Lucile Viaud, artiste-chercheuse en verre d'origine naturelle

    Publié le 17 novembre 2023 par Sophie Herber
    CRÉATION. Depuis sa sortie de l'école Boulle en 2015, Lucile Viaud enchaîne les projets et collectionne les distinctions. Son idée de départ ? Utiliser les déchets marins pour en faire du verre. Pour Maison à part, elle a accepté de revenir sur le processus de création de trois de ses œuvres.
    Ses créations habillent les tables des restaurants trois étoiles jusqu'aux vitrines du joailler Cartier. Artiste-chercheuse, engagée dans une démarche environnementale, Lucile Viaud ne cesse d'expérimenter pour créer des verres 100% naturels et recyclés.
    Après avoir obtenu son Diplôme Supérieur d'Arts Appliqués en design d'objet à l'école Boulle, en 2015, Lucile Viaud entame une démarche de valorisation des déchets issus de la filière marine bretonne. Elle développe ses propres formules en enlevant peu à peu les matières premières présentes dans la composition du verre par des matériaux sourcés de la mer (coquilles d'ormeaux, arêtes, algues), et obtient ainsi deux matériaux : un plâtre et un verre marins.
    Dans son atelier Lucile Viaud donne corps à ses recherches
    Dans son atelier Lucile Viaud donne corps à ses recherches © Germain Herriau
     
    "Lorsque j'étais encore étudiante, j'ai découvert le cuir en peau de poisson. J'ai alors pris conscience que si nous changions notre regard sur les déchets, nous pouvions inventer des alternatives aux matières issues de la pétrochimie", indique celle qui est à l'origine de la "géoverrerie", cette "l'idée selon laquelle le verre peut refléter les caractères naturels et humains de la région dont les matières premières sont issues."

    Lorsque l'artisanat et la science se rencontrent

    En 2016, l'artisan verrier Stéphane Rivoal accepte de lui ouvrir les portes de son atelier pour qu'elle puisse expérimenter le fruit de ses recherches. "Il a accepté de prendre ce risque" reconnaît Lucile Viaud pour qui, très vite, tout s'accélère. "En 2017, j'intègre un laboratoire de recherche au sein de l'université de Rennes en tant qu'artiste résidente." La même année, elle rencontre le chef étoilé, Olivier Roellinger pour lequel elle réalise un ensemble verrier sur mesure en verre Glaz, obtenu à partir de coquilles d'huître réduites en poudre.
    D'autres créations de verre suivront, des distinctions aussi... La dernière en date, en 2023, est le Prix Liliane Bettencourt pour l'Intelligence de la main dont Lucile Viaud a été lauréate en duo avec Aurélia Leblanc.
    D'ici l'année prochaine, Lucile Viaud ouvrira son propre atelier à Evran en Bretagne, un projet qu'elle prépare avec l'artisan verrier Stéphane Rivoal. "Nous souhaitons créer un pôle de recherche et de production artisanale où il sera possible d'accueillir du public : verriers, étudiants, chercheurs, etc." Le tout en ayant une production encore plus vertueuse du verre grâce notamment à la récupération d'eau de pluie, à l'installation de panneaux solaires ou à l'utilisation de la chaleur des fours pour chauffer les bureaux.
    Découvrez dans les pages suivantes, en images, les créations de Lucile Viaud.
    Lucile Viaud, artiste-chercheuse en verre d'origine naturelle

    La coupe maille

    La coupe maille est inspirée des exosquelettes de diatomées
    La coupe maille est inspirée des exosquelettes de diatomées © Germain Herriau
    Influencée par ses travaux sur les exosquelettes de diatomées - micro-algues de forme allongée ou ronde -, Lucile Viaud développe sa technique de maille de verre à partir de baguettes préalablement étirées à chaud. "La coupe maille, d'un diamètre de 36 cm, est réalisée avec la technique du fusing qui consiste à chauffer tout doucement les baguettes pour les sceller entre elles", précise-t-elle.
    La coupe maille

    Le Culbuto - Lucile Viaud, artiste-chercheuse en verre d'origine naturelle

    Le Culbuto, un verre que les marins peuvent utiliser sur un bateau sans le renverser
    Le Culbuto, un verre que les marins peuvent utiliser sur un bateau sans le renverser © Germain Herriau
    Le Culbuto - ou verre que les marins peuvent utiliser sur un bateau sans le renverser - est en verre de Rouergue. Développé en 2019, le verre de Rouergue est formulé à partir de matériaux issus de l'Aveyron : sable du Lot, cendres de bois de chauffage de la vallée de la Truyère, coquilles d'escargots d'un héliciculteur local. Les Culbutos ont été réalisés avec du verre du Rouergue recyclé. "Ce sont les restes de la verrière zénithale éphémère qui était à découvrir au Musée des Beaux-Arts de la Ville de Rodez en 2019", indique Lucile Viaud.
    Le Culbuto - Lucile Viaud, artiste-chercheuse en verre d'origine naturelle

    Les cives - Lucile Viaud, artiste-chercheuse en verre d'origine naturelle

    Un verre noir réalisé avec des sédiments de La Charente et des déchets issus de la distillation du Cognac
    Un verre noir réalisé avec des sédiments de La Charente et des déchets issus de la distillation du Cognac © Germain Herriau
    Les cives sont des formes circulaires emblématiques de l'histoire du verre, utilisées à l'origine dans la conception des vitraux. "La cive de la photo a été réalisée, en septembre dernier, à partir de sédiments du fleuve de La Charente et de déchets issus de la distillation du Cognac qui lui donne cette couleur d'obsidienne."
    Les cives - Lucile Viaud, artiste-chercheuse en verre d'origine naturelle
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