Réaliser une toiture végétalisée : tout ce qu'il faut savoir

    Publié le 7 juin 2022 par Lucien Brenet
    Les toitures végétalisées ne manquent pas d'atouts dans le contexte actuel de transition écologique, mais leur mise en œuvre requiert un savoir-faire spécifique. Maison à part revient sur les grands principes à prendre en considération pour réaliser une végétalisation pérenne.
    Entre une indispensable transition écologique et une meilleure prise en considération du vivant, le végétal s'impose et colonise petit à petit ce que l'on appelle souvent la cinquième façade de notre habitation, autrement dit la toiture.

    Une couverture végétale qui, sur une maison individuelle, présente de sérieux atouts que ce soit en termes de confort pour ses occupants ou d'accueil de la biodiversité. La toiture végétalisée est donc tentante. Cela dit, cet ouvrage de gros œuvre demande une attention particulière et le respect d'un certain nombre de règles.

    Toiture végétalisée : de nombreux atouts


    Qu'est-ce qui peut motiver un particulier à opter pour une toiture végétalisée ? "Tout d'abord, parce qu'elle revêt une fonction esthétique", note Sophie Rousset-Rouvière, déléguée générale de l'Association des toitures végétales (Adivet). Mais ce n'est pas l'unique raison, loin s'en faut. "Une toiture végétalisée rend des services écosystémiques".

    Primo, elle contribue au rafraîchissement de l'air via le phénomène d'évapotranspiration des plantes, et favorise donc la création des îlots de fraîcheur, même si l'effet attendu sur une maison individuelle sera moindre que sur la toiture d'un logement collectif, où les surfaces couvertes sont, de fait, bien plus importantes.

    Une toiture végétalisée permet également une meilleure gestion des eaux pluviales, puisqu'elle peut en absorber une partie. "En raison du réchauffement climatique, nous connaissons de plus en plus de périodes de sécheresse, rompues par des épisodes pluvieux intenses. Ce qui peut engendrer des problématiques de rejet des eaux. Une toiture végétalisée va venir temporiser, en faisant éponge et en restituant l'eau en différé et dans un moindre débit", explique Sophie Rousset-Rouvière.

    Sans compter qu'elle peut aussi embarquer des systèmes de retardateurs et de stockage temporaire. A noter toutefois, ces derniers signifient une augmentation de deux ordres : celle des frais d'installation et celle de la charge auquel le bâtiment est soumis - nous reviendrons sur ce point plus loin.

    Autre service écosystémique : la biodiversité. "Aujourd'hui, les citoyens sont de plus en plus sensibles à cette problématique. Végétaliser une toiture participe à l'installation d'une certaine biodiversité qui diffère en fonction des substrats (une base de minéraux et de matière organique, ndlr), qu'elle soit floristique ou faunistique...", détaille l'experte. Un toit végétal est aussi étroitement lié au concept de biophilie. Pour synthétiser, il s'agit là du besoin de l'homme d'être proche du vivant pour sa santé et son bien-être.

    Côté technique, une toiture végétalisée assure également une meilleure inertie thermique du bâti. Elle peut être installée sur tout type d'isolant admis sous étanchéité, comme la laine de verre ou de roche, ou encore le polystyrène extrudé (à condition qu'il réponde aux exigences des Règles professionnelles pour la conception et la réalisation des toitures et terrasses végétalisées)..

    Elle contribuera également à une meilleure absorption acoustique. "Sur une structure bac acier par exemple, elle permettra de réduire le bruit en cas de fortes pluies", indique Sophie Rousset-Rouvière. La pratique a également démontré que la couverture végétale prolongeait la durée de vie d'une étanchéité, le bitume et le PVC étant sensibles aux ultraviolets, ainsi qu'aux efforts mécaniques dus aux dilatations/rétractations.

    Toiture végétalisée : les précautions à prendre


    Il n'y a pas à proprement parler de document technique unifié (DTU) pour les toitures végétalisées dont l'épaisseur du substrat n'excède pas 30 cm (au-delà, c'est le DTU 43.1 qui s'applique). Cependant, au moment de la mettre en œuvre, l'entrepreneur sélectionné devra suivre scrupuleusement les Règles professionnelles validées par les instances compétentes. Celles-ci sont consultables sur le site de l'Adivet.

    Ces règles décrivent les techniques courantes à respecter, prérequis pour que l'entrepreneur puisse inscrire dans la décennale son intervention sur toiture végétalisée. Petite précision : le gros œuvre est également couvert par la garantie de parfait achèvement, et la garantie biennale de bon fonctionnement.

    "Il est préférable que le particulier maître d'ouvrage consulte ces règles professionnelles pour s'en imprégner", souligne la déléguée générale. Cela dit, ils devront s'en remettre à l'expertise de leur artisan, qui est censé connaître ces règles. D'où l'importance de bien choisir son professionnel ! Ne pas hésiter à faire fonctionner le bouche-à-oreille et à regarder les réalisations des artisans. Penser également à établir plusieurs devis pour comparer les prestations et, comme toujours, se méfier de ces professionnels qui défient toute concurrence.

    Quel type de toiture végétale choisir ?


    Reste ensuite à décider le type de toiture végétalisée à mettre en œuvre. Sur ce point, la capacité de charges de l'élément porteur est essentielle. C'est, en effet, le calcul de celles-ci qui va déterminer ce qu'il est possible de poser ou non.

    L'élément porteur doit supporter une charge comprise entre 80 à 600 kg/m². "Le complexe de végétalisation est composé d'un drain, d'un filtre, du substrat et de la couche végétale. La charge étant calculée en capacité maximale en eau", détaille Sophie Rousset-Rouvière. Ce calcul doit également prendre en compte les charges d'exploitation (charges d'entretien ou climatiques).

    D'une manière générale, une toiture végétalisée dans un projet de rénovation sera forcément plus contrainte que dans un projet neuf, où celle-ci est pensée et intégrée dès la conception du projet.

    Une fois le calcul effectué, et selon les résultats, plusieurs options sont possibles. Attention, "c'est l'épaisseur du substrat qui détermine la typologie de la végétalisation", rappelle Sophie Rousset-Rouvière.
    • De 4 à 12 cm d'épaisseur, on parle de toiture végétalisée extensive. Il est ici possible de planter pas moins de 400 espèces de sédums et quelques plantes vivaces ou à bulbes, qui ne manqueront pas d'attirer les polinisateurs et de conférer un réel atout esthétique à votre logement.
    • De 12 à 30 cm, on parle de toiture végétalisée semi-intensive, qui pourra accueillir davantage de variétés, mais aussi des arbustes, dont les plantes à baies.
    • Au-delà de 30 cm de substrat, il s'agit d'une toiture terrasse intensive ou jardin. Il est possible d'y planter des arbres (attention ici à veiller à la charge des sujets lorsqu'ils seront matures). Pour des questions de charges, ce type de toiture n'est traditionnellement mis en œuvre que sur une structure béton.
    Quelle qu'en soit l'épaisseur, une bonne toiture végétalisée doit s'accompagner d'une étanchéité performante et adaptée, c'est-à-dire traitée anti-racines. Sans oublier, également, une couche drainante afin de rediriger les eaux de pluie vers les systèmes d'évacuation et les gouttières extérieures, ainsi qu'un filtre pour éviter le colmatage des évacuations d'eaux pluviales.

    Entretenir sa toiture végétalisée


    Comme tout jardin, une toiture végétalisée s'arrose et s'entretient ! Il est tout à fait possible d'y installer des asperseurs (système d'arrosage tournant), un goutte-à-goutte ou bien encore une natte d'irrigation en sous-face.

    "Il faut un point d'eau à maximum 30 mètres de distance" prévient Sophie Rousset-Rouvière. "Même lorsque la toiture accueille des plantes rustiques, les Règles professionnelles établissent un contrôle au-delà de trois semaines sans une seule goutte de pluie !" Dans l'arc méditerranéen, les règles professionnelles obligent ainsi à arroser régulièrement.

    Autre point essentiel pour assurer la réussite de la végétalisation, il faut replanter en cas de mauvaise reprise des végétaux et retirer les plantes indésirables. "Il est également nécessaire de vérifier que les évacuations d'eau pluviales ne sont pas encombrées par des déchets végétaux. Idem pour la zone stérile au pourtour de la toiture", ajoute la spécialiste.

    En ce qui concerne l'entretien et la maintenance, il faut compter entre 2 à 3 passages (végétalisation extensive) et 3 à 6 passages (végétalisation semi-intensive) annuels pour s'assurer que tout est en ordre. Pas d'inquiétude : un professionnel peut s'en charger. L'Adivet recense d'ailleurs les entreprises compétentes sur toitures végétalisées.

    Très variable d'une toiture à l'autre, le budget dépendra lui de la configuration, de l'accessibilité, ou encore de la nécessité de refaire ou non l'étanchéité.
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