Conseils pour jardiner sans engrais ni pesticides

    Mis à jour le 24 avril 2020
    Date de publication et auteurs
    Publié le 4 juin 2012 par Rouba Naaman-Beauvais
    Les produits chimiques n'ont plus la cote au jardin ni au potager ! Pour réapprendre à laisser faire la nature, et vous passer d'engrais et de pesticides, découvrez les conseils malins et facile à mettre en oeuvre de notre guide pratique.
    L'avènement du bio n'est pas réservé à l'agriculture ! Le jardinage s'y met également, et entretenir son potager sans utiliser de pesticides est devenu un rêve pour beaucoup de Français.

    Jardinier "bio", c'est avant tout limiter l'utilisation de ces produits, dits "phytosanitaires" : engrais, pesticides, insecticides, désherbants, etc. Mais la démarche est plus complexe, comme l'explique Jean-Marc Muller, président du Conseil national des jardins collectifs et familiaux (CNJCF) : "On ne peut pas passer d'un jardin traditionnel à un jardin bio du jour au lendemain, il faut recréer le microcosme de la flore, rétablir les phénomènes naturels".

    Il faudra donc vous armer de patience, afin que la nature reprenne ses droits sur votre petit lopin de terre. Patience également, puisqu'il vous faudra apprendre de nouveaux gestes et prendre de nouvelles habitudes. "Le jardinage raisonné, c'est l'anticipation : on n'attend plus que la plante soit malade pour agir, on travaille en amont, pour maintenir l'ensemble du jardin en bonne santé, pour réduire les risques de maladie" explique Jean-Marc Muller. Notre spécialiste vous confie quelques conseils pour jardinier bio.


    Bien choisir les espèces à planter


    Jardinier bio, "c'est aussi jardiner de manière intelligente" insiste Jean-Marc Muller. Pour maintenir son jardin en bonne santé toute l'année, sans utiliser de produits phytosanitaires, il faut rétablir un équilibre naturel entre la flore et la faune. Pour cela, vous devez vous plier à certaines contraintes de la nature :
    • le climat : votre jardin sera plus facilement vert si vous optez pour des variétés adaptées au climat. On évitera, ainsi, de planter un olivier (qui a besoin de lumière) dans le nord de la France, ou des hortensias (qui ont besoin de beaucoup d'eau et ne supporte pas le soleil) dans le sud ;
    • la nature du sol : certaines plantes préfèrent les terrains acides, d'autres les terrains alcalins. En cas de doute, vous pouvez apporter un échantillon de votre terre dans un magasin de jardinage, qui la fera tester pour vous. A défaut, tentez une observation visuelle : pressez de la terre humide dans votre main, "si elle forme une boule, c'est une terre plutôt argileuse, sinon elle est plutôt sableuse" explique Jean-Marc Muller ;
    • l'orientation du terrain : orienté plein sud, sans ombrage possible, le jardin ne pourra pas décemment accueillir certaines espèces qui ne supportent pas les rayons directs du soleil, comme les rhododendrons ou les pervenches ;
    • la présence d'autres espèces déjà plantées : l'observation des plantes qui poussent naturellement dans votre jardin est un bon indicateur de la qualité du sol, de la présence d'eau, etc.

    Choisissez des plantes résistantes aux maladies les plus courantes qui touchent leur espèce.

    N'oubliez pas que la nature est bien faite : certaines variétés de plantes cohabitent mieux que d'autres, il vaut mieux donc se renseigner et planter ses semis en fonction des affinités des espèces. "Les œillets d'Inde produisent une substance qui fait fuir les nématodes, des vers qui attaquent les plants de tomates. Installez ces deux espèces côte à côte, et elles s'entraideront naturellement" conseille Jean-Marc Muller.

    Bien aménager son jardin pour anticiper les problèmes


    Le meilleur moyen de ne pas utiliser de pesticides, c'est de faire en sorte de ne pas en avoir besoin ! Et pour avoir un jardin en bonne santé, quelques règles de bases sont à respecter :

    • Respectez les dates de semis conseillées par le semencier ou votre jardinerie ;
    • Veillez à maintenir une distance minimale entre chaque plante ;
    • Arrosez bien, et au bon moment : "on arrose les pieds, et non les feuilles, idéalement le matin, pour que les plantes profitent de l'eau sans souffrir de l'humidité" explique Jean-Marc Muller. Un sol sableux s'arrose souvent mais en petite quantité, tandis qu'un sol argileux s'arrose plus mais moins souvent ;
    • Appliquez une rotation des plantes : "les familles de végétaux n'ont pas le même appétit ni les mêmes maladies" précise Jean-Marc Muller. Changer régulièrement les espèces plantées sur un terrain laissera le temps à la terre de se recharger en nutriments, tout en empêchant les nuisibles de se multiplier tranquillement ;
    • Mélangez les plantations : "les ravageurs se dirigent à l'odeur et à la couleur, explique Jean-Marc Muller. Si vous plantez des carottes sur un are, le nuisible les trouvera plus facilement que si vous fondez une rangée de carottes entre des rangées de radis et de courgettes". Des astuces simples à mettre en place, et efficaces.

