Electroménager : pourquoi les étiquettes énergie ne sont plus fiables

    Publié le 27 octobre 2016 par Rouba Naaman-Beauvais
    Nouvelle étiquette énergie
    Nouvelle étiquette énergie © DR
    L'étiquette énergie, obligatoirement apposée sur les appareils électroménagers vendus en Europe depuis 2011, serait-elle dépassée ? Une étude de l'UFC-Que choisir révèle qu'elle est mal comprise par les consommateurs... mais aussi qu'aucun contrôle n'est réalisé sur la véracité des informations qu'elle présente. Décryptage.
    Victime de son succès ? L'étiquette énergie, entrée dans les habitudes d'achat des consommateurs depuis son apparition en 2011, serait de moins en moins bien comprise. Bien loin de l'échelle de A à G et de son code couleur, spontanément adopté par les ménages européens, la version 2016 laisse pantois la plupart des acheteurs, selon une enquête* menée par l'association UFC-Que choisir.
    En cause... l'efficacité de l'étiquette, elle-même. En effet, sous la pression indirecte de cet affichage - entre autre - les fabricants ont amélioré les performances énergétiques de leurs appareils. Et les derniers modèles les moins énergivores dépassent le niveau correspondant au "A" de l'étiquette, d'où l'apparition de niveaux A+, A++... et A+++. De quoi noyer l'acheteur !

    Un affichage devenu obsolète... et contre-productif

    "Certains consommateurs sont persuadés de faire un achat économe en énergie, lorsqu'ils optent pour un modèle de niveau A, alors que c'est aujourd'hui un appareil devenu trop énergivore", regrette Joël Dufour, vice-président de l'UFC-Que choisir. D'autant que certains niveaux ne sont plus utilisés depuis plus de 7 ans ! Le particulier, même bien intentionné, serait floué par un étiquetage devenu obsolète. L'association milite donc aujourd'hui pour un retour à une échelle de A à G donc les niveaux seraient relevés de manière à coïncider avec la réalité du marché.
    Mieux : l'association souhaite un nouvel affichage, plus équitable selon elle, celui du coût d'usage. Il s'agit du prix d'achat de l'appareil et de sa consommation (en électricité, en eau, en gaz) pendant dix ans, rapporté au coût annuel. Une manière d'exprimer la performance énergétique, non plus en kWh mais... en euros ! Mais aussi, d'intégrer la notion d'économie d'eau, dans certains cas.

    Exemple :

    Un lave-linge A coûte 250 € à l'achat. Sa consommation en eau et en électricité pendant 10 ans est estimée à 800 €. Le coût d'usage de l'appareil A s'élève à 105 €/an.
    Un lave-linge B, plus économe en énergie, coûte 400 € à l'achat. Sa consommation en eau et en électricité pendant 10 ans est estimée à 400 €. Le coût d'usage de l'appareil B s'élève à 80 €/an.

    Des pictogrammes incompréhensibles et peu pertinents

    L'étiquette énergie ne se limite pas à la consommation en électricité, puisqu'elle affiche également le niveau de bruit (en db), les caractéristiques techniques de l'appareil (dimensions, poids, etc.)... ainsi que des pictogrammes plutôt cryptiques : échelle évaluant la qualité de l'essorage de lave-linge, ou du séchage pour les lave-vaisselle, consommation en fonction des modes de cuisson pour les fours, etc. Autant d'éléments visuels qui rendent l'étiquette illisible, au point que "certains acheteurs l'ignorent car ils ne la comprennent pas", soutient Joël Dufour.
    L'UFC-Que choisir propose de réformer, là encore, les informations indiquées, pour mettre en avant notamment la durée de vie du produit. L'objectif : permettre un choix éclairé des consommateurs, qui opteront peut-être pour un appareil plus durable, même s'il est plus cher. "Comme pour les ampoules Leds, des tests spécifiques normalisés peuvent être mis en place pour tester la durée de vie des appareils", explique l'association, qui se dit soutenue par l'Ademe sur cette question.

    Une absence totale de contrôle du contenu de l'étiquette

    Dernier élément pointé du doigt par l'UFC-Que choisir, l'absence totale de vérification des informations des étiquettes énergie. Si la DGCCRF effectue bien des contrôles en magasin pour s'assurer de la présence des étiquettes, aucun organisme ne s'assure que les chiffres avancés par le fabricant sont bien réels. "La DGEC est en charge de ces vérifications mais, faute de moyens, elle n'a encore mené aucune action de contrôle", précise Joël Dufour.
    En 2015 pourtant, le projet Marketwatch, campagne européenne de surveillance des étiquettes énergétiques, avait révélé que près de la moitié des appareils affichaient des performances non conformes à la réalité. Un taux qui s'élevait à 90% sur les sites de vente en ligne.
    * Enquête menée par TNS Sofres pour l'UFC-Que choisir, et cofinancée par l'Ademe.
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