Grenelle 2 : les mesures phares du texte de loi

    Publié le 11 mai 2010
    Les députés ont voté mardi, par 314 voix contre 213, le texte de loi portant "engagement national sur l'environnement", dit Grenelle 2. L'examen de près de 300 articles s'est achevé la semaine dernière avec l'adoption d'articles fondamentaux, comme celui sur les énergies renouvelables, les bâtiments, l'urbanisme ou la biodiversité. Détails.
    Après bien des débats animés, les députés de l'Assemblée nationale ont voté mardi, par 314 voix contre 213, le projet de loi du Grenelle 2. Les Verts et les Socialistes ont voté contre. Jean-Louis Borloo, ministre de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable, et de la Mer, en charge des Technologies vertes et des Négociation sur le Climat a déclaré dans un communiqué "c'est un texte majeur qui vient d'être adopté. Confirmant les objectifs du Grenelle 1 qui permettait à la France de rattraper son retard en matière de développement durable, et de préparer l'avenir, le Grenelle 2 permet à la France de prendre une longueur d'avance dans l'ensemble des secteurs de la croissance verte."
    Au terme d'un examen des textes qui s'est déroulé dans la nuit de vendredi à samedi dernier, la plupart des articles ont pu être débattu, certains ayant donné du fil à retordre.
    Une commission mixte paritaire (CMP) Assemblée-Sénat sera prochainement convoquée pour instaurer un texte qui sera soumis ensuite aux deux assemblées en vue d'un vote définitif.

    Energie éolienne

    Et première pomme de discorde : l'éolien. A l'issue d'un débat qui aura duré plus de cinq heures, la majorité UMP a finalement reculé sur une des dispositions contestées sur l'éolien, qui aurait imposé un seuil énergétique minimum de 15 MW pour les nouvelles implantations de fermes. Celui-ci, de l'avis de nombreux députés de tous bords, allait entraîner l'abandon de la moitié des projets en cours, qui n'atteignent pas ce seuil de puissance. En revanche, le seuil de 5 mâts minimum par installation, à une distance d'au moins 500 mètres des premières habitations, a été maintenu. Enfin, pour atténuer les vives polémiques qui ont fait rage ces dernières semaines sur l'éolien (lire article), le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, a tenu à rassurer et conforter les engagements du gouvernement : il a ainsi promis d'édifier au moins "500 machines électrogènes par an". Dans la même veine, il s'est engagé à "présenter un rapport au Parlement sur le développement de l'énergie éolienne" dans les trois ans. Les professionnels du secteur, et le Syndicat (SER) en tête, ont salué les avancées en faveur du développement des énergies renouvelables, "même si elles ne répondent pas à toutes les attentes", a souligné un communiqué. Ainsi, parmi les mesures contestées, la soumission des éoliennes au régime des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE). "C'est une procédure qui date de 1810, qui est parfaitement éprouvée, maîtrisée et sécurisée", a indiqué Jean-Louis Borloo à l'AFP, en faisant valoir que même les stations-services et les blanchisseries y sont soumises !
    Pour clore sur les énergies renouvelables, le SER a également approuvé une série de dispositions favorables au développement des ENR, comme la mutualisation des coûts de raccordement, la création d'un tarif d'injection pour le biogaz, la confirmation par voie législative des nouveaux tarifs d'achat pour l'électricité produite par le photovoltaïque, l'extension aux collectivités locales du bénéfice des tarifs d'achat, et l'instauration d'un délai maximum pour le raccordement des installations de production d'énergies renouvelables de moins de 36 kVA par les particuliers.
    Grenelle 2 : les mesures phares du texte de loi

