L'énergie solaire en France

    Publié le 14 février 2008 par Propos recueillis par Céline Chahi.
    Jean-Louis Bal - ADEME - solaire - énergies
    Jean-Louis Bal - ADEME - solaire - énergies © Jacques Le Goff - ADEME
    Le solaire est une énergie émergente en France, oui mais à quel point ? Combien de foyers disposent-ils à ce jour d'équipements solaires ? Quelles économies permettent-ils réellement ? Bilan avec Jean-Louis Bal, directeur des Energies Renouvelable au sein de l'Agence de l'Environnement et de la maîtrise de l'Energie (ADEME).
    MAP : Aujourd'hui, combien de foyers en France sont équipés de manière à récupérer l'énergie solaire ?
    Jean-Louis Bal : En 2006 au niveau de la métropole, 26.000 foyers se sont équipés de chauffe-eau solaires et 3.800 d'un système solaire combiné, alliant eau-chaude sanitaire et chauffage. Pour 2007, nous ne disposons pas encore des chiffres mais seulement d'estimations. Elles tournent autour de 30.000 foyers équipés en chauffe-eau solaires et de 5.500 foyers équipés en systèmes solaires combinés. Depuis le début 2000, c'est environ 93 000 foyers qui se sont équipés d'un chauffe eau solaire et 12 000 d'un système solaire combiné. Au niveau du photovoltaïque, 1.600 foyers se sont équipés en 2006 avec une moyenne d'environ 3 kW par installation. Pour 2007, il semblerait que 3.000 foyers aient opté pour cette solution. En tout, en cumulant les chiffres depuis 2005, date de l'expansion du photovoltaïque en France, on atteint actuellement un chiffre de 5.200 foyers équipés.
    MAP : A quoi selon vous est due cette progression ?
    J-L. B : Le marché du solaire a commencé à se développer à partir de 2000 grâce notamment aux subventions, accordées à cette époque par l'ADEME et les conseils régionaux aux personnes équipées d'installations solaires. Le facteur décisif a été le crédit d'impôt mis en place en 2005 sur les dépenses liées aux équipements. Depuis le 1er janvier 2006, son taux est d'ailleurs passé de 40 à 50 %. En ce qui concerne le photovoltaïque, la mise en place d'un tarif préférentiel de rachat de l'électricité à EDF, allant de 30 à 55 c€/kWh - si les panneaux sont harmonieusement intégrés au bâtiment -a également joué un rôle moteur.
    MAP : Alors justement, comment sait-on que les panneaux sont bien intégrés sur le bâtiment ?
    J-L. B : Ce sont les DRIRE (Directions Régionales de l'Industrie de la Recherche et de l'Environnement) qui sont chargées de décider si l'intégration donne droit au tarif d'achat à 55 c€/kWh. Chacune a en sa possession une description précise des fonctions que doivent remplir les panneaux. Mais les règles d'obtention de ce tarif très préférentiel vont être très prochainement mieux définies. Un comité constitué par le Ministère de l'Ecologie et composé de membres de l'ADEME, du Syndicat des énergies renouvelables et d'architectes, doit se réunir prochainement pour approuver une liste de produits éligibles à cette intégration.
    MAP : Quels sont les avantages à utiliser cette énergie ?
    J-L. B : Avec les aides financières et le crédit d'impôt, le solaire est un investissement rentable sur le long terme. L'installation d'un chauffe eau -solaire engendre par exemple une économie de 150 à 200 euros par an et celle d'un système combiné peut faire économiser entre 60 et 70% par an sur sa facture de chauffage et d'eau chaude. Reste l'option du photovoltaïque. 30 m2 de panneaux produisent en moyenne 3.000 kW/an, ce qui fait - au tarif de 55 c€, une recette de 1.600 €/an pour un investissement de 21.000 € ou plutôt 13.000 € après déduction du crédit d'impôt. Une somme qui sera rentabilisée au bout de 7 ou 8 ans.
    MAP : Les particuliers ont-ils plutôt intérêt à opter pour du solaire thermique ou du solaire photovoltaïque ?
    J-L. B : Tout dépend si la maison est déjà construite ou si elle ne l'est pas encore. Un système combiné eau chaude/chauffage s'adapte très bien au neuf. Par contre, la surface de capteurs est importante - entre 10 et 15 m2 contre 4 à 6 pour un chauffe eau solaire -, il faut donc avoir la place suffisante pour les intégrer sur un toit et ne pas avoir peur de se lancer dans de lourds travaux. Sans oublier que les capteurs solaires n'assureront un bon rendement que s'ils fonctionnent avec des équipements à basse température, comme un plancher chauffant, par exemple. Autre chose concernant l'existant : il faut bien sûr que la maison soit orientée au Sud, avec une marge de 30° à l'est et à l'ouest et naturellement bien isolée. On peut donc sur une maison existante faire coexister un chauffe eau solaire et un générateur photovoltaïque, comme système solaire combiné et générateur photovoltaïque sur une maison à conbstruire.
    MAP : La carte d'ensoleillement de la France permet-elle de développer le solaire sans restriction sur tout le territoire ?
    J-L. B : On ne peut pas nier que selon la région où l'on habite, le rendement ne sera pas le même pour toutes les installations. Ainsi à Nice, en mode photovoltaïque, on va pouvoir produire sans surprise 50% d'électricité en plus qu'à Dunkerque. Avec le solaire thermique, c'est encore un autre cas de figure car il n'est pas toujours évident de faire correspondre sa production avec ses besoins.
    MAP : Peut-on parvenir, grâce au solaire, à rendre sa maison complètement autonome en énergie ?
    J-L. B : Il me semble difficile d'être autonome avec du solaire thermique. En revanche, dans les maisons dîtes passives - très répandues dans les pays nordiques-, il est devenu possible de couvrir l'ensemble des besoins thermiques en combinant le solaire photovoltaïque avec une autre énergie, en maîtrisant les différentes sources de chaleur et en veillant à ce que murs et fenêtres soient bien isolés et présentent une bonne étanchéité à l'air.
    Pour la production d'électricité, il existe déjà quelques milliers d'habitations autonomes grâce au photovoltaïque en zones trop éloignées du réseau électrique, mais qui nécessitent un stockage d'électricité. Il faut bien choisir son type de batterie pour qu'on puisse les charger et les décharger sans qu'elles en souffrent. Et également penser à les renouveler car les batteries ont une durée de vie estimée à seulement 7 ou 8 ans.
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