A la découverte de la maison basque

    Publié le 30 juillet 2009 par Propos reccueillis par Leslie Cottenceau-Mathurin
    Bien plus qu'un simple logement, la maison basque s'impose comme un symbole fort de l'architecture et de la société du sud-ouest de la France. Spécialiste du sujet, l'architecte Michel Berger raconte la fonction passée et l'évolution de cet habitat hors du commun.
    Maison à part : Quelles sont les origines de la maison basque ?
    Michel Berger : Il existe assez peu de vestiges des premières maisons basques. Avant le Moyen-âge, elles étaient construites en bois. Fragiles et victimes de fréquents incendies, elles ont peu à peu été renforcées par des murs en pierre, avant que ce matériau ne se propage à la structure elle-même. Mais c'est à partir du XVIème siècle que se dessine le profil de la maison basque contemporaine. Sous le toit à deux battants apparaissent des balcons, au niveau du grenier, pour faire sécher le maïs. La façade de la maison est tournée vers l'est, tandis que les autres murs sont presque aveugles, pour protéger des vents dominants venus de l'océan. Ces fermes sont également dotées d'une porte charretière, par laquelle passent les hommes mais aussi les animaux. Le rez-de-chaussée est réservé au bétail et à la cuisine, tandis que les chambres sont situées à l'étage.
    MAP : A quand remonte l'engouement pour ces habitations ?
    M. B. : Le succès des maisons basques coïncide avec celui du roman «Ramuntcho», au début du XXème siècle, dans lequel Pierre Loti conte l'histoire d'un jeune basque. Le modèle des fermes rurales est alors reproduit et adapté au milieu urbain. Ces habitations perdent leur fonction première agricole et deviennent plus cossues. Un plus grand nombre d'ouvertures, notamment sur rue, sont créées. En revanche, l'enduit à la chaux et le quadrillage en bois de couleur rouge sont conservés. A la croisée de la modernité et de la tradition, ces bâtisses symbolisent en fait un nouveau courant : le «néo basque». D'abord réservées aux notables, elles se démocratisent progressivement pour s'élargir bientôt à toutes les classes. Aujourd'hui encore, ces habitations de type «labourdin», restent la référence populaire en matière de maison basque.
    MAP : Il n'existe qu'un seul type de maison basque ?
    M. B. : Non, il existe en fait trois types de maisons qui s'apparentent aux trois provinces du pays basque français : la Labourde, la Basse-Navarre et la Soule. L'habitation de type labourdin est la plus connue. Elle se caractérise par ses murs blanchis à la chaux et ses pans de bois de couleur rouge, à l'époque faits à base de sang de bœuf pour éloigner les insectes. Elle possède une toiture en tuile, dissymétrique, due le plus souvent à des agrandissements pour créer des parties réservées aux animaux. La maison «Bas-Navarraise» a un style assez similaire. Outre les pierres de grés rose et rouge de sa façade, elle se caractérise par son linteau sculpté au dessus de sa porte d'entrée et son volume, qui peut atteindre jusqu'à 12 mètres de long pour 20 mètres de large. Enfin, la dernière de type souletin, également localisée dans le Béarn, tranche par ses dimensions plus petites et sa toiture recouverte d'ardoises.
    MAP : Pourquoi la maison est-elle si importante dans la culture basque ?
    M. B. : A cause de sa fonction d'origine. Jusqu'à la moitié du XXème siècle, elle n'appartenait pas à une seule personne mais à l'ensemble de la famille. L'aîné, qu'il soit un garçon ou une fille, en était le gestionnaire principal. Il avait à charge d'héberger ses parents avant de transmettre lui-même cette propriété à son premier enfant, si bien que très peu d'habitations étaient à la vente. La place de la maison était tellement conséquente que certaines familles ont même adopté pour eux-mêmes le nom qu'ils leur avaient donné, qui était bien souvent un toponyme. Aujourd'hui, de nombreux noms propres basques renvoient encore à des lieux comme le bois, la montagne, etc.
    MAP : Quel avenir est envisagé pour ce type de maisons, aujourd'hui ?
    M. B. : Les maisons du pays basque ont déjà beaucoup évolué. De l'habitat rural des XVIIIème et XIXème siècle, il ne reste que l'enveloppe extérieure qui continue de créer l'engouement, d'autant que ce style est également prôné par les services municipaux. Les couleurs ont, elles aussi, beaucoup changées. Sous l'influence de la bourgeoisie, elles ont évolué du fameux rouge basque à toute une palette de pastels. Un style relativement uniforme qui ne plaît pas à tout le monde. Certains architectes se battent en effet pour proposer de nouveaux types de logements, plus en phase avec le mode de vie actuel. En parallèle, des travaux de recherche ont été entamés sur les modèles ancestraux de ces habitations. Ils visent à établir l'utilité d'un grand nombre d'éléments architecturaux d'époque, dont la fonction reste encore à ce jour inconnue...
    A la découverte de la maison basque

    Bas-navarraise - A la découverte de la maison basque

    Bas-navarraise - maison basque
    Bas-navarraise - maison basque © Cédric Pasquini
    La maison du pays basque peut être «Bas-navarraise» (ici à gauche) avec des pierres de grés sur sa façade et un linteau sculpté au dessus de sa porte d'entrée.
    Bas-navarraise - A la découverte de la maison basque

    Labourde - A la découverte de la maison basque

    Labourde - maison basque
    Labourde - maison basque © OT Saint-Jean de Luz Jacques de Buffières
    La maison basque peut aussi être «Labourde» avec des murs blanchis à la chaux et des pans de bois de couleur rouge.
    Labourde - A la découverte de la maison basque
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