Les "Rubans du Patrimoine" décorent la richesse des communes

    Publié le 29 juin 2012 par Sébastien Chabas
    Les prix de la 18e édition du concours les "Rubans du Patrimoine" ont été décernés récemment par les jurys régionaux et le jury national. Ils ont pris en compte les critères suivants : l'intérêt et la valeur du patrimoine, le parti architectural et la qualité de la mise en oeuvre, enfin les retombées de ces opérations. Découverte des lauréats.
    Lancé en 1994, le concours les "Rubans du Patrimoine" distingue et récompense, par des prix nationaux, régionaux et départementaux, des communes et des structures intercommunales ayant réalisé des opérations de rénovation ou de mise en valeur de leur patrimoine bâti. "Les Rubans du Patrimoine sont organisés en partenariat avec l'Association des Maires de France, la Fondation du Patrimoine, la Fédération Française du bâtiment (FFB), Dexia et la Gazette des Communes", précise une porte-parole de la FFB.
    Dans toute la France, les "Rubans du Patrimoine" révèlent depuis son existence une infinie variété d'opérations. "Ils témoignent d'une part, de la richesse du patrimoine bâti français et, d'autre part, de la diversité des enjeux et des choix qui s'offrent aux élus", poursuit la représentante de la FFB.
    On citera la rénovation et la mise en valeur pour embellir le cadre de vie, le sauvetage d'une ruine pour transmettre le caractère local et les traditions. Réhabiliter et changer de destination pour faire revivre un bâtiment, un quartier, entre aussi dans le cadre de ce type d'opération.

    Une dotation de 15.000 € de prix

    Les "Rubans du Patrimoine" dotés de 15.000 € de prix sont en fait répartis entre les lauréats des prix nationaux. Au total, ce sont 103 communes, sur le plan national, qui ont concouru à cette 18ème édition. Ainsi, 35 prix départementaux, 11 prix régionaux, 1 prix spécial, une mention spéciale et 3 prix nationaux ont été remis.
    Après l'attribution déjà d'un label "Notre Village Terre d'Avenir", en octobre 2011, récompensant son dossier Agenda 21, la commune corse de Barrettali s'est vue recevoir le premier prix national des pour les communes et structures intercommunales de moins de 3. 500 habitants pour la qualité du travail de restauration de l'église Saint Pantaléon, travaux dirigés par l'architecte Pierre-Louis Colonna d'Istria. Les autres lauréats sont Vitré (Ile-et-Villaine) pour les communes de plus de 3.500 habitants et moins de 20.000 habitants et Epinal pour les communes de plus de 20.000 habitants.
    Par ailleurs, Jacques Pélissard, président de l'Association des maires de France, Alain Clot, directeur général de Dexia-Crédit Local, Charles de Croisset, président de la fondation du patrimoine et Didier Ridoret, président de la fédération française du Bâtiment (FFB), remettront les trophées nationaux aux maires des communes primées à l'automne 2012.Et les Journées européennes du Patrimoine, qui auront lieu les 15 et 16 septembre seront l'occasion de découvrir ces lieux chargés d'histoire.
    Les lauréats du concours « les rubans du Patrimoine »
    Le jury national, présidé par Michel Guégan, maire de La Chapelle-Caro, membre de l'AMF, a étudié 16 dossiers proposés par les jurys régionaux, parmi les 101 dossiers éligibles reçus cette année. 5 prix nationaux sont décernés :
    -Commune de moins de 3.500 habitants : Barrettali (Haute-Corse, région Corse) pour la restauration de l'église Saint-Pantaléon
    -Commune entre 3.500 et 20.000 habitants : Vitré (Ille-et-Vilaine, région Bretagne) pour la restauration de la Tour de la Bridole
    -Commune de plus de 20.000 habitants : Epinal (Vosges, région Lorraine) pour la réhabilitation de la Tour Chinoise
    -Prix spécial du Jury : Eu (Seine-Maritime, région Haute-Normandie) pour la reconstitution de la galerie de Guise du château
    -Mention spéciale du Jury : La Tour de Scay (Doubs, région Franche-Comté) pour la réhabilitation du lavoir à impluvium du "Beney"

    Prix régionaux:

    11 prix régionaux sont remis aux communes dont les dossiers ont été sélectionnés par un jury régional pour concourir au niveau national.

