Ma maison est fissurée : comment réagir et quelles solutions ?

    Mis à jour le 11 septembre 2023
    Date de publication et auteurs
    Publié le 19 décembre 2022 par Lucien Brenet
    TRAVAUX. De plus en plus de particuliers constatent l'apparition de fissures dans leur maison. Des dégâts souvent causés par les sécheresses qui se sont multipliées ces dernières années. Que faire si vous êtes concernés, et quelle est la marche à suivre pour y remédier ? Conseils.
    Depuis quelques années, les périodes de sécheresse s'enchaînent à un rythme effréné en France, et avec elles, le nombre de maisons fissurées. En cause, l'impact de ces conditions climatiques extrêmes sur les sols, et plus précisément ce que l'on appelle le retrait-gonflement des argiles (RGA). Selon la fédération des assureurs, les dégâts sur les bâtiments devraient être compris entre 1,9 milliard et 2,8 milliards d'euros en 2022. Et les choses ne devraient pas aller en s'arrangeant puisqu'en France, 54% des maisons individuelles sont situées en zone d'exposition moyenne ou forte au RGA.

    A quoi sont dues les fissures dans ma maison ?

    Les fissures d'une maison peuvent être dues à plusieurs facteurs : un principe constructif mal exécuté ; un vieillissement de la maison, comme une microfissure sur un enduit de façade ; ou à un phénomène de sécheresse entraînant un mouvement des sols.
    Selon leur localisation, les sols comportent plus ou moins d'argile. Et c'est bien cette matière qui pose problème. "L'argile est une éponge. Lorsqu'elle s'assèche elle perd de son volume, et à l'inverse elle gonfle une fois hydratée" explique Alain Negrou, Directeur général de Bat'Expert 34, un cabinet d'expertise en construction à destination des particuliers basé à Bézier (Hérault).
    En période de sécheresse, le RGA entraîne une rétractation des sols argileux et un gonflement au retour des pluies, ce qui peut entraîner des variations de volumes, des mouvements du sol et donc, des cassures dans le bâti.

    Quel risque représentent ces fissures ?

    "Les fissures dues à la sécheresse sont reconnaissables par leur forme en escalier ou en diagonale. Ce sont deux caractéristiques typiques", indique Alain Negrou. Si vous avez remarqué la présence de ces fissures chez vous, pas de panique, vous ne risquez rien dans l'immédiat.
    Cependant, il s'agit généralement de fissures dites actives, ce qui veut dire qu'elles évolueront dans le temps. Si le problème n'est pas traité, "cela peut entraîner des infiltrations d'eau, mais aussi de gros problèmes structurels, y compris sur la charpente. Et à terme, il peut y avoir un risque d'écroulement", prévient Alain Negrou.
     
    Quoi qu'il arrive, il est impératif de traiter ces fissures qui pourraient s'aggraver à la prochaine sécheresse. Le facteur temps est d'autant plus important que le processus d'indemnisation et de réparation est particulièrement long.

    Ma maison est fissurée, que dois-je faire ?

    Vous avez repéré des fissures suspectes ? Attention à ne pas brûler les étapes. "Dans un premier temps, vous devez contacter votre mairie. C'est elle qui recense tous les cas de fissures, et qui demande à ce qu'une zone soit classée en arrêté catastrophe naturelle sécheresse", précise Alain Negrou. Un prérequis pour se faire indemniser.
    Une fois l'arrêté publié au Journal Officiel, vous disposez de 10 jours pour contacter votre compagnie d'assurance et lui transmettre votre déclaration de sinistre. Attention ! Les arrêtés sortent souvent durant l'été. Même en vacances donc, n'oubliez pas d'effectuer votre déclaration auprès de votre assureur.
    La compagnie d'assurance va ensuite mandater un expert afin de juger de l'étendue des dégâts, et déterminer si oui ou non la sécheresse est responsable des fissures. Cependant, "il faut toujours un second avis afin d'obtenir une étude de sol qui conduit à une lettre d'acceptation de la compagnie", souligne Alain Negrou.

    En combien de temps puis-je espérer être indemnisé ?

    Compte tenu du contexte, de plus en plus de particuliers sont touchés par le phénomène. Ainsi les délais pour obtenir une étude de sol peuvent facilement dépasser six mois. "C'est scandaleux, car le particulier court potentiellement un risque. D'autant que les experts assurances font durer les procédures", estime Alain Negrou.
    Les entreprises étant débordées, il faudra encore compter plusieurs mois pour obtenir les devis. Ensuite, place aux travaux. "Une fois la première phase de travaux réalisée (ceux liés aux fondations ndlr), une phase d'observation d'un an débute afin de contrôler la stabilité de la maison. Ensuite seulement, une seconde phase de travaux est amorcée". Dans les conditions actuelles, le traitement d'un dossier peut facilement excéder les 5 ans prévient Alain Negrou.
     
    A noter qu'il existe plusieurs types d'études de sol. "Nous réclamons systématiquement une étude G5 dont le procédé est bien plus complet qu'une étude G2, souvent demandée par les compagnies d'assurance", détaille Alain Negrou pour qui, il ne fait aucun doute que les compagnies d'assurance "défendent leurs intérêts". Pour lui, "il ne faut pas hésiter à partir en procédure judiciaire si besoin".
    C'est ce qu'a fait Vincent*, en litige avec son assureur depuis maintenant 5 ans. Après avoir repéré des fissures suspectes dans sa maison, et un arrêté reconnaissant l'état de catastrophe naturelle sécheresse, il contacte sa compagnie d'assurance. "L'expert mandaté par l'assureur n'a même pas fait le déplacement. Il nous a seulement affirmé par téléphone que les fissures n'étaient pas dû au retrait et gonflement des argiles".
    Étant lui-même dans le secteur du bâtiment, Vincent s'interroge. Il décide finalement de consulter la plateforme Géorisques qui indique que sa maison est en zone risque RGA important. "Ce même assureur soutiendra le contraire quelques semaines plus tard lors d'une visite à domicile", ajoute-t-il. Il faudra l'intervention d'un expert judiciaire et d'une expertise indépendante pour qu'une étude de sol soit finalement réalisée, révélant que la maison repose effectivement sur une couche d'argile instable. "L'assureur nous a finalement fait une proposition d'accord que nous avons acceptée. Et maintenant, nous sommes partis pour encore deux ans de travaux", explique Vincent.
     
    A noter que les compagnies d'assurance proposent des entreprises partenaires pour la réalisation des travaux. Vous êtes en droit de refuser et de contacter des professionnels sélectionnés par vos soins.

    Comment réparer les fissures ?

    L'enjeu consiste ici à stabiliser la construction et limiter l'emprise de l'argile sur la maison. En fonction des désordres, de la nature du sol et de la nature de la construction, les travaux seront plus ou moins lourds.
    Il peut être question d'injecter des résines qui vont venir conforter les sols d'assise et combler les interstices dans l'argile. "Mais cette solution n'est pas durable", prévient Alain Negrou. La technique la plus efficiente, selon lui, consiste à renforcer les fondations en mettant en œuvre des micropieux implantés profondément dans le sol.
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