    Bâtiment et urbanisme

    Un bâtiment tertiaire équipé de LED
    Un bâtiment tertiaire équipé de LED
    Bâtiment et urbanisme
    L'amélioration de la performance énergétique des bâtiments reste une préoccupation fondamentale du Grenelle 2, avec pour objectifs la construction de bâtiments basse consommation et la réduction de la consommation d'énergie du parc ancien de 38% d'ici à 2020. C'est pourquoi le texte étend le dispositif du diagnostic de performance énergétique, en faisant figurer les audits énergétiques dans les annonces immobilières.
    Concernant l'accessibilité des bâtiments, et le dépôt d'amendements la semaine dernière visant à introduire des dérogations à l'obligation de rendre tous les bâtiments neufs accessibles (lire article), les professionnels et associations se réjouissent que les textes aient été retirés avant la séance ou n'aient pas été soutenus lors du débat.
    Côté urbanisme, un houleux débat a eu lieu à l'Assemblée, qui finalement a rejeté un amendement proposant que "les communautés de communes et les communautés d'agglomération deviennent compétentes pour l'élaboration des Plans locaux d'urbanisme (PLU)" à l'horizon 2018. En refusant de céder sur le pouvoir des maires, la majorité des députés s'est opposée à une mesure voulue par plusieurs responsables de l'UMP et soutenue par le gouvernement. A ce titre, Benoist Apparu a estimé que "si demain nous souhaitons organiser l'urbanisme commercial, il sera bien difficile d'imaginer que cela se fasse dans le cadre de plans locaux d'urbanisme communaux (...) C'est bien à l'échelle du bassin de vie que doit s'organiser l'ensemble de l'urbanisme".
    Lors de l'examen du titre "Bâtiment et urbanisme", un amendement vise également à rendre obligatoire l'insertion d'une annexe environnementale pour les baux conclus ou renouvelés portant sur des locaux de plus de 2.000 m2 à usage de bureaux ou de commerces ou sur des locaux commerciaux situés à l'intérieur d'un centre commercial. Le contenu de cette annexe sera défini par décret. Le nouvel article L. 125-9 du Code de l'environnement, précise également que "le preneur et le bailleur relèvent chacun les consommations énergétiques réelles en énergie finale qui sont dans leur champ de responsabilités. Si le preneur n'est pas propriétaire des locaux, il fournit chaque année au bailleur les consommations énergétiques relatives à ces locaux. Le preneur et le bailleur se communiquent mutuellement toutes informations utiles relatives aux consommations des locaux loués. Le preneur permet au bailleur l'accès aux locaux loués pour la réalisation de travaux d'amélioration de la performance énergétique". Ces dispositions devraient prendre effet à partir du 1er janvier 2012 pour les baux conclus ou renouvelés à partir de cette date, et dans les trois années après l'entrée en vigueur de la loi Grenelle 2 pour les baux en cours.
    Bâtiment et urbanisme

    Biodiversité - Grenelle 2 : les mesures phares du texte de loi

    Vue du ciel
    Vue du ciel © Syndicat Mixte Baie du Mont-Saint-Michel
    Biodiversité
    Avec la création de la Trame verte et bleue (TVB), la loi Grenelle 2 offre un statut de protection de la nature inédit en France. Ainsi, elle obligera désormais à tenir compte de la biodiversité avant tout grand chantier. L'objectif est "d'enrayer la perte de biodiversité en participant à la préservation, à la gestion et à la remise en bon état des milieux nécessaires aux continuités écologiques", précise le texte. Déjà actée au Grenelle 1, la trame verte (sur terre) et bleue (cours d'eau) vise à faciliter la circulation sur tout le territoire des espèces sauvages - plantes et animaux - afin de protéger la diversité du vivant. Elle sera constituée de grands espaces naturels et de corridors les reliant entre elles ou servant de zones tampons.
    "C'est la plus grande avancée de cette loi. C'est la partie dont on se souviendra quand on parlera du Grenelle dans cinq ans", a estimé Arnaud Gossement du Réseau Environnement et droit, à l'AFP. Dorénavant, avant de construire des infrastructures, il faudra veiller à ne pas rompre ces bio-corridors, qui seront également inscrits dans des schémas régionaux de cohérence écologique. Toutefois, les infrastructures de type autoroutes et lignes à grande vitesse, gérées par l'Etat, devront seulement être « compatibles » avec la TVB.
    La question des pesticides a soulevé bien des controverses. Désormais, tout nouveau retrait d'un produit phytosanitaire soit être précédé d'un avis de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments, et surtout d'une évaluation des effets socio-économiques et environnementaux. L'Opposition a estimé qu'il s'agissait d'un "recul formidable", alors que le gouvernement assurait que les engagements du Grenelle sur ce sujet étaient tenus.
    Enfin, un article n'aura pas pu faire débat lors de l'examen du texte, faute de temps : celui qui supprime purement et simplement la procédure d'enquête publique pour toutes les demandes d'augmentation des rejets radioactifs et chimiques et de prélèvements d'eau des installations nucléaires. Expédié en fin de séance, il sera donc inscrit dans la loi Grenelle 2 quasi sans débat public.
    Biodiversité - Grenelle 2 : les mesures phares du texte de loi
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