    Prix départementaux:

    Cette année, 35 prix départementaux ont été décernés par les jurys régionaux. Les prix régionaux et départementaux seront remis localement, lors de manifestations organisées dans les communes par les représentants des quatre partenaires au cours du 2e semestre 2012.
    Découvrez dès la page 2 les lauréats des "les Rubans du Patrimoine"
    Les "Rubans du Patrimoine" décorent la richesse des communes

    Prix national pour les communes de 3.500 habitants

    corse
    corse © PL Colonna d'Istria-architecte d'opération
    Barrettali, (Haute‐Corse), restauration de l'église Saint‐Pantaléon.
    Fermée et déclarée « menaçant ruine » en 1995 en raison de chutes de plaques d'enduit au niveau des voûtes, des murs et contreforts fissurés et une charpente/couverture reposant sur les voutes et coupoles fragilisées, l'église Saint‐Pantaléon (1822) située sur Barrettali (Haute‐Corse), une commune de 159 habitants a subi une troisième restauration après celles de 1875 et 1929. Les désordres étaient imputés jusqu'alors aux poussées de la voute de la nef mais les études qui suivirent démontrèrent qu'une grande partie de ces désordres était due à une faiblesse du sous‐sol (alternance de schiste dur et de schiste très altéré).

    Des fondations profondes pour asseoir l'édifice

    Une étude complémentaire a révélé des caractéristiques géo‐mécaniques préoccupantes du sous‐sol pouvant entraîner, à moyen ou à long terme, la ruine de l'édifice religieux. Il a donc été préconisé des fondations profondes (micro‐pieux) pour asseoir le bâtiment sur un substratum sain situé entre 4 et 9 mètres de profondeur. Par conséquent, la charpente et la couverture reposant sur la voûte et la coupole de l'abside, une charpente avec structure principale en lamellé collé, a été mise en œuvre afin de maintenir, autant que faire se peut, la volumétrie d'ensemble de l'église et libérer le couvrement. De plus, la couverture est en lauzes. Par ailleurs, le dallage intérieur a également été restauré. Les dalles abimées ont été remplacées et un dallage en marbre a été posé dans le chœur et l'abside en remplacement d'un carrelage des années 30. Le ravalement des façades et le réaménagement des abords finalisent cette restauration.
    Prix national pour les communes de 3.500 habitants

    Prix national pour les communes entre 3.500 et 20.000 habitants

    ville de vitré
    ville de vitré © architecte Ville de Vitré
    Vitré, Ille‐et‐Vilaine : restauration de la tour de la Bridole.
    Inscrite à l'Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 1926, la vieille tour de la Bridole (XVe siècle) à Vitré, 18.000 habitants, est remarquablement conservée mais son environnement a été considérablement perturbé : la porte d'En‐Haut a disparu, tout comme la courtine qui les reliait, le profond fossé a été comblé et enfin, le développement urbain a placé la tour au centre de la ville alors qu'elle en constituait l'une des extrémités autrefois.
    La restitution de la couverture en poivrière mise en avant
    L'élévation intérieure disposait encore de deux salles voutées à nervures. Le projet avait pour objectif la restauration et la mise en valeur de la tour, élément phare des fortifications de la vieille ville. Les maçonneries ont été restaurées ou reprises à l'identique des pierres de taille détériorées avec un rejointoiement des parements. De plus, le dernier niveau a été remonté avec la restitution du chemin de ronde (structure légère en bois recouverte d'essences de châtaignier). Côté couverture, la ville a privilégié la restitution de la couverture en poivrière car elle permet une mise en valeur de l'ensemble avec un profil de couverture lisible dans le paysage urbain. Un épi de faitage portant les armes de la ville couronne la toiture.
    Prix national pour les communes entre 3.500 et 20.000 habitants

    Prix national pour les communes de plus de 20.000 habitants

    epinal
    epinal © ville d'Epinal
    Epinal (Vosges) : réhabilitation de la Tour Chinoise
    La Tour Chinoise d'Epinal (34.605 habitants) fait partie d'un vaste ensemble paysagé mis en œuvre par Christophe Doublat, receveur général des finances du département des Vosges, à partir de 1804 sur le site de l'ancien château d'Epinal. A l'origine appelée « kiosk », elle a été conçue à l'image d'une pagode. Elle permettait un accès direct aux jardins en terrasses par un escalier à deux rampes de 84 marches depuis la demeure du receveur située en ville basse.
    Depuis la fin de la dernière guerre, l'édifice, monument historique appartenant à la ville depuis 1861, était dans un état de dégradation avancée. En 1985, une tempête a raison de sa toiture d'origine qui est remplacée par une toiture provisoire afin de sauvegarder la maçonnerie. Résultats : les balcons avaient disparus depuis le 19e siècle, l'escalier était détruit à 80 %, les menuiseries anciennes restées en place se trouvaient dans un état médiocre. Façades, toitures, porte‐à‐faux en bascule des balcons et menuiseries, tout a été restauré à l'identique sur la base de documents historiques.

