Humidité dans la maison : la détecter et la traiter

    Publié le 7 septembre 2017 par Céline Chahi Bechkri
    Exemple de mur envahi par les moisissures
    Exemple de mur envahi par les moisissures © Humidistop
    Condensation sur les fenêtres, murs détrempés, qui s'effritent, moisissures, odeurs désagréables... L'humidité peut engendrer des dégradations importantes dans les maisons si elle n'est pas traitée. Comment la détecter et la traiter ? Réponses.
    L'humidité, un véritable fléau qui touche près de la moitié des logements en France. Et, contrairement à ce qu'on pourrait penser, elle ne concerne pas que les logements anciens. "Le phénomène se développe de plus en plus dans le neuf car les logements sont de plus en plus isolés et hermétiques", confirme William Coignard, expert en humidité dans les bâtiments, certifié par l'institut de l'expertise judiciaire de Paris. "L'humidité est, de loin, le problème le plus évoqué par les propriétaires et usagers de maisons anciennes et récentes, qu'ils en subissent directement les effets ou craignent d'en être un jour les victimes", poursuit-il. Et pour cause : dans une maison trop hermétique, l'air peine à se renouveler, créant un terrain fertile au développement de l'humidité.
    Problème de ventilation dans le logement, infiltrations d'eau par un point sensible de l'enveloppe du bâtiment, remontées capillaires dues à l'absence de vide-sanitaire, dégâts des eaux... Plusieurs facteurs peuvent être à l'origine du phénomène, il est donc important de bien les identifier avant d'agir. Afin de mettre en place la ou les solutions adaptées, il est d'ailleurs conseillé de faire réaliser un diagnostic complet auprès d'un professionnel spécialisé.
     
    Bon à savoir : En cas d'achat ou de vente d'un logement, on préconise plutôt de faire réaliser une expertise humidité. Cette dernière pourra, en cas de litiges avec un tiers, être utilisée comme un document recevable dans un tribunal.
    Avant/Après : mur asséché
    Avant/Après : mur asséché © Humidistop
     

    Quels dangers pour le logement et ses occupants ?

    L'humidité peut causer d'importants dommages aussi bien à l'intérieur des logements - peinture qui s'abîme, le papier peint qui se décolle, les poutres et autres éléments en bois qui se détériorent et pourrissent - qu'à l'extérieur : crépi qui s'effrite, façade détrempée... Si dans certains cas, les dégâts ne sont que des dégâts de surface, dans d'autres, les choses peuvent être plus graves. L'humidité peut aller jusqu'à mettre en péril la solidité des édifices et entraîner de gros travaux de remise en état.
    Au-delà de ces dégradations, les logements atteints d'humidité offrent une image peu reluisante : moisissures, champignons, tâches d'humidité, auréoles de couleur foncées... Des qui sont difficiles à cacher et qui, même lorsqu'ils le sont, finissent toujours par réapparaitre.
    Parallèlement, l'humidité peut également causer des problèmes de santé chez les occupants : rhumatismes, arthrose, asthmes, allergies, affections respiratoires... Comme le rapporte William Coignard, d'après une enquête de l'Institut Pasteur, "près de 85 % des asthmes, des bronchites et des rhinites seraient dus à des habitations trop humides".
    Pour couronner le tout, elle engendre également une sensation désagréable, notamment de froid et de mouillé qui peut s'avérer gênante au quotidien. Gênante et surtout coûteuse car, pour se sentir mieux, les habitants vont avoir le réflexe d'augmenter la température de leurs appareils de chauffage. Résultat : des factures qui s'envolent et une situation qui ne se règle pas.
    Illustration d'une remontée capillaire
    Illustration d'une remontée capillaire © Humidistop
     

    Comment détecter l'humidité ?

    Le phénomène de l'humidité prend trois formes différentes : la condensation, les infiltrations et les remontées capillaires. Chacune d'entre elles s'accompagne de manifestations particulières, voici lesquelles :

    Gouttelettes sur les fenêtres = condensation

    La condensation est un phénomène fréquent dans nos maisons, les neuves comme les anciennes, et surtout dans celles qui sont trop bien isolées ou mal aérées. L'humidité présente naturellement est mal ventilée ce qui engendre des gouttelettes, visibles sur les fenêtres et les murs.

    Auréoles sur les murs = infiltrations

    Les infiltrations d'eau s'expliquent par un passage d'eau dans la toiture ou dans les murs de la maison autrement dit par une défaillance de l'étanchéité du bâtiment. Résultat : les parois se gonflent d'eau et des auréoles apparaissent sur les murs ou au sol.

    Effet mouillé au niveau des soubassements = remontées capillaires

    Les remontées capillaires ne touchent que les logements anciens, construits avant 1959. Elles peuvent toutefois apparaître de manière exceptionnelle dans certains bâtiments construits en auto-construction. Elles apparaissent lorsque de l'eau provenant du sol remonte dans les murs. Une remontée "anormale" qui s'explique par l'absence de vide-sanitaire. Véritables éponges, les murs absorbent l'eau parfois jusqu'à 1,5 mètre de hauteur. Sur la façade, les remontées se reconnaissent à un effet mouillé au niveau des soubassements et à l'intérieur, les plinthes se décollent et les enduits s'effritent.
     
