Yakisugi : l'art ancestral du bois brûlé

    Mis à jour le 13 mars 2024
    Date de publication et auteurs
    Publié le 7 mars 2024 par Philippe Mougeot
    Le Yakisugi est une technique 100 % naturelle et durable de protection du bois
    Le Yakisugi est une technique 100 % naturelle et durable de protection du bois © Guillaume Le Penher
    SAVOIR-FAIRE. Le Yakisugi est une technique 100 % naturelle et durable de protection du bois. Issu de la culture japonaise, ce procédé consiste à brûler le bois sur une certaine profondeur afin de le rendre beaucoup plus résistant à l'humidité, aux UV, aux insectes xylophages et même aux risques d'incendies. Explications.
    Technique ancestrale de protection du bois, le Yakisugi, ou Shou Sugi Ban, est aussi une solution esthétique et originale pour teinter vos planches de bardage ou vos lames de palissades. Le principe est assez simple : les planches sont brûlées sur environ trois à cinq millimètres de profondeur selon un procédé spécifique, puis les flammes sont éteintes avec de l'eau et la surface du bois est brossée afin d'en retirer les résidus. Le résultat immédiat donne un effet écailles qui peut être rendu plus lisse en accentuant le brossage.
    Ce résultat esthétique représente déjà une excellente raison d'opter pour du Yakisugi, mais ce n'est pas son intérêt principal. En effet, le brûlage crée une couche carbonée qui resserre les fibres du bois et qui élimine l'amidon. "L'amidon, c'est le côté sucré de la composition du bois. Il y a l'amidon et la lignine qui est la fibre dure. Donc l'amidon est brûlé, ce qui fait que les champignons et les insectes n'ont plus aucun intérêt à venir manger le bois, il n'y a plus rien à manger", comme nous l'explique Guillaume Le Penher du site internet Sol-Eco, spécialisé dans la protection du bois.
    Cet ébéniste sculpteur formé chez les Compagnons du Devoir ajoute que "Cette couche de carbone va rendre le bois plus imperméable... faire évaporer l'eau plus vite donc éviter aussi des mécanismes de gonflement et de retrait en fonction de l'hygrométrie du bois. Pour un bardage, c'est assez intéressant."
    Le Yakisugi permet donc au bois de se prémunir des attaques d'insectes xylophages et des moisissures, de présenter une excellente résistance à l'humidité et d'être moins sensible au feu grâce à la densité de la couche carbonée. Le tout en offrant un rendu original et dont la modernité reste surprenante pour un procédé séculaire.
    De plus, cette technique restreint l'entretien à apporter au bois. Finis les passages de lasure ou de vernis tous les trois à cinq ans. Une simple couche d'huile tous les 15 ans suffira à conserver l'intégrité de votre bois brûlé.
    Toutes les essences sont-elles adaptées?
    Dans Yakisugi, comme dans Shou Sugi Ban, il y a "Sugi" qui signifie "cèdre japonais". Voilà l'essence de bois de prédilection pour cette méthode. Cependant, sous nos latitudes, le mélèze ou le Douglas seront plus faciles à dénicher et conviendront très bien.
    Techniquement, toutes les essences peuvent être brûlées, mais certaines n'en retireront pas d'autres avantages que la finition esthétique, car comme l'indique Guillaume Le Penher : "Il est évident qu'on ne va pas se mettre à brûler de l'ipé ou du cumaru, des bois tropicaux qui sont déjà extrêmement résistants, ça n'aurait pas de sens."

    Quelles méthodes pour réaliser des planches en Yakisugi ?

    La méthode traditionnelle pour réaliser du bois brûlé consiste à assembler trois planches de dimensions identiques de façon à former un cône triangulaire à l'allure de conduit de cheminée. Du fil de fer épais convient pour les maintenir solidaires. On allume ensuite un feu à la base de ce cône afin que les flammes viennent lécher la surface du bois sur toute la hauteur des planches. La durée de brûlage dépend de la nature du bois et de la finition désirée, mais n'excède pas quelques minutes.
    Ce procédé reste le plus efficace et aussi le plus complexe, comme le confirme Guillaume Le Penher : "La technique traditionnelle de cheminée donne une belle écaille parce que c'est un feu assez vif. Mais elle est assez compliquée à maîtriser. Il faut un petit savoir-faire quand même pour retourner au bon moment, ouvrir sur les côtés pour faire rentrer assez d'oxygène et en même temps pas trop pour que la planche ne brûle pas complètement. Il faut aussi retourner cette cheminée pour que ça brûle bien de haut en bas."
    Une autre solution, davantage accessible aux néophytes, consiste à installer les planches sur un support puis à les brûler au chalumeau. La réalisation est plus longue, mais il devient ainsi facile d'apporter une belle homogénéité sur toute la surface de la planche. Le chalumeau est aussi la méthode toute trouvée si vous souhaitez rénover un meuble ancien selon la méthode du Shou Sugi Ban.
    Enfin, si vous n'avez pas l'envie ni la patience de procéder au brûlage par vous-même, il existe de nombreux ateliers qui vous proposent des planches de bois brûlé réalisées en usine.
    Yakisugi : l'art ancestral du bois brûlé
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