    Charpente en chêne

    La charpente est en chêne, le toit est constitué de plaques de plomb de 1 x 5 m reliées par des bandes de cuivre, ceux des balcons sont en essences en châtaignier. L'escalier en pierre de taille a été restitué ainsi que sa rambarde en fer. Par ailleurs, la sécurisation du cheminement haut au niveau du mur de soutènement a également été pris en compte.
    Prix national pour les communes de plus de 20.000 habitants

    Prix spécial du jury

    la ville d'EU
    la ville d'EU © ville d'Eu
    Eu, Seine‐Maritime: reconstitution de la galerie de Guise
    Située sur la commune d'Eu, 7.794 habitants, ce château construit à la renaissance n'a cessé de connaître des travaux d'embellissement jusqu'à devenir la résidence du roi Louis‐Philippe au XIXème puis la mairie en 1964 et le Musée Louis‐Philippe en 1973.
    En 2001, la ville normande rachète une collection de 141 portraits peints des collections Orléans‐Nemours, dont la totalité des portraits de l'ancienne galerie de Guise du château qui avait brûlé en 1902. Le plafond est reconstitué en 2002 et les 46 portraits, tous marqués par des encrassements importants, des oxydations de vernis et la formation de chancis, sont également remis en état. En 2010, les travaux reprennent. La structure de briques et de métal soutenant l'ancien parquet est enlevée. Au parquet s'est substituée une couche d'isolant permettant de niveler le sol et servant de base au nouveau parquet.

    Redonner de la richesse au décor

    Par ailleurs, les murs ont été creusés afin de laisser la place aux nouvelles installations électriques. De plus, les nouvelles boiseries ont été mises en place, des arabesques en staff ont été également insérées. Afin de redonner toute sa richesse à ce décor, des staffeurs, marbriers, lustriers, doreurs ont su exercer leur savoir‐faire. Cette vaste salle de réception devenue, au fil de l'histoire du château d'Eu, la pièce la plus prestigieuse de l'édifice, a ouvert ses portes au public en mars 2012.
    Prix spécial du jury

    Mention spéciale - Les "Rubans du Patrimoine" décorent la richesse des communes

    la Tour de scay
    la Tour de scay © Mairie de la Tour de Scay
    La Tour de Scay, Doubs : réhabilitation du lavoir à impluvium du Beney
    Le lavoir circulaire à impluvium du « beney » a été édifié en 1834 sur un terrain communal où sourdaient de petites sources qui l'alimentent encore aujourd'hui. Implanté dans les prés, il est distant de 400 m du village de la Tour du Scay de 259 habitants.
    Déserté par les laveuses depuis l'arrivée de l'eau courante en 1958, il s'est retrouvé totalement enclavé en plein pré au remembrement de 1970. Un pan de mur a été abattu pour que les bovins puissent aller s'y abreuver. De son côté, l'architecte lui avait donné une forme circulaire afin d'obtenir le plus grand développement possible avec peu d'eau. Il l'avait entouré et couvert afin de mettre autant que possible l'eau et les lavandières à l'abri du vent et de la gelée. Toujours afin de ne perdre aucune goutte d'eau, il avait fait construire le toit en entonnoir afin de recueillir les eaux de pluie. Une cheminée était incorporée dans le mur.

    Une restauration à l'identique

    La municipalité a décidé sa restauration à l'identique, rendue possible grâce à la copie d'un document rédigé par l'architecte de l'époque détenu en mairie. Le maçon a remonté les murs manquants en moellons équarris et a repris la totalité du dallage en camembert. Les corniches manquantes, les bancs circulaires bouchardés, les éléments défectueux du bassin, les corbeaux, la gargouille ont été taillés et installés dans les règles de l'art.
    Ainsi, la charpente massive en chêne a été taillée, assemblée et posée dans l'esprit et le rendu de l'époque. Le bois est issu de la forêt du village. La couverture en entonnoir a été réalisée en petites tuiles plates posées sur un platelage en peuplier. Afin de les protéger, les corniches ont été habillées de plomb. Une ceinture en zinc termine l'entonnoir. Afin de désenclaver le lavoir et lui redonner un accès public, la commune a acheté 30 ares aux abords immédiats. Un parking a été créé à l'entrée de la parcelle et un chemin piétonnier relie le village au lavoir en répondant aux prescriptions relatives à l'accessibilité.
    Mention spéciale - Les "Rubans du Patrimoine" décorent la richesse des communes
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