    Repousser les nuisibles naturellement


    "L'infestation la plus facile à traiter, c'est celle que l'on a évitée" affirme Jean-Marc Muller. De ce credo, il tire quelques conseils facile à appliquer et efficaces, pour un jardin sain toute l'année.

    Réservez un coin aux herbes folles et aux orties, aménagez une mare, et installez des haies qui fleurissent à des dates différentes. En respectant ces quelques règles, vous favoriserez l'implantation des insectes et animaux utiles aux plantes. "On se fait aider par la nature" souligne Jean-Marc Muller. Les coccinelles et les forficules (ou pince-oreilles) dévorent les pucerons, les hérissons s'attaquent aux limaces et escargots, les oiseaux picorent les semis mais ils mangent aussi certains ravageurs, et même les couleuvres sont des amis du jardinier !

    Si toutes ces précautions ne suffisent pas, et que certaines essences se font attaquer par des nuisibles, des solutions simples existent :
    • Utilisez des moyens mécaniques pour protéger les plantes, comme des filets fins pour éviter que les larves ne se déposent sur les feuilles, ou des colliers anti-fourmis qui empêchent les insectes de grimper dans les arbres (et d'attirer, ensuite, les pucerons) ;
    • Vous pouvez aussi mettre la main à la pâte, et bricoler vous-même des pièges. "Enterrez une bouteille au ras du sol, et versez-y un peu de bière : elle attirera les limaces" suggère Jean-Marc Muller ;
    • En dernier recours, si votre jardin souffre trop des attaques répétées, rabattez-vous sur des produits anti-nuisibles portant la mention d'un label biologique "AB" ou "label bio européen", ou encore de la certification "Nature & Progrès".

    Protéger les plantes intelligemment


    "L'herbicide est le pire des pesticides" soutient Jean-Marc Muller. Maintenir quelques herbes folles dans le jardin est d'ailleurs bénéfique pour recréer un écosystème performant et équilibré pour vos plantes.

    Si, malgré tout, vous souhaitez vous débarrasser des herbes disgracieuses, sur les bords de votre terrasse par exemple, optez pour... l'huile de coude ! Le désherbage mécanique, à l'aide d'un sarcloir ou d'une binette, ou thermique, à l'aide d'un désherbeur à gaz par exemple, est efficace et indolore pour le reste du jardin.

    Un autre ami du jardinier bio est le paillage, c'est-à-dire la protection du sol par des éléments organiques. "Le paillage maintient l'humidité et élimine les mauvaises herbes, c'est un véritable atout" explique Jean-Marc Muller. Des produits prêts à l'emploi existent, mais vous pouvez à défaut utiliser les tontes de gazon que vous aurez préalablement fait sécher.

    Fabriquer soi-même des produits pour enrichir la terre


    Exit les engrais, place au compost ! A la campagne, mais aussi à la ville, dans des conteneurs dédiés ou dans des bacs de lombricompostages, voici quelques astuces pour obtenir un compost riche pour bien nourrir la terre :
    • Faites attention à la composition du compost : "un bon compost doit être équilibré en carbone et en azote, ni trop humide ni trop sec" explique Jean-Marc Muller. L'azote se trouve dans toutes les matières vertes (légumes, herbes, épluchures), le carbone dans les éléments comme la paille, le bois non traité, etc. Vous pouvez également mettre dans votre compost des coquilles d'œuf, du marc de café, ainsi que la taille des haies bien broyées.
    • Evitez les agrumes, qui dégagent de l'acide, les végétaux malades, les déchets de viande et poisson, et les excréments d'animaux domestiques, porteurs de pathogènes ;
    • Remuez votre compost tous les mois pendant au moins six mois ;
    • Vérifiez qu'il reste légèrement humide sans être détrempé, et ajoutez-le à la terre à l'automne.

    Les jardiniers les plus expérimentés - et les druides en herbe - pourront s'adonner à la réalisation de d'amendements et de décoctions comme le célèbre purin d'ortie par exemple. "Ce ne sont pas à proprement parler des engrais, mais plutôt des phytostimulants, qui aident la plante à se défendre" explique Jean-Marc Muller. Comme une sorte de vitamine pour végétaux !

    Certains amendements sont des répulsifs naturels pour les nuisibles. Notre expert partage sa recette : l'ortie, soigneusement cueillie et hachée, macère dans de l'eau de pluie pendant 6 à 12 jours. "Brassez une à deux fois par jour pendant trois semaines : des bulles apparaissent" explique-t-il. Lorsque le bouillonnement cesse, filtrez et ajoutez cette décoction à l'eau d'arrosage.

    A défaut, des engrais d'origine naturelle existent. Ils sont également estampillés "bio". Mais le propre du jardinage raisonné est de se passer de tout produit. "Arrêtons d'être intransigeants ! Pour jardinier bio, il faut accepter d'avoir des fruits moins beaux et moins gros, et admettre qu'ils sont de bien meilleure qualité" conclut Jean-Marc Muller.

    Pour en savoir plus sur le jardinage sans produits phytosanitaires : www.jardiner-autrement.fr


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