Répartition des tâches domestiques : et l'homme moderne, alors ?

Ah ça, il a bon dos "l'homme moderne" ! Selon une enquête réalisée sous la direction de Arnaud Régnier-Loilier de l'Institut national d'études démographiques (Ined), parue ce jeudi dans la revue Population et Sociétés, les inégalités concernant les tâches domestiques persistent au détriment des femmes, voire se creusent à l'arrivée d'un enfant au sein du couple. En 2005, une première étude avait démontré que parmi les femmes en couple âgées de 20 à 49 ans, 8 sur 10 s'occupent "toujours" ou "le plus souvent" du repassage, 7 sur 10 de la préparation du repas, la moitié de l'aspirateur et des courses et 4 sur 10 de la vaisselle et de la tenue des comptes. Trois ans après, les mêmes personnes ont été interrogées. Leurs réponses ont permis en effet de faire ce constat terrible : non seulement les femmes continuent d'assumer les corvées, mais l'arrivée d'un enfant accentue en plus ce déséquilibre dans la répartition des tâches ménagères, notamment dans les couples déjà parents. Et ce, pour la plupart des tâches. Ainsi, pour le repas comme pour l'aspirateur, "chez les couples ayant eu un enfant entre les deux entretiens, la proportion [des femmes qui s'en occupent 'toujours' ou 'le plus souvent', ndlr] augmente de 51% à 58%, s'il s'agit d'un premier enfant ; de 72% à 77%, si c'est un enfant supplémentaire." Pour le repassage, seule l'arrivée d'un premier enfant accentue le déséquilibre : la proportion de couples dans lequel le repassage revient 'toujours' à la femme passe alors de 57 à 66%.

Naissance et éloignement de l'emploi en synergie

Une répartition qui s'explique selon l'Ined, notamment par le fait que les femmes réduisent leur activité professionnelle à l'arrivée d'un enfant. 25% d'entre elles pour le premier, 32% si elles sont déjà mères. "L'arrivée d'un enfant accentue le déséquilibre du partage des tâches domestiques entre hommes et femmes, les ajustements touchant essentiellement les femmes : ce sont elles qui s'éloignent du marché de l'emploi, elles aussi qui prennent davantage en charge les tâches domestiques. La naissance et l'éloignement de l'emploi jouent ici en synergie" précise ainsi l'étude. Un constat très mal vécu par les femmes, leur taux d'insatisfaction augmentant évidemment d'autant plus que le déséquilibre dans la répartition des tâches se creuse. "38 % des femmes qui ont eu une naissance entre 2005 et 2008 et pour qui la répartition d'au moins trois tâches a évolué en leur défaveur, expriment une insatisfaction plus forte qu'en 2005". Pour les hommes : vaisselle et organisation de la vie sociale Seule la vaisselle et l'organisation sociale de la vie du ménage (sorties, invitations, etc.) semblent trouver grâce aux yeux des hommes dans cette enquête. A noter que la sortie des poubelles ne faisait pas partie des paramètres étudiés... une tâche qui revient également le plus souvent aux hommes selon différentes études. Mais bon, c'est déjà ça ! Reste que l'homme moderne dont on entend tant parler, ne semble donc pas encore totalement entré dans les mœurs, même si "des évolutions sont perceptibles pour les jeunes générations". Allez, on peut bien leur accorder cet effort... Retrouvez également un article réalisé sur une autre étude publiée en février dernier par un autre organisme, Ménage et répartition des tâches : où en sont les hommes ?.