sous pression, cristallise d'autant plus nombre d'espérances et ce, en neuf comme en rénovation.
    Les logements sociaux, laboratoire vivant de l'architecture : découvrir la suite de l'article en pages suivantes.
    Les logements sociaux poursuivent leur (r)évolution

    Les logements sociaux, un laboratoire vivant de l'architecture

    Logements sociaux Comte & Vollenweider
    Logements sociaux Comte & Vollenweider © ph. Sergio Graziar - Comte & Vollenweider
    Chaque modèle, sélectionné avec soin par Francis Rambert et Jean-François Pousse - respectivement directeur de l'Institut Français d'architecture ; et journaliste et critique de l'architecture - commissaires de l'exposition, apporte ainsi une pierre à cet édifice et permet de dégager certaines nouvelles tendances de l'architecture du XXIe siècle. La ligne de fond ? "Créer ou recréer de l'urbanité, recoudre les tissus blessés en s'insérant, respecter l'existant tout en lui apportant des ferments de renouveau (...)" pour Jean-François Pousse. L'on parlera aussi de "retrouvailles" entre l'intérieur et l'extérieur, symbolisées par de nombreuses ouvertures et décrochages de façades qui viennent démentir la tendance à "tu veux du BBC (bâtiment basse consommation), j'te fais forcément un rectangle sans fenêtre". Les commissaires de l'exposition remarquent également la diversité des systèmes constructifs ou, encore, le retour de la couleur et de l'ornement, en façade. Désormais, le logement social se montre, symbole, en cœur de ville.

    L'usage en question

    Reste la question de l'usage. Comment vit-on dans ces logements ? Plutôt bien, voire très bien chez certains, raconte Jean-François Pousse qui a visité chacun d'entre eux - pour ceux qui étaient finis - et est allé à la rencontre de leurs habitants. Cette exposition n'oublie pas enfin de faire un retour sur les seize projets de l'édition première et complètent son travail de fond avec un focus sur certaines typologies comme, par exemple les résidences étudiantes, et une ouverture sur les modèles européens.
    Seul bémol, les prix au m2 ne sont pas mentionnés. L'argent a beau être le nerf de la guerre, l'on nous explique qu'il est impossible de fournir cette information face à la complexité inhérente de chaque projet et la multiplicité des acteurs impliqués. Et donc, l'absence d'échelle pertinente - que doit-on réellement compter dans le prix ? - qui aurait pu ouvrir à la comparaison sur ce point chaque projet présenté.
    Découvrez toutes les informations pratiques de cette exposition en page suivante.
    P.Polgar
    Les logements sociaux, un laboratoire vivant de l'architecture

    Vers de nouveaux logements sociaux 2, informations pratiques

    logements sociaux Hamonic + Masson
    logements sociaux Hamonic + Masson © Hamonic + Masson
    L'exposition, scénographiée par Block architectes, présente en premier lieu seize projets en cours et réalisations selon quatre points de vue : "fabriquer de l'urbain ; diversifier les typologies ; développer les surfaces extérieures ; réviser les archétypes". Puis revient sur les 16 cas particuliers présentés lors de la première édition, avant de s'intéresser à d'autres démarches en France, au cas des résidences étudiantes, puis à la production européenne remarquable actuelle. Sans oublier avec "Une histoire sans fin", de revenir sur l'histoire des logements sociaux, à travers les archives de l'Institut français d'architecture.

    Vers de nouveaux logements sociaux 2

    Exposition à la Cité de l'Architecture et du Patrimoine à partir du 14 mars.
    1 place du Trocadéro, Paris 16.
    Commissariat : Francis Rambert et Jean-François Pousse
    Scénographie : Block architectes (Denis Brillet, Benoît Fillon et Pascal Riffaud)
    L'exposition a bénéficié du soutien de Chappée, de l'association Qualitel et de Immobilière 3F.
    Catalogue : Vers de nouveaux logements sociaux 2, co-édition Silvana éditoriale/Cité de l'Architecture et du patrimoine/Institut Français d'architecture, mars 2012.
    Vers de nouveaux logements sociaux 2, informations pratiques
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