LiFi : quand l'accès Internet passe par la lumière

    Publié le 22 septembre 2016 par G.N.
    Le WiFi sera-t-il bientôt remplacé par le LiFi ? Cette technologie permet de transmettre des informations à haut débit grâce à la lumière. Les luminaires communicants, jusque là encore en test, seront bientôt produits en série et commercialisés. Comment ça marche ? Explications.
    Utiliser la lumière pour faire passer des informations, c'est déjà possible. Comme le WiFi utilise les ondes électromagnétiques, le LiFi transporte les mêmes informations par le biais d'ondes électromagnétiques différentes - celles visibles par l'oeil humain.
    En un an, la technologie "Light Fidelity" a fait d'énormes progrès. Le prototype de boîtier qui permettait de surfer sur Internet en communicant via des signaux lumineux avec un plafonnier LED spécifique a laissé place à une élégante clef USB, dont la taille a été divisée par cinq. Le plafonnier a, lui aussi, fortement évolué et se trouve maintenant totalement intégré, et facilement encastrable dans un faux plafond.

    Une technologie bien loin de la science-fiction

    Quant au débit de la connexion Internet, il est multiplié par quatre ! Frédéric Granotier, le président fondateur de la société Lucibel, raconte : "Ce n'est plus de la science-fiction, c'est une technologie réelle, où la lumière rend possible l'accès à Internet. Cette lumière numérique transmet des informations comme du 'morse optique' à une fréquence de plusieurs millions de scintillements par seconde".
    Le LiFi diffère donc de la technologie Visible Light Communication (VLC), qui est une liaison unidirectionnelle (uniquement descendante) et bas débit.
    Quatre fois plus de débit dans cinq fois plus petit
    C'est au contraire une liaison bidirectionnelle, qui utilise la lumière visible pour le flux descendant, et les infrarouges pour le flux ascendant, et dont le débit est beaucoup plus élevé. Edouard Lebrun, le directeur du développement de Lucibel, fait la démonstration : "Alors que notre prototype l'an dernier affichait des débits maximum de l'ordre de 10 Mbit/seconde, le produit industrialisé peut monter à 42,6 Mbit/s ! Et potentiellement jusqu'à 54 Mbit/s en remontée via les ondes infrarouges".
    LiFi
    LiFi © Lucibel
     
    Pour le luminaire, qui embarque toute l'électronique et le système de gestion, le directeur explique : "Il est compact, facile à intégrer dans un faux plafond, et donc à déployer dans un bâtiment. Sur cette version industrialisée, tous les composants sont embarqués sur le luminaire : carte réseau, lentille infrarouge [alors qu'elle était déportée sur le prototype, NdlR], prise Ethernet pour câble RJ45, électronique de puissance, alimentation... L'ensemble est pilotable depuis une GTB et sécurisé par des protocoles d'identification".

    Un système impossible à pirater

    Question sécurité justement, c'est là le point fort de la solution Lucibel : impossible de pirater ce signal lumineux depuis l'extérieur du cône d'éclairage. A l'inverse des ondes électromagnétiques du WiFi, qui se propagent dans toutes les directions et de façon difficilement contrôlable, la lumière est confinée à la pièce où est installé le système LiFi. D'où un intérêt pour des entreprises, services et industriels qui requièrent la confidentialité de leur connexion.
    En tout, chaque point lumineux pourrait devenir source de connexion Internet. La solution luminaire de Lucibel permet, pour l'heure, de fournir un accès à huit utilisateurs simultanément.
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    LiFi : quand l'accès Internet passe par la lumière

    LiFi : aujourd'hui, les salles de réunion ; demain, le monde !

    LiFI
    LiFI © Lucibel
    Le président de Lucibel précise : "A l'horizon de 2019-2020, la technologie commencera à être directement intégrée dans les ordinateurs et les smartphones, ce qui permettra une ouverture vers le marché des particuliers. Enfin, au-delà de 2020, le LiFi deviendra un support de l'Internet des objets".
    La solution de Lucibel se pose donc en connexion complémentaire, fixe et sécurisée, aux autres technologies connues, qui utilisent des rayonnements électromagnétiques. Selon ses dirigeants, l'entreprise française, qui produit ses luminaires et clefs LiFi près de Rouen, en Normandie, disposerait de 24 mois d'avance sur toute la concurrence mondiale. En tout, une quinzaine d'acteurs plancheraient sur la transmission d'information par la lumière, et participent à l'élaboration d'un standard mondial, dérivé du protocole WiFi (802.11.X).
    LiFi clef
    LiFi clef © Lucibel
     
    Une centaine de systèmes (luminaire + clef LiFi) ont déjà été vendus à une douzaine de clients et plusieurs centaines d'autres sont en pré-commande. Parmi les premiers à se lancer dans la connexion par la lumière, figure le promoteur Nexity.
    Hors des salles de réunion et de direction, Nexity envisage de déployer, dans le futur, des luminaires Internet dans des logements. "On aura ainsi des hotspots sans ondes électromagnétiques", prévoit Loïc Daniel, directeur général adjoint du pôle Tertiaire.

    Un prix élevé qui baissera rapidement

    Reste un écueil, celui du prix : le système communicant "luminaire + clef" est commercialisé à 2.300 euros, ce qui, comparé au coût d'un éclairage LED classique plus un réseau WiFi, est encore très élevé. "Nous sommes encore deux à trois fois plus chers. Mais, en 2018, les coûts seront divisés par 4 ou 5, grâce à la production de masse. Et nous développerons toute une gamme de luminaires qui ne seront pas nécessairement encastrés et pourront être sur pied", relate Edouard Lebrun.
    Du côté des consommations, le système est presque aussi sobre en électricité qu'un éclairage à diodes standard, avec une surconsommation contenue à +5-10 %. "Il est possible de faire fonctionner le LiFi à la lumière du jour, sans souci, et on peut diminuer l'intensité lumineuse des LEDs jusqu'à seulement 30 % de leur puissance nominale. La seule limite est d'obtenir 50 lux sur le photorécepteur relié en USB à l'ordinateur", confie le spécialiste.
    La technologie devrait donc trouver sa place sur le marché mondial, au moment où elle sera embarquée directement dans les ordinateurs et téléphones, et quand ces "devices" pourront basculer d'un type de connexion à l'autre (5G/WiFi/LiFi), suivant la localisation de l'utilisateur (dans un bâtiment, à l'extérieur, en mouvement ou non) et suivant le débit et la confidentialité souhaités. Lucibel a, sans l'ombre d'un doute, un avenir lumineux.
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