g Qu'est-ce que la technique du "cool roof" ?
 

    Qu'est-ce que la technique du "cool roof" ?

    Mis à jour le 16 février 2024
    Date de publication et auteurs
    Publié le 15 février 2024 par Lucien Brenet
    FICHE PRATIQUE. Le terme "cool roof" désigne un type de revêtement de toiture conçu pour réfléchir la lumière du soleil et absorber moins de chaleur par rapport aux toitures conventionnelles. Quels sont les avantages et les inconvénients de cette technique ? Comment savoir si elle est pertinente chez vous ? Explications.
    Recouvrir son toit d'une peinture blanche permet-il de protéger, au moins un peu, son logement de la chaleur ? La technique n'est pas nouvelle, elle est utilisée depuis très longtemps dans le pourtour méditerranéen ou encore en Amérique du Sud.
    Le "cool roof" consiste donc à recouvrir son toit d'un revêtement technique ou d'une membrane réfléchissante qui renvoie les rayons du soleil plutôt que de les absorber comme le ferait un toit sombre. "C'est ce qu'on appelle l'effet d'albédo. Le taux de réflectivité du blanc approche un indice de 90%, quand il descend à 50% pour une toiture grise et entre 5% et 10% pour une toiture noire", détaille Jean-Luc Roudaut, directeur technique et prescription chez Elevate, marque qui produit des membranes EPDM ayant des propriétés réfléchissantes.
    La société Cool Roof commercialise quant à elle des solutions et revêtements réflectifs. Anne-Cécile Le Dain, chargée de communication, explique : "la performance de ces revêtements se calcule par le pourcentage de rayonnement solaire réfléchi et l'émissivité thermique - capacité du revêtement à ne pas stocker la chaleur. Ces deux indicateurs permettent de calculer l'indice de réflectivité solaire". Pour simplifier, plus cet indicateur est élevé, mieux c'est.
    Ces solutions permettent en principe de réduire la chaleur entrant par le toit de 4°C à 8°C avancent les acteurs du secteur, et semblent donc particulièrement préconisées pour améliorer le confort d'été.

    L'impact du "cool roof" en été

    Si la technique semble prometteuse : "Beaucoup d'approximations sont faites concernant le gain en confort d'été. Ce n'est pas la couleur du toit qui va faire la différence, mais bien l'isolation. Et l'effet d'albédo sera de fait moins impactant si la toiture est bien isolée", décrit Jean-Luc Roudaut. Mal isolé, le confort d'été ne sera de toute façon pas assuré, et la réduction de température par le toit sera finalement diluée, ou en tout cas, concentrée au niveau de la toiture. Ainsi, le "cool roof" peut être intéressant dans le cas où un bâtiment est moins bien isolé puisqu'il permettra de rafraîchir un peu sans avoir à engager de travaux d'isolation trop importants et coûteux, quand la fourniture et la pose d'une technique "cool roof" coûte environ 20 euros HT du m2. "Mais il ne faut pas s'attendre à perdre 10 degrés", prévient Jean-Luc Roudaut avant d'ajouter, "Il faut également prendre en considération la problématique des salissures, la pollution ou encore les fumées. En deux ans, une toiture perdra de sa réflectivité". Il faudra donc régulièrement la nettoyer.
    Le "cool roof" aura aussi un intérêt limité dans un logement neuf respectant les critères de la réglementation environnementale RE2020, a priori suffisants pour assurer un bon confort d'été. "Il y a beaucoup d'aspects qui assurent le confort d'été d'un logement. L'isolation avant tout, les brise-soleils, etc. Finalement, le cool roof est une solution qui peut venir en complément", fait remarque Jean-Luc Roudaut.

    Les effets du "cool roof" en hiver

    Il est primordial de prendre en considération que le toit blanc le sera toute l'année, hiver compris. Ce qui veut dire que, pendant les saisons froides, les effets bénéfiques des apports solaires pourraient s'en retrouver réduits. "Si vous vivez à Montpellier, le but consistera à réduire vos dépenses de climatisation en été. Donc le cool roof peut être intéressant. Au nord de la France en revanche, les apports solaires sont importants pour réduire les dépenses en chauffage", prévient Jean-Luc Roudaut.
    "En hiver, la perte est minime comparée au gain apporté en été. Oui, le cool roof peut refroidir le logement, mais uniquement si celui-ci est très mal isolé et ça n'a que peu d'incidence sur la facture de chauffage, car les rayons du soleil sont plus rasants en hiver avec une durée de jour moindre et vont plutôt taper la façade, la chaleur rentre donc moins par le toit", développe Anne-Cécile Le Dain.
    Le bureau d'étude thermique INCUB (externe à Cool Roof France) a réalisé une étude sur l'influence de cette technique et sur la réduction de la température dans les différentes régions. Selon les travaux d'INCUB, le cool roof est toujours favorable, avec des gains variables sur la consommation globale en énergie finale de 20,3% maximum dans le sud-ouest, et de 3,1% minimum en Bretagne.

    Les différents systèmes "cool roof"

    En France, cette technique est actuellement surtout utilisée pour des bâtiments commerciaux, ou des établissements recevant du public comme des supermarchés par exemple. Elle commence tout juste à se développer sur le marché de la maison individuelle.
    Le cool roof regroupe plusieurs systèmes. Il peut s'agir d'un simple revêtement réflectif, de tuiles émaillées, ou encore de membranes blanches ou teintées, EPDM ou TPO, du PVC ou bitume blanc.
    Concernant les seuls revêtements liquides, il convient de préciser que tous ne sont pas compatibles avec les systèmes d'étanchéité qui recouvrent les toits plats et qui, d'ailleurs, s'ils sont réflectifs, peuvent à eux seuls limiter la transmission de chaleur par le toit.
    Ce risque d'incompatibilité avait fait l'objet d'une communication de la Chambre Syndicale Française de l'Étanchéité qui avait énuméré les risques liés à la technique "cool roof", dans une vidéo : "Incompatibilité chimique entre la peinture blanche et la membrane d'étanchéité, risque de décollement de la peinture, remise en cause de la sécurité incendie, professionnels non formés aux conditions d'intervention pouvant entraîner des chutes, ou la détérioration de l'étanchéité."
    Cette affirmation sujette à controverse par les principaux acteurs du cool roofing, dont Cool Roof France puisque : "Notre revêtement est une acrylique aqueuse donc sans aucun danger pour l'étanchéité existante. C'est une contre-vérité manifeste qui induit le marché en erreur, car aucune preuve n'est apportée."
    Qu'est-ce que la technique du "cool roof" ?
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