Prêts immobiliers : les conseils de l'AFUB

    Publié le 4 octobre 2007 par Propos recueillis par Pauline Polgar
    Envie d'acheter, besoin d'emprunter. Mais comment trouver son prêt ? A quoi faut-il faire attention ? Pour éviter pièges et mésaventures, Jacques Poindron, juriste et porte-parole de l'Association française des usagers de banques (AFUB) nous conseille.
    Maison à part : Comment trouver un prêt immobilier aux meilleurs avantages ?
    Jacques Poindron : Il est nécessaire de définir tout d'abord ce que l'on veut et sur quelle durée on est prêt à s'engager. Pour trouver le meilleur taux, il faut ensuite effectuer le tour des offres, contacter l'ensemble des établissements et faire jouer la concurrence. Sélectionnez la proposition la plus intéressante par sa nature et par le taux, sans oublier de regarder les indemnités de remboursement demandées et les assurances complémentaires nécessaires. A chaque fois, téléphonez à l'établissement prêteur et ne vous déplacez pour un rendez-vous que s'il y a un écho positif. Notre site internet offre un observatoire des taux auquel le particulier peut se référer pour se faire une idée sur les offres.
    La différence sur les offres de prêt se jouant notamment sur les délégations d'assurances, il s'avèrera avantageux de s'attacher les services d'un courtier. Son efficacité pourra notamment être démontrée sur ce point, plus que sur le taux lui-même.
    Dans tous les cas, si vous voyez que l'assurance demandée est supérieure à 0,6 % du prêt- elle est habituellement autour de 0,3% - c'est un surcoût excessif.
    Enfin et surtout : ne vous contentez pas des affirmations verbales de l'établissement prêteur ! Il faut aller au bout de l'investigation pour chacun. L'erreur est qu'une fois une réponse positive acquise, vous laissiez tomber les autres. Pourquoi ? Parce que souvent la personne qui vous a répondu, un employé de banque par exemple, n'est pas décisionnaire de l'obtention du prêt. Ce sont les comités d'engagement dans les établissements bancaires par exemple, qui valident la distribution du prix. Rien n'est donc fait !
    MAP : A quoi faut-il faire particulièrement attention lorsque l'on contracte un prêt ?
    J.P. : Le maître-mot est anticiper. Anticiper sur sa vie professionnelle : nous conseillons aux personnes de souscrire une assurance perte d'emploi. Veillez surtout à la réalité de cette garantie : il ne faut pas qu'elle n'engendre qu'une simple suspension du paiement des traites.
    Anticiper également les difficultés de famille, sur votre vie conjugale. Il se signe beaucoup de contrat à deux. Or on ne sait jamais ce qu'il peut arriver. En cas de problème, la seule manière de s'en sortir est de revendre le bien, mais il faut rembourser le prêt. Il est donc nécessaire de négocier au moment de la signature du prêt une dispense d'indemnités de remboursement pour le cas par exemple où l'on vendrait pour cause de séparation des emprunteurs.
    MAP : Quelles informations doit-on donner à l'établissement prêteur ?
    J.P. : Il faut savoir qu'il y a très peu de dérives enregistrées sur ce type de crédit (contrairement à ce que l'on peut voir dans le cadre des crédits à la consommation). En cas de demande de crédit immobilier, le prêteur a le droit de demander tous les éléments qui lui permettent de juger de la solvabilité de son client, c'est-à-dire ses fiches de paie, l'état de son endettement, etc. Mais en aucun cas, il ne peut avoir des éléments d'informations sur sa fratrie, si ses parents sont propriétaires, son plan de carrière ou le cautionnement d'un parent !
    MAP : Pour ce qui est des assurances, comment choisir entre une assurance mutualiste ou une hypothèque ?
    J.P. : Les analyses montrent que dans l'immédiateté, la mutualiste coûte plus cher. Le privilège du prêteur de deniers le moins. Mais cela se négocie avec la banque. Le cautionnement mutualiste est peut-être plus coûteux mais il se révèle moins cher si le crédit se passe sans incident. Mais nous préférons l'hypothèque.
    Maison à part : Pourquoi cela ?
    J.P. : Trop souvent, le cautionnement mutualiste est présenté par les professionnels comme plus avantageux. Or, ceci n'est pas exact : au moment de sa souscription, son coût est supérieur le plus souvent aux frais correspondant à une hypothèque. Alors même qu'à ce moment, bien souvent l'emprunteur a des besoins financiers importants et ne peut se permettre de dépenses excessives.
    Surtout, l'usager croit bien souvent que le cautionnement est un moyen de se protéger en cas de difficulté de paiement de ses traites. Or, c'est là encore une idée erronée, car en ce cas, on risque tout autant une saisie immobilière ! Puisque la société de cautionnement qui paie la banque se retourne en même temps contre l'emprunteur… En tout état de cause, le cautionnement est légèrement plus cher que l'hypothèque, et c'est notamment une raison qui conduit à privilégier cette dernière.
    Taux fixe, taux variable, crise des subprimes... Est-il raisonnable d'emprunter actuellement ? Cliquez sur suivant pour la suite de l'interview.
    Prêts immobiliers : les conseils de l'AFUB

    Interview de Jacques Poindron (suite)

    jacques poindron afub
    jacques poindron afub © Jacques Poindron, AFUB - DR
    Taux fixe, taux variable... Quelle différence ? Est-il raisonnable d'emprunter actuellement ? La suite de l'interview de Jacques Poindron.
    MAP : Il est souvent proposer un taux fixe ou un taux variable, qu'est-ce que cela veut dire et que faut-il choisir ?
    J.P. : Avec un taux fixe, le taux et la durée du prêt ne bougent pas. Le taux est fixé par la Banque de France. On sait à quoi l'on s'engage. A l'inverse du taux variable, avec lequel l'établissement prêteur peut, par une clause prévue au contrat, faire varier soit la durée du prêt, soit le taux, soit un mix des deux en fonction de la conjoncture. Avec le relevé des taux à la Banque de France, aujourd'hui la différence entre les deux formes de prêts est très faible, le taux variable ne se justifie pas.
    Pourtant en 2006, 35 % des crédits sont souscrits à taux variables et en 2007, le chiffre sera sûrement plus important. Et le gros risque est que l'indexation est très volatile. Actuellement les taux grimpent, donc l'endettement des ménages s'aggrave puisque leurs salaires, eux, ne s'alignent pas à cette inflation. Les prêteurs ont donc tendance à proposer un taux variable car ils craignent cette remontée des taux. Nous allons faire une alerte sur ce point. Aujourd'hui, avec le contexte actuel, il faut avoir le réflexe de refuser l'indexation.
    MAP : Et puis il y a également le risque de faillites en série, comme on peut le voir aux Etats-Unis ?
    J.P. : Ce qui arrive aux Etats-Unis ne devrait pas arriver en France. Car ici, le rallongement des prêts prime en cas de réévaluation des échéances. Dans ce cas, le surenchissement ne vise pas directement le pouvoir d'achat. En revanche, les contrats avec augmentation de la traite sont surtout ceux dont il faut se méfier. Conclus au plus bas taux, ils vont voir leur paiement réévaluer à la hausse. Ce qui entraînera des difficultés à l'emprunteur. Pour s'en sortir, son seul moyen sera la revente mais si le marché a baissé… C'est ce qui est arrivé en 1990 : le marché a baissé d'un seul coup de 20 à 30% et il y a eu des faillites immobilières en série en 1995.
    Aujourd'hui près de 60 % des crédits conclus sont à taux fixes. Il faut toujours se rappeler que le prêteur est un « loueur d'argent », son objectif est de vous le prêter. Actuellement, il n'y a pas de blocage possible.
    Attention, il ne faut pas non plus exagérer ! Dans la plupart des crédits souscrits pour une vingtaine d'année, il est toujours prévu un réajustement au bout de 10 ou 15 ans. En pratique, c'est incontournable. Mais réajustement au bout de 15 ans n'est pas variabilité.
    MAP : Est-il raisonnable d'emprunter actuellement ?
    J.P. : C'est l'anticipation dont je parlais. Le plus important est que la démarche de prêt ne doit pas conduire à l'endettement. Face à une situation où le marché immobilier grimpe, face à un taux d'intérêt également en hausse, il faut se poser les bonnes questions, à savoir : est-ce que j'ai intérêt à être primo-accédant ? Est-ce que la traite équivaut à un loyer ? Si elle est supérieure, le sacrifice n'est-il pas plus grand que la satisfaction d'être propriétaire ? Il faut se rappeler que l'on emprunte sur 25 ans ! Et sur un très long terme, il va falloir faire face à de nombreuses dépenses supplémentaires : des charges, une nouvelle toiture… Tout en continuant à payer les traites. Est-ce que cela en vaut la peine ? Là encore il faut anticiper ces dépenses !
    Retrouvez l'AFUB sur son site internet (le lien sera fait directement http://www.afub.org)
    Et notamment son observatoire des taux (http://www.afub.org/observat.php)
    Interview de Jacques Poindron (suite)
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