    Bon à savoir : Attention toutefois car l'humidité n'est pas toujours visible. Dans certains cas, elle n'est détectable qu'à l'odeur, une odeur désagréable, de moisi, doit alerter les propriétaires du logement. En général, elle que l'on ouvre les placards et s'imprègnent dans le linge de maison.
    Enfin, l'humidité peut bien évidemment aussi être causée de manière accidentelle : dégâts des eaux, inondations... A la clé, des dégâts souvent importants qui nécessitent une prise en charge urgente de la part de son assureur.
    Procédé électronique contre l'humidité des murs
    Procédé électronique contre l'humidité des murs © Humidistop
     

    Comment traiter l'humidité ?

    - La ventilation naturelle

    La ventilation naturelle est primordiale dans un logement. Pour traiter l'humidité, le premier réflexe à avoir est donc de vérifier que le logement bénéficie d'une bonne aération et que les appareils censés renouvelés l'air intérieur fonctionnent bien. "Pour s'en assurer, rien de plus simple, indique William Coignard, il suffit de placer un mouchoir devant la grille d'aération. S'il se colle contre elle, c'est que le dispositif est opérationnel, le problème ne vient donc pas de là". Pour favoriser la circulation de l'air, l'expert rappelle également que les fenêtres doivent être équipées d'aérateurs intégrés et les portes être détalonnées : de 1,5 cm par rapport au sol pour les pièces dites sèches et de 2,5 cm pour les pièces d'eau. "Des dispositifs simples qui ne sont pas toujours présents, même dans les maisons neuves", déplore William Coignard.
    - La ventilation mécanique de l'air : VMC, VMC double flux, VMI...
    Le principe d'une ventilation mécanique est simple : remplacer l'air vicié présent dans les pièces par de l'air plus frais provenant de l'extérieur. "En apportant un air de qualité et en rejetant l'air humide et vicié qui est difficile à chauffer, la ventilation améliore l'efficacité du chauffage et génère d'importantes économies d'énergie", explique William Coignard. Reste à choisir entre la VMC, VMC double flux, VMI... Des systèmes de ventilation différents qui présentent un certain nombre d'avantages et d'inconvénients. Avant de choisir, mieux vaut donc bien se renseigner. La VMC par exemple. Si elle offre un excellent rapport qualité/prix, elle ne traite que les pièces d'eau (salle de bain, cuisine, toilette). "Si vous avez de l'humidité dans les chambres ou les pièces de vie (salon, salle à manger, chambre), malheureusement la VMC ne suffira pas", alerte William Coignard.

    - Les absorbeurs chimiques

    Ventiler ne suffit souvent pas à rétablir une hygrométrie normale dans la maison. On peut alors installer des absorbeurs chimiques dans les pièces les plus touchées. La solution est idéale pour les pièces difficile ou impossible à ventiler, comme les caves ou les buanderies.
    Le concept a été inventé en France par Jean Vasseur : utiliser des sels minéraux (le plus souvent du chlorure de calcium) pour qu'ils absorbent l'humidité dans l'air ambiant. Certains absorbeurs chimiques (marques Rubson, Seko, AirMax by Uhu, etc.) sont rechargeables, d'autres durent plusieurs mois, et ils se déclinent en plusieurs tailles et couleurs, certains parfumés et d'autres aux lignes discrètes... Comptez 7 à 20 euros pour un absorbeur chimique, en fonction de sa capacité, et une 5 à 10 euros pour une recharge.

    - Les déshumidificateurs électriques

    Pour des pièces de grande surface ou de grande hauteur sous plafond, les absorbeurs chimiques sont vite saturés. On peut alors installer un absorbeur électrique, également appelé déshumidificateur (marques De'longhi, Murprotec, Qlima, Airasec, Rowenta, Olimpia Splendid, etc.).
    Installé contre un mur dans la pièce, il extrait l'air, le filtre et le débarrasse de l'excédent d'eau, pour rejeter un air à 50% de taux d'humidité - le taux auquel l'air intérieur est le plus sain et le plus agréable. Il faut vider régulièrement le bac dans lequel l'eau est condensée. Comptez une centaine d'euros pour un modèle d'entrée de gamme, et jusqu'à 500 euros pour les appareils sophistiqués.
    Mais bien d'autres techniques existent : injection de résine dans les murs, procédé électronique, géomagnétique des murs... Avant d'intervenir ou d'installer le moindre équipement, il est cependant vivement recommandé de faire réaliser un diagnostic complet de son logement par un professionnel spécialisé. Il permettra de choisir la solution adaptée aux spécificités du logement tout en tenant compte des habitudes de vie de ses occupants.
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