Une information de proximité pour un meilleur tri des déchets

    Publié le 20 janvier 2011 par Rouba Naaman
    Eco-emballages s'intéresse aux habitudes de tri des Français ! Pour atteindre le taux de 75% de déchets recyclés imposé par le Grenelle de l'environnement, l'organisme tente de comprendre les freins à la démarche de tri. La communication de proximité, avec l'aide des communes, est l'un des axes privilégiés.
    Bac jaune, bleu, vert ou gris ? Même si la couleur du container n'est pas la même selon les régions de France, le geste, lui, est connu. Trois millions de tonnes d'emballages sont recyclés tous les ans, soit 63% des déchets. "Aujourd'hui, 93% des Français considèrent le tri comme le premier geste durable. Malheureusement, ça ne veut pas dire que 93% de la population trie !" regrette Pascal Henaux, directeur des opérations d'Eco-emballages*. Le chemin est encore long pour atteindre l'ambitieux objectif de 75% de recyclage imposé par le Grenelle de l'environnement.

    Expliquer pourquoi et comment trier

    Pour la majeure partie de la population, trier est devenu un réflexe - mais quel tri ? Qui ne s'est pas déjà demandé, arrivé devant le container, si le pot de yaourt était bien recyclable, et s'il fallait mettre les bouteilles sales dans le bac gris ? "On trouve encore du verre dans les ordures ménagères. Les citoyens ne poussent pas le geste de tri aussi loin qu'ils le pourraient" déplore Pascal Henaux.
    Si certains citoyens font preuve d'incivisme, la plupart d'entre eux se trompent en toute bonne foi. L'un des axes développés par Eco-emballages pour améliorer le bilan du recyclage, c'est l'information. "On essaye de faire comprendre que le tri est une chaîne solidaire : chaque citoyen peut mettre cette chaîne en péril" répète Pascal Henaux. On explique, mais sans culpabiliser, tout en réfléchissant à simplifier le geste de tri, pour que "l'usager ait de moins en moins de questions à se poser" (voir encadré).
    *Eco-emballages est un organisme privé agréé par l'Etat, chargé de promouvoir une gestion intelligente des déchets d'emballage, en encourageant notamment le tri et le recyclage.

    L'élargissement des consignes de tri à l'essai

    Une centaine de villes sont aujourd'hui candidates pour participer à une nouvelle campagne d'Eco-emballages. L'idée est de tester l'élargissement des consignes de tri du plastique à l'échelle d'une commune ou d'une agglomération. Tous les plastiques seraient ainsi à placer dans le bac de déchets recyclables, y compris les films et les contenants souples : plus de question à se poser devant le container ! L'expérience devrait commencer au premier trimestre 2011 et s'étendre jusque fin 2012, et la décision d'étendre ou non les consignes de tri sera prise en 2013.
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    Une action locale s'avère plus efficace - Eco-emballages © RN / MAP
    Pour plus d'efficacité, l'information de proximité est privilégiée, avec l'aide des communes. Le cas de Montpellier est plutôt frappant. "Il y a encore trente ans, nous n'avions qu'une seule sorte de container et une seule décharge" se souvient Christian Valette, vice-président de l'agglomération de Montpellier. Aujourd'hui, c'est un exemple en matière de gestion des déchets : harmonisation des couleurs des bacs, lissage de la taxe d'enlèvement des ordures, tri des biodéchets, etc. "Nous avons dû énormément communiquer pour expliquer notre démarche, et nous continuons à le faire, mais le résultat est là" affirme le vice-président.
    L'agglomération a surtout mis en place une sensibilisation dans les écoles, et créé des postes d' "ambassadeurs du tri", chargés de communiquer avec les habitants pour leur expliquer la démarche du tri. Des "familles tri-tout" se sont prêtées au jeu : après avoir observé leurs habitudes de tri pendant un mois, un ambassadeur leur explique ce qui peut être amélioré. "Ils en parlent ensuite à leurs voisins, les informent, et ainsi de suite" explique Christian Valette. Enfin, l'Office public de l'habitat de la communauté d'agglomération de Montpellier (ACM-OPH) a participé activement à l'information sur le tri, en créant des points d'informations dans les maisons de quartier.

    Comprendre pourquoi certains ne trient pas

    Parfois, même informés, les usagers ne sont pas toujours aidés pour trier. "Les ambassadeurs du tri ne sont pas là pour la répression" insiste Pascal Henaux, "mais pour comprendre pourquoi les gens ne trient pas". Eco-emballages s'intéresse particulièrement aux habitations collectives,
    Des abris pour containers ont été créés.
    Eco-emballages © RN / MAP
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     dernières de la classe du tri. "On découvre que, dans certains immeubles, les poubelles sont mal placées, derrière une porte fermée à clef ou au troisième sous-sol, donc difficilement accessibles, ou pas assez grandes" précise Pascal Henaux. "Les habitants ont aussi un rapport différent aux bacs, qui sont parfois sales" ajoute Eric Silvant, ambassadeur du tri en mission à l'agence ACM Lemasson.
    Dans le cadre de son travail d'investigation dans le quartier Lemasson, Eric Silvant a avant tout écouté les locataires. "J'ai analysé la situation pour comprendre leurs besoins. Depuis, nous avons créé des abris pour les bacs, imprimé des fiches explicatives, augmenté le nombre de containers..." Résultat : 40% d'amélioration du tri en quelques mois. "Quand on implique les locataires, ils respectent forcément la démarche" conclue Louis Pouget, président d'ACM-OPH.
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