RT 2012 : encore et déjà des polémiques

    Publié le 6 janvier 2010
    maison verte
    maison verte © MAP
    Alors qu'elle doit entrer en vigueur le 1er janvier 2013, la RT 2012 suscite d'ores et déjà des critiques, notamment de la part de l'Institut pour la Conception Environnementale du Bâti (ICEB) face au rapport déposé par deux députés de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et techniques. Détails.
    Les députés Christian Bataille et Claude Birraux, de l'OPECST, ont déposé un rapport sur les évaluations de la future réglementation thermique 2012, qui selon, l'ICEB "assure la pérennité du tout électrique et qui fait régresser les objectifs du Grenelle".
    Lourde accusation de l'Institut pour la conception environnementale du bâti, qui estime que ce rapport conduirait à du "surplace réglementaire, voire à de graves contre-performances énergétiques". Ainsi, l'ICEB pointe du doigt "une profonde méconnaissance des solutions passives", dont certaines d'entre elles sont directement "inspirées par les lobbies électriques ". Autre critique, l'ICEB dénonce la limite du calcul de consommation électrique aux "mêmes cinq usages (chauffage, ECS, climatisation, éclairage, ventilation, auxiliaires) que ceux de l'actuelle RT 2005 alors qu'on sait que la consommation réelle d'un bâtiment est de l'ordre du double de celle du calcul réglementaire du fait des consommations cachées non couvertes par la réglementation, et qui ne bénéficient , évidemment, d'aucun effort d'économie (éclairage et ventilation des parkings, ascenseurs, éclairage extérieur, bureautique, électroménager...)". De plus, en renonçant à soumettre les bâtiments tertiaires à des exigences de consommation, l'ICEB craint que cela ne conduise à "des gouffres énergétiques".

    Des coefficients erronés

    Les parlementaires ont également maintenu, dans leur rapport, le coefficient d'équivalence en énergie primaire de l'électricité à 2.58, ainsi que celui d'équivalence des réseaux chaleur, quelle que soit la part d'énergie renouvelable ou fatale brûlée, à 1. Pour l'ICEB, le maintien de ces coefficients est une erreur, et "pénalise toutes les énergies renouvelables issues de la biomasse et conduit à l'ineptie contre-performante consistant à privilégier un poêle à bois (...) plutôt qu'un réseau de chaleur bois (...) ".
    Enfin, au chapitre "confort d'été", l'ICEB aurait souhaité voire apparaître des solutions passives telles que la protection solaire, la surventilation nocturne..., mais le rapport de Christian Bataille et Claude Birraux préconise "d'équiper tous les logements d'un système à choisir entre puits canadien, pompe à chaleur réversible ou autre système de climatisation !", indique l'ICEB. Qui juge, vu le coût et les difficultés de ces systèmes pour les grands débits, que " c'est évidemment une prime à la PAC et à la climatisation".
    Il y a quelques semaines, le Comité de liaison Energies Renouvelables (CLER) émettait lui aussi des critiques sur ce rapport (lire ici).

    Quid du rapport?

    Lors des discussions parlementaires consécutives au Grenelle de l'environnement, les débats ont été particulièrement vifs sur le seuil de consommation d'énergie primaire que les constructions neuves devront désormais afficher. Un seuil dit "norme BBC", soit 50 kWh/m2/an, pour cinq usages, le chauffage, l'eau chaude, la ventilation, la climatisation et l'éclairage et applicable d'ici fin 2010 pour les bâtiments publics et fin 2012 pour les autres. Le député des Hauts de Seine, Patrick Ollier, avait ainsi déposé un amendement adopté en séance parlementaire, imposant le principe d'une modulation de ce plafond, pour mieux prendre en compte les spécificités, notamment de localisation, de chaque construction. Mais pour arriver à une performance énergétique des bâtiments optimisée, "comment moduler la règle pour mieux atteindre les objectifs ?". C'est tout l'objet du rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) demandé à la suite de ce vote, remis le 3 décembre dernier à l'Assemblée Nationale, par les députés Christian Bataille et Claude Birraux.
    Une modulation prenant en compte la localisation et la taille de la construction
    Ainsi, proposent-ils que ce seuil de 50 kWh/m2/an, soit modulé, dans un premier temps, selon le principe de localisation retenu par le label Effinergie. Ce dernier découpe en effet le pays en différentes zones climatiques auxquelles il applique des coefficients correcteurs. De même, la réglementation thermique devrait-elle, selon eux, prendre en compte la nécessité du confort d'été, soit la présence d'un système de climatisation. Ainsi, selon cette modulation, dans le nord et l'est de la France, les nouveaux bâtiments pourront par exemple, consommer jusqu'à 65 kWh par m2 et par an. Sur le pourtour méditerranéen, là où les hivers sont plus doux, la limite sera de 40 kWh par m2 et par an. A noter que la moyenne actuelle est d'environ 120 kWh par m2 et par an. La deuxième modulation proposée par les députés concerne d'autre part, la taille et la destination des logements, avec plus de contraintes pour les bâtiments à grande surface que pour ceux de petite taille.
    Les députés de l'OPECST rappellent enfin que le calcul de la performance véritable ne pourra se faire bien évidemment qu'a posteriori de la construction, donc que la réglementation doit recouvrir des objectifs et non définir des moyens contraints. "En proposant ces normes, nous incitons fortement au progrès technologique, afin d'inclure les solutions les plus performantes et leur diffusion rapide" rappelle Claude Birraux à l'Assemblée ce mercredi 9 décembre, lors de la séance des questions au Gouvernement. Nous incitons à arbitrer entre les solutions pour que ce soit la meilleure combinaison qui soit choisie." P.P.
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