Papier peint inspiré des chiliennes, ces tissus en coton à motifs floraux du 18e siècle © Pierre Frey
PORTRAIT EN IMAGES. Lauréate des Grands Prix de la création de la Ville de Paris dans la catégorie "révélation", la
peintre ornemaniste Lucille Boitelle mêle finesse du trait et puissance évocatrice des éléments naturels pour créer des motifs décoratifs uniques. Entre souvenirs d'enfance, recherche artistique et travail de la matière, elle nous ouvre les portes de son atelier.
Enfant sage, Lucille a grandi à Reims puis en Picardie, en ville puis à la campagne, affûtant au fil des années son sens de l'observation. "
L'avantage des enfants sages, c'est qu'on a tendance à les oublier dans un coin", confie-t-elle. Des pinceaux, des crayons, du papier, Lucille pouvait dessiner, dans son monde, pendant des heures. "
Très tôt, mes parents m'ont encouragée à avoir une culture artistique, à intégrer les pratiques culturelles pour enrichir la vie de tous les jours."

Lucille Boitelle, lauréate des Grands Prix de la création de la Ville de Paris dans la catégorie "révélation" © Alexis Vettoretti
Lorsqu'elle envisageait son avenir, Lucille voulait, un jour, être bergère, un autre botaniste, toujours ce lien indéfectible avec la nature… Elle sera finalement
peintre ornemaniste. Passée par l'École supérieure d'arts appliqués et textile à Roubaix, avant de suivre un master en design industriel à Marseille, Lucille Boitelle a ensuite l'opportunité de faire un stage chez Kenzo. "
La création d'une collection dans la mode, c'est une ambiance folle, ça va très vite, on ne compte pas ses heures. Il y a aussi beaucoup de rigueur", témoigne-t-elle.
Cinq ans chez Pierre Frey
A la sortie des études, elle décroche un poste de dessinatrice au studio textile de la maison Pierre Frey. Durant près de cinq ans, elle apprend auprès de ses pairs les ficelles du métier et développe un goût particulier pour ce savoir-faire. "
J'ai beaucoup appris sur le tissage du fil, la teinture, etc. J'ai aussi pu avoir accès aux archives de la maison, qui sont une mine d'or en termes de techniques et d'inspiration."
L'envie de créer son propre studio
En 2017, elle décide de sauter le pas en créant son propre studio. "
Il faut sans doute un peu de folie, de naïveté aussi pour se lancer dans ce type de projet. Les quatre premières années ont servi à me rôder pour me faire connaître, établir mon positionnement, bien m'entourer. Je me suis d'ailleurs fait accompagner par les Ateliers de Paris", indique Lucille Boitelle avant de poursuivre : "
Il faut trouver sa place. J'aime pour ma part travailler sur des végétaux, les maximiser, jouer sur les textures, raconter une histoire qui m'a touchée."
Découvrez dans les pages suivantes, en images, les créations de Lucille Boitelle.
Lucille - Pierre Frey
Lucille - Pierre Frey © Pierre Frey
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Ce papier peint a été imaginé en 2022 sur la thématique des arbres de vie que l'on pouvait trouver sur les chiliennes, ces tissus en coton à motifs floraux du 18e siècle. On peut notamment voir le mimosa en référence à Marseille. J'ai d'abord dessiné un croquis à un tiers de l'échelle finale, peint à l'acrylique, qui a l'avantage de sécher rapidement et d'avoir de la texture", explique Lucille Boitelle.
Lucille - Pierre Frey
Adachi - Casamance - Lucille Boitelle, la nature comme inspiration pour des décors d'exception
Adachi - Casamance © Casamance
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Adachi est une commande où l'on m'a demandé de travailler sur le thème du jardin japonais, un sujet très large. N'étant jamais moi-même étant allée au Japon, je me suis beaucoup documentée pour ne pas donner à voir exclusivement la vision d'un Occidental. Les premières esquisses ont été réalisées au fusain avec trois éléments principaux que sont le ciel, l'eau et la terre. Ensuite, j'ai peint séparément les différents plans pour pouvoir réaliser facilement les modifications demandées", indique Lucille Boitelle.
Adachi - Casamance - Lucille Boitelle, la nature comme inspiration pour des décors d'exception
The ochard - Les Dominotiers
The ochard - Les Dominotiers © Les Dominotiers
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Pour ce motif représentant des oliviers, je me suis inspirée des dessins de la Renaissance italienne où l'on pouvait voir des fruits entourés de rubans sur lesquels étaient mentionnés les noms des personnes à qui l'œuvre était destinée ou des messages destinés à apporter la bonne fortune."
The ochard - Les Dominotiers
Clématites - Étamine - Lucille Boitelle, la nature comme inspiration pour des décors d'exception
Clématites - Étamine © Étamine
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Pour les Clématites, on est proche des découpages d'Henri Matisse avec un travail de simplification de la forme. D'ailleurs, reconnaît-on vraiment les clématites au final ? Je n'en suis pas certaine. Les motifs ont été imprimés sur du gros lin. Nous avons réalisé quantité de tests sur les couleurs, celui-ci n'est pas sans rappeler l'esprit méditerranéen", conclut-elle.
Clématites - Étamine - Lucille Boitelle, la nature comme inspiration pour des décors d'exception