Des appareils électroménagers et électriques fabriqués pour durer volontairement moins longtemps ?

    Publié le 20 septembre 2010 par Pauline Polgar
    A l'occasion des Assises nationales des déchets en fin de semaine dernière, la polémique autour de l'obsolescence programmée des appareils électroniques et électroménagers - soit le fait qu'ils seraient volontairement fabriqués pour durer moins longtemps - a ressurgi avec la publication d'une étude des associations Les Amis de la terre et le Cniid. Détails.
    Des ménages suréquipés qui pourtant, renouvellent leur électroménager souvent ; des appareils à la durée de vie passée de 10/12 ans à 6/8 ans en moyenne ; des pannes qui se multiplient sur des appareils parfois pensés pour être indémontables et/ou des pièces de rechange introuvables ; des réparateurs non formés... Pour les associations Les Amis de la Terre et le Cniid (Centre national d'information indépendantes sur les déchets), l'on ne peut plus ignorer ce phénomène : les appareils électroniques et électroménagers sont conçus désormais pour durer moins longtemps que ceux de nos grands-parents. Et de parler ainsi d'"obsolescence programmée".
    Dans leur étude "L'obsolescence programmée, symbole de la société du gaspillage - le cas des appareils électriques et électroniques" - publiée à l'occasion des Assises nationales des déchets qui se sont tenues en fin de semaine dernière à Paris - ces associations s'interrogent en effet sur la mise en place de stratégies délibérées visant à réduire la durée de vie des produits qui, précisent les auteurs, Marine Fabre et Wiebke Winkler, "augmentent considérablement le volume des déchets" et contribuent "à l'épuisement des ressources naturelles."

    Qu'est-ce que l'obsolescence programmée ?

    L'obsolescence programmée est définie dans l'étude comme "le processus par lequel un objet devient obsolète pour un utilisateur donné, parce que l'objet en question n'est plus 'à la mode' ou qu'il n'est plus utilisable." Une stratégie "planifiée", pensée dès la conception par le fabricant, qui crée ainsi "en permanence chez le consommateur un besoin concret (l'appareil ne fonctionne plus) ou le sentiment du besoin (l'appareil ne plaît plus) de racheter de nouveaux biens." Et de s'inquiéter d'autant plus aujourd'hui, de cette tendance à vouloir, sous prétexte de mettre sur le marché des produits plus performants sur un plan environnemental, pousser le consommateur à renouveler ses appareils. Comme de jouer sur une technologie toujours plus à la pointe afin de créer ce besoin : l'informatique, la téléphonie et la télévision étant des secteurs particulièrement concernés.
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    Une co-responsabilité fabricants, distributeurs, consommateurs

    Pour les auteurs, les fabricants ne sont pas les seuls coupables. Les distributeurs - dont un certain nombre a été interrogé par l'étude - jouent notamment sur le "dilemme économique entre réparation et rachat d'un équipement neuf", souvent à prix équivalent, voire moins important. L'étude pointe du doigt également un service après vente qui reste "largement perfectible". Plus largement, la diminution de la durée de vie des appareils s'explique selon les auteurs de l'étude, par une "coresponsabilité des trois principaux acteurs : fabricants, distributeurs et consommateurs", dont les comportements doivent évoluer.
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    Penser de nouveaux modes de vie ?

    Quelles actions sont dès lors envisageables ? Pour les Amis de la Terre et le Cniid, il convient de "redonner une vraie valeur aux biens" et de "renforcer les services". Et de dresser des recommandations, voire des pistes pour de nouveaux modes de vie, tant pour les consommateurs que pour les fabricants, les distributeurs et les pouvoirs publics.
    Pour les premiers, cela pourrait passer ainsi par l'adoption d'un "mode de vie plus sobre", privilégier le réemploi, la qualité et, pourquoi pas, envisager la mutualisation des biens, comme les machines à laver dans les immeubles. Pour les entreprises, non seulement le secteur du recyclage est perfectible, de même que celui de l'éco-conception, mais d'autres pistes, comme l'économie des services - les consommateurs n'achèteraient que le service et non plus le bien - ou la mutualisation, seraient encore à explorer. Enfin, selon l'étude, les pouvoirs publics devraient également prendre des engagements : imposer l'affichage de la durée de vie des produits aux fabricants, étendre la garantie sur les biens de consommation à dix ans, améliorer le dispositif de recyclage des déchets, ainsi que soutenir la réparation et encadrer la publicité.
    L'étude complète sur l'obsolescence programmée est à retrouver en ligne sur le site des Amis de la Terre
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    Réaction des fabricants

    La polémique sur l'obsolescence programmée n'est pas nouvelle. En février dernier, un sujet intitulé "TV, Hi-fi, électroménager... le grand bluff" diffusé dans l'émission Envoyé Spécial - dont la journaliste, Linda Bendali, a été interrogée dans le cadre de l'étude des Amis de la terre - a fait grand bruit. De même, l'UFC-Que choisir revenait en mai dernier sur l'étiquetage environnemental des produits, contestant son efficacité dans les termes actuels.
    Le Groupement Interprofessionnel des Fabricants d'Appareils d'équipement ménager (GIFAM), interrogé par Maison à part, renvoie d'ailleurs pour l'instant à ses réponses apportées lors de ces précédentes affaires. Dans un communiqué du 11 mars 2010, son président, Jean-Jacques Blanc expliquait ainsi que les fabricants ne ménagent pas leurs investissements, notamment dans le secteur de la recherche, pour produire des technologies durables et favoriser le recyclage des produits. En ce qui concerne la réparation, les efforts sont également là : les pièces de rechange en électroménager sont par exemple stockées 10 ans après l'arrêt de production et les fabricants financent des programmes spécifiques de formation pour les intervenants réparateurs. Pour ce qui est de la durée de vie des appareils elle-même, Jean-Jacques Blanc rappelait qu'il ne fallait pas oublier que les usages eux-mêmes ont changé, plus que la durée. Et de citer exemple du lave-linge, fabriqué pour durer un certain nombre de cycles - environ 2500, comme dans les années 70 - et dont l'usage s'est beaucoup intensifié - "4 à 5 lavages par semaines, contre 2 à 3 dans le passé" - réduisant donc de fait sa durée de vie, même si elle reste d'environ dix ans. Pour lui, il est ainsi "pour le moins fantaisiste de prétendre que 'les fabricants ont imaginé dès la fabrication, des techniques pour écourter la durée de vie des appareils'." La filière de revalorisation des déchets est enfin, explique le Gifam, l'une des plus performantes d'Europe : "le secteur de l'électroménager n'a pas attendu le Grenelle de l'environnement pour témoigner de son sens des responsabilités dans ce domaine", précise Jean-Jacques Blanc.
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