L'InVS dresse un tableau de l'exposition des Français aux polluants

    Publié le 17 mars 2011 par Rouba Naaman
    L'Institut national de veille sanitaire (InVS) publie une étude sanitaire réalisée en 2007 sur la population. Le but : définir les niveaux d'exposition des Français aux métaux lourds, pesticides et PCB, et les comparer à ceux d'autres pays occidentaux. Le bilan est mitigé, avec des concentrations en baisse pour le plomb, mais des contaminations parfois importantes pour d'autres substances.
    L'Institut national de veille sanitaire (InVS) a sorti la toute première étude sur l'exposition de la population française aux polluants de l'environnement. Le premier tome*, paru le 14 mars dernier, concerne la contamination par les métaux lourds et les pesticides des Français, et la compare à celle d'autres pays occidentaux. Bilan : même si les taux sont globalement bas, ils sont parfois plus élevés que chez certains de nos voisins...
    L'étude de l'InVS, conduite en 2006 et 2007, est le volet environnemental de l'Etude nationale nutrition santé (ENNS). L'institut a recherché la présence de onze métaux lourds (uranium, mercure, plomb...), de trois familles de pesticides (organochlorés, organophosphorés et pyréthrinoïdes), ainsi que de six PCB (polychlorobiphényles ou pyralènes), dans l'urine, le sang et les cheveux des 4.800 personnes testées.
    * Fréry N, Saoudi A, Garnier R, Zeghnoun A, Falq G, Guldner L. Exposition de la population française aux polluants de l'environnement - Volet environnemental de l'Étude nationale nutrition santé - Premiers résultats. www.invs.sante.fr
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    L'InVS dresse un tableau de l'exposition des Français aux polluants

    Moins de plomb, plus de métaux lourds

    La plombémie (quantité de plomb dans le sang) est en baisse dans la population, de façon notable : -60% environ en 12 ans. C'est là une conséquence directe - et salutaire - de la campagne active de réduction de l'exposition au plomb (isolation, couverture des toits, peintures). L'InVS note cependant, chez 1,7% des personnes testées, des plombémies dépassant le seuil sanitaire provoquant un saturnisme.
    Si les taux de cadmium (alliages, piles) dans les urines sont normaux et similaires à ceux d'autres Européens, la quantité de mercure (équipements électriques, ampoules) dans les cheveux est plus intrigante. Inférieurs au seuil de l'OMS, les niveaux de mercure sont cependant plus élevés que chez les Allemands et les Américains, mais moins que chez nos voisins espagnols.
    L'explication est simple : "le poisson constitue le principal apport de mercure organique dans la population général". Et les Français sont de gros consommateurs de produits de la mer. Il en va de même pour l'arsenic (alliages métalliques, verre, composants électroniques), dont le taux augmente après un bon plateau de fruits de mer !
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    Moins de plomb, plus de métaux lourds

    Des pesticides chez tous les sujets étudiés

    "Les pesticides organochlorés ou leurs métabolites ont pu être quantifiés pour l'ensemble des individus ou presque" précise le rapport. Preuve donc que les pesticides organochlorés (DDT), pourtant interdits en France, sont toujours présents dans le sang et l'urine de la population, dans des concentrations comparables aux autres pays occidentaux.
    Un bémol : la présence trop importante de 2,5-DCP, une molécule issue du paradichlorobenzène (antimite, désodorisant, désinfectant). "Cette observation doit conduire à la recherche d'une possible particularité française dans l'exposition à cette substance" estime l'InVS.
    En ce qui concerne les pesticides organophosphorés et pyréthrinoïdes (usage domestique), les Français sont également contaminés en très grand majorité, et à des niveaux supérieurs aux Américains. L'InVS estime qu'il s'agit là de différences d'usage des produits selon les pays.
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    Des pesticides chez tous les sujets étudiés

    PCB, une contamination bien française

    Interdits en 1987, les PCB ont été longtemps utilisés dans l'industrie française pour leurs propriétés isolantes et leur stabilité. On les retrouve notamment dans les transformateurs, les peintures et les encres. En 2008, des associations* avait lancé le débat sur la contamination des cours d'eaux français et européens par les PCB, et réalisé des tests sanguins sur des volontaires des Bouches-du-Rhône.
    L'étude de l'InVS, elle, est plus modérée, mais dévoile tout de même que 3,6% des femmes en âge de procréer ont une concentration en PCB supérieure au seuil de 700 ng/g de lipides (seuil sanitaire proposé par l'Afssa). Les taux observés sont globalement plus élevés qu'en Allemagne, aux Etats-Unis et en Nouvelle-Zélande. "Cette observation doit inciter à une analyse des spécificités des différents pays afin de mieux comprendre l'origine des différences d'exposition observées" conclue timidement l'étude.
    Pour effectuer un vrai travail de biosurveillance de ces polluants dans l'organisme des Français, l'InVS prévoit de réaliser une seconde enquête fin 2012. Ce deuxième volet sera par ailleurs élargi à d'autres substances inquiétantes, les perturbateurs endocriniens.
    * Le WWF France et l'Association santé environnement France (ASEF)
    PCB, une contamination bien française
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