L'art ancestral du zellige s'exporte dans le monde

    Publié le 10 novembre 2025 par Claire Tardy
    ARTISANAT. L'artisanat marocain s'installe dans les intérieurs du monde entier avec l'art des zelliges. Entre savoir-faire ancestral et innovation, les ateliers d'Aït Manos s'attèlent à faire perpétuer la tradition tout en modernisant ces carreaux faits d'argile pour qu'ils s'adaptent aux maisons d'aujourd'hui.
    Nés au Maroc au Xe siècle, les zelliges sont traditionnellement utilisés pour l'ornementation des palais et monuments du pays. On les retrouve ainsi dans les patios, les bassins, les fontaines, ou encore dans les hammams et les mosquées. Composés d'argile, et protégés par le Label National de l'Artisanat du Maroc et le Label Zellige de Fès, ils tirent leur richesse esthétique de leur émaillage, leur conférant des reflets chatoyants, et de leurs assemblages en figures géométriques.
    On les retrouve souvent accompagnés de leurs cousins les bejmats, une briquette un peu plus épaisse et aux dimensions plus importantes, principalement utilisée en revêtements de sols.
    Le pressage des zelliges
    Le pressage des zelliges © Aït Manos
     

    Un savoir-faire ancestral

    La fabrication des zelliges requiert des gestes précis. L'argile est, dans un premier temps, mélangée à de l'eau pour former une masse homogène et fluide, avant d'être purifiée pour éliminer les éventuels gravats et obtenir une pâte lisse. Vient ensuite le pressage de la pâte dans des moules, puis le séchage avant la cuisson dans un four traditionnel.
    Le carreau obtenu est ensuite émaillé dans la couleur désirée avec ou sans engobe, et cuit une seconde fois avant d'être découpé pour la création de motifs.
    « La couleur est très importante pour nous. Avec notre laboratoire de couleurs, nous avons développé une gamme de 50 teintes. Cette année, nous innovons avec le lancement d'émaux mats. La collection Velvet Matte est ainsi complètement inédite », partage Ghalia Sebti, co-fondatrice de Aït Manos. Avec 70 maâlems, ou maîtres zellige, dans son atelier de Casablanca au Maroc, la société fait perdurer la tradition depuis 30 ans.
    La cuisson des zelliges
    La cuisson des zelliges © Aït Manos
     
    Avantages et inconvénients
    Le charme de leur aspect irrégulier, les zelliges le tirent de la patine de la terre cuite. "Comme beaucoup de choses réalisées à la main, plus les zelliges se patinent, plus l'émail va s'user et gagner en esthétique", estime Ghalia Sebti.
    Elle poursuit en rappelant les limites du matériau : "Comme toutes les terres cuites, les zelliges ne sont pas gélifs et sont déconseillés dans certains extérieurs. S'ils ne sont pas émaillés, il est nécessaire de les hydrofuger pour les protéger et éviter qu'ils s'encrassent. Enfin, on ne les conseille pas sur les sols soumis à un passage important, dans les hôtels notamment, car ils se patineront trop vite."
    Outre leur beauté, l'avantage indéniable des zelliges est leur aspect durable, étant composes d'eau et de terre uniquement.
    La mise en couleur et en mosaïque
    La mise en couleur et en mosaïque © Aït Manos
     

    Entre tradition et innovation

    "Le savoir-faire nécessaire dans l'art du zellige rend son exportation difficile", explique la co-fondatrice d'Aït Manos, qui a donc développé une technique de préassemblage en atelier pour faciliter la pose du matériau. "Les mosaïques ne sont pas livrées en vrac, mais en dalles préassemblées en atelier, prêtes à poser. Elles ne sont pas prèjointées de manière à ce que celui-ci, posé en dernier, se voie le moins possible", détaille Ghalia Sebti.
    Ainsi, les zelliges sont aujourd'hui utilisés dans le monde entier, comme en témoignent les projets présentés dans les pages suivantes.
    Découvrez dans les pages suivantes, en images, différentes utilisations du zellige à travers le monde.
    L'art ancestral du zellige s'exporte dans le monde

    Sur les murs d'une résidence privée au Kenya

    Résidence privée au Kenya
    Résidence privée au Kenya © Aït Manos
    Pour ce projet de résidence privée au Kenya, les zelliges d'Aït Manos ont été acheminés depuis Casablanca et des maâlems ont été envoyés sur site pour garantir une pose respectueuse de leur savoir-faire. Il a ainsi été possible de concilier esthétique, contraintes techniques et intégrité artisanale.
    Sur les murs d'une résidence privée au Kenya

    Au cœur du Palácio Cadaval d'Evora au Portugal

    Palácio Cadaval d'Evora
    Palácio Cadaval d'Evora © Aït Manos
    Nous voici dans le restaurant installé au cœur du Palácio Cadaval d'Evora, au Portugal. Pour sa réalisation, le décorateur français Jacques Grange s'est inspiré de l'artiste sud-africaine Esther Mahlangu, alors de passage dans la ville pour l'exposition « African Passions » en 2018. Elle a notamment peint les colonnes du restaurant, auxquelles s'associent désormais les zelliges posés en chevron sur le sol.
    Au cœur du Palácio Cadaval d'Evora au Portugal

    Dans un restaurant à Seattle

    The Willmott's Ghost
    The Willmott's Ghost © Aït Manos
    L'utilisation des zelliges dans la salle de bain est très plébiscitée, comme le prouvent les toilettes du restaurant The Willmott's Ghost de Seattle, réalisées par l'agence d'architecture Heliotrope Architects et l'architecte d'intérieur Price Erickson. Les nuances de rose reflètent joliment la lumière naturelle.
    Dans un restaurant à Seattle

    Dans la piscine du Royal Mansour de Marrakech

    La piscine du Royal Mansour de Marrakech
    La piscine du Royal Mansour de Marrakech © Aït Manos
    Rappelant l'usage traditionnel des zelliges dans les fontaines des palais, le Royal Mansour de Marrakech a choisi ce matériau pour orner sa piscine.
    Dans la piscine du Royal Mansour de Marrakech
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