Le nouveau barrage du Mont-Saint-Michel achève actuellement sa dernière phase de tests avant son inauguration. Retour sur la construction et le fonctionnement de cet ouvrage qui va bientôt devenir un élément indissociable du site.
  L'achèvement du barrage du Couesnon marque un tournant dans le désensablement du site du Mont-Saint-Michel. L'ouvrage hydraulique, dont la mise en fonctionnement officielle sera lancée à la mi-septembre, va permettre de désengorger les abords du Mont de l'ensemble de ses sédiments pour rendre au site son insularité. Une histoire maritime également rappelée par l'esthétique du barrage en forme de ponton de bateau et l'utilisation du bronze.
A chaque marée, pendant quatre à cinq heures, les huit vannes du barrage, de trente tonnes chacune, s'ouvrent automatiquement pour permettre 
"une augmentation d'environ 40 centimètres du niveau d'eau", explique François-Xavier de Beaulaincourt, directeur général du Syndicat mixte baie du Mont-saint-Michel. Le débit est régulé pour atteindre au maximum 100 m³ par seconde. A terme, c'est-à-dire d'ici à une vingtaine d'années, ce courant devrait permettre d'évacuer les 570.000 m³ de sédiments accumulés au large pour recouvrer un paysage semblable à celui de la fin du XIXème siècle. 
Un espace public 
Le barrage, réalisé par l'architecte Luc Weizmann, a aussi une fonction esthétique : 
"L'ouvrage est le plus minimal possible. Ses lignes ont été étudiées pour le maintenir encastré dans une certaine horizontalité et continuer ainsi de valoriser le mont vertical", indique-t-il. Ses 80 mètres de balcon maritime surmontés d'un pupitre de 60 cm de large offrent d'ailleurs une vue panoramique inédite sur la baie et le rocher. Les visiteurs pourront également 
"se promener et s'asseoir pour s'adonner à la contemplation". 
                
Barrage Mont-Saint-Michel © L C-M
  
Et pour que l'ouvrage hydraulique soit parfaitement intégré au lieu, il a été recouvert de bois et son pupitre, de bronze, un matériau souvent utilisé dans la marine, et gravé : 
"On retrouve les quatre alphabets grec, hébreu, latin et arabe qui rappellent le travail de traduction des livres des moines d'autrefois", précise Luc Weizmann. Le blason normand et celui des bretons, également présents renvoient, quant à eux, à la situation géographique du lieu tandis que les coquilles Saint-Jacques situées au deux extrémités rendent hommage aux pèlerins et, par extension, aux nombreux visiteurs du site passés et à venir...
          Ancien barrage - Mont-Saint-Michel : coup d'envoi du désensablement
          
  
    
    Mont-Saint-Michel © Syndicat Mixte Baie du Mont-Saint-Michel
   
    
 
Afin d'éviter que le rocher du Mont-Saint-Michel ne soit définitivement rattaché à la terre ferme, le Syndicat mixte de la baie a décidé de créer un nouveau barrage qui utilise la force des marées pour chasser les sédiments accumulés.
 
Ancien barrage - Mont-Saint-Michel : coup d'envoi du désensablement
         
        
        
          Nouveau barrage - Mont-Saint-Michel : coup d'envoi du désensablement
          
  
    
    Nouveau barrage © Syndicat Mixte Baie du Mont-Saint-Michel
   
    
 
Le barrage sur le Couesnon de près de 140 mètres de long pour 32 mètres de large permettra de retenir en son amont un volume de marée, et de générer des chasses réparties entre les deux nouveaux chenaux.
 
Nouveau barrage - Mont-Saint-Michel : coup d'envoi du désensablement
         
        
          Vannes fermées - Mont-Saint-Michel : coup d'envoi du désensablement
          
  
    
    Vannes fermées - Mont-Saint-Michel © L C-M
   
    
 
Concrètement, une heure avant la pleine mer, les vannes sont fermées. Le premier flot bute sur l'obstacle et les sédiments se déposent en aval du barrage.
 
Vannes fermées - Mont-Saint-Michel : coup d'envoi du désensablement
         
        
        
          Ouverture des vannes
          
  
    
    Ouverture des vannes - Mont-Saint-Michel © L C-M
   
    
 
Les vannes s'ouvrent 10 minutes avant la pleine mer et la marée enjambe le Couesnon en passant au dessus avec une eau très peu chargée en sédiments.
 
Ouverture des vannes
         
        
        
          Passage de la marée
          
  
    
    Passage de la marée - Mont-Saint-Michel © L C-M
   
    
 
La marée entre dans le Couesnon jusqu'à une cote limite pour ne pas inonder les terrains en amont. A l'équilibre des niveaux, les vannes disparaissent et les poissons migrateurs peuvent alors franchir le barrage.
 
Passage de la marée
         
        
        
          Fermeture des vannes
          
  
    
    Fermeture des vannes - Mont-Saint-Michel © Syndicat Mixte Baie du Mont-Saint-Michel
   
    
 
Au bout d'une vingtaine de minutes, les vannes se ferment stockant de 800.000 à 1.400.000 m³ d'eau. Les écluses à poissons, sur les côtés, restent ouvertes.
 
Fermeture des vannes
         
        
        
          Réouverture des vannes
          
  
    
    Réouverture des vannes - Mont-Saint-Michel © L C-M
   
    
 
Six heures après la pleine mer, les vannes sont progressivement rouvertes par en dessous, provoquant une chasse régulée.
 
Réouverture des vannes
         
        
        
          Fin du cycle
          
  
    
    Fin du cycle - Mont-Saint-Michel © Syndicat Mixte Baie du Mont-Saint-Michel
   
    
 
La chasse s'achève environ trois heures plus tard. Les vannes sont alors refermées et le cycle peut recommencer.
 
Fin du cycle
         
        
        
          Site aujourd'hui
          
  
    
    Site aujourd'hui - Mont-Saint-Michel © Syndicat Mixte Baie du Mont-Saint-Michel
   
    
 
En tout, 570.000 m³ de sédiments accumulés naturellement mais renforcés par la présence de l'homme devraient être évacués.
 
Site aujourd'hui
         
        
        
          Site après - Mont-Saint-Michel : coup d'envoi du désensablement
          
  
    
    Site après - Mont-Saint-Michel © Syndicat Mixte Baie du Mont-Saint-Michel
   
    
 
L'efficacité devrait être très forte les premières années. Mais ce n'est que d'ici 18 à 22 ans que le Mont recouvrira une situation géographique similaire à celle de 1880, c'est-à-dire entouré d'eau.
 
Site après - Mont-Saint-Michel : coup d'envoi du désensablement