Bassin d'Arcachon : villas modernes, architecture et paysage

"Mes biens chers maman et Albert, Oui le Piquey est comme un paradis du sage. Solitaire, à pleine journée, je promène mon observation admirative dans ces terres classées de la lagune, de la pinède et de l'océan. Je ne connais pas de lieu synthétique à ce point. (...) Et dire que des brutes prétendent et écrivent que je nie la nature. Imprégnation continue, émerveillement content, découvertes ravies à chaque pas. Nature, nature, lois, lois qui nous dominent et contiennent l'harmonie pour qui sait la chercher." En se plongeant dans le magnifique ouvrage Villas modernes du Bassin d'Arcachon, d'Elise Guillerm et Jean-Baptiste Marie, paru aux éditions Norma, nous mettons ainsi nos pas dans ceux de l'architecte Le Corbusier, qui aimait à se rendre avec Pierre Jeanneret, dans la pension Chanteclerc à Piquey, où l'on pouvait croiser Cocteau et Jean Marais. Mais nous cheminons également dans ceux de tous ces architectes qui, depuis le milieu du XIXe siècle, en passant par la Belle Époque, comme Roger-Henri Expert, ont conçu des villas et des maisons aux adeptes des cités balnéaires et vacanciers qui s'y pressaient alors, comme dans ceux des artistes qui y trouvaient aussi des paysages d'exception à croquer ou à peindre. Un répertoire de 35 villas de 1951 à nos jours Tous sont convoqués en introduction de l'ouvrage, pour nous faire comprendre pourquoi l'architecture du Bassin est ce qu'elle est, comment elle est née et a évolué au gré des époques, toujours en lien avec cette nature sauvage : entre villages d'ostréiculteurs et cabanes de pêcheurs, maisons de lotissements et rares résidences... jusqu'aux villas modernes qui, aujourd'hui, en font la singularité. Car à partir des années 50, une nouvelle génération créative y fait ses armes, en recherchant et en inventant de nouvelles conversations entre les usages et les besoins, comme entre le dessin, les matériaux et l'environnement. Leur point commun ? Un art de vivre unique, qui privilégie une architecture où les questions environnementales sont centrales, le bois souvent présent et bien sûr, placée au cœur de la nature, entre pins et océan. On y croise aussi l'aventure d'une maison industrialisée, la Girolle, d'une "heureuse simplicité" ou encore celle de l'habitat de tourisme léger Tétrodon, "le confort intelligent du Nautilus."   Le territoire est architecturalement marqué par l'école bordelaise, dont sont issus les membres de l'équipe Salier-Courtois-Lajus-Sadirac, en solitaire ou ensemble, mais aussi par Jacques Hondelatte, sa fille Raphaëlle, l'agence l'Épinard Bleu, ou encore par les Pritzker 2021 Lacaton & Vassal... Nous sont ainsi présentées pas moins de 35 villas des années 50 à aujourd'hui.

Un ouvrage très riche

Pour ce livre, Élise Guillerm et Jean-Baptiste Marie se sont plongés dans la documentation et les archives de l'époque jusqu'à nos jours, un travail croisé également sur le terrain et au cours d'entretiens avec les architectes, ou leurs ayants-droits, et les habitants. Riche de tout cela, l'ouvrage l'est aussi par son iconographie. Plans, photos, archives de la presse de l'époque côtoient ainsi des textes qui nous permettent d'appréhender l'histoire de cette recherche architecturale propre à ce territoire : le pourquoi de ce dessin architectural, de cette conception de l'espace, ou de ce choix de matériau.   De la Ville d'Hiver d'Arcachon, à la pointe du Cap Ferret, en passant par la Dune du Pyla, nature, bienfaits marins et climat ont en effet attiré et attirent encore tout le long du littoral. Tout l'intérêt de cet ouvrage est ainsi de nous conter les réponses architecturales apportées, dans le respect du territoire qui les abritent... et de nous donner envie d'aller s'y promener à